b sonneck a écrit :
Et là, j'en reviens toujours à cette intime conviction que la guerre franco-allemande de 1870-1871 a durablement installé l'Allemagne dans la hantise d'une revanche française, tenue pour inéluctable (Bismarck avait assez souvent accusé la France de la préparer) et contre laquelle il lui fallait se prémunir, au besoin en prenant les devants. Tout le jeu des relations diplomatiques en Europe a été fortement impacté, sinon conditionné, par la recherche effrénée d'alliances en vue du round suivant d'une affaire qui remontait à plus loin que 1870.
Certes la France préparait la revanche (et je ne crois pas qu’elle en faisait mystère), mais je pense que Bismarck allait au-delà de cette logique d’un affrontement inéluctable : pour lui, il s’agissait d’isoler la France, ce qui empêchait la constitution de blocs antagonistes et donc la guerre. Toute sa politique visait à cela, notamment en évitant d’entrer en concurrence avec la Grande-Bretagne. A partir de l’abandon de cette politique, effectivement on est rentré dans une logique de blocs et d’affrontement inéluctable. Est-ce que la guerre aurait pu être évitée si l’Allemagne avait poursuivi la politique de Bismarck pendant encore plusieurs décennies ? Bonne question...
b sonneck a écrit :
Dans un autre fil, j'avais évoqué une phrase dite en 1871 par Bismarck à l'ambassadeur français nommé par Thiers, dans laquelle il disait que l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine constituait une faute si on croyait que la paix signée à Francfort devait être définitive et durable. Il avait dit auparavant qu'il n'avait cédé à ses militaires qui voulaient Metz en plus de la Moselle, que parce qu'il ne pouvait pas garantir que la France ne referait pas la guerre.
Comme a dit un autre diplomate fameux, la parole a été donnée à l’homme pour qu’il déguise sa pensée. Que Bismarck tienne ces propos à un Français n’est sans doute pas anodin. C’est pourtant bien Bismarck, au sommet de son pouvoir, qui a été à la manœuvre pour élaborer les traités de Versailles et de Francfort, et dans ce que j’ai lu, je n’ai jamais vu qu’il ait beaucoup protesté contre cette annexion. S’il ne l’avait pas voulu, elle n’aurait probablement pas eu lieu. De plus, le traité doit se voir surtout dans le cadre du projet majeur de Bismarck qui est l’unité allemande. Dans ce cadre, créer un ennemi commun au moyen d’une annexion commune (la paix est signée après la proclamation de l’Empire et l’Alsace-Moselle constitue un territoire du Reich) est un bon moyen de supprimer toute velléité d’indépendance des Etats du Sud (Bade, Bavière…).
b sonneck a écrit :
Duc de Raguse a écrit :
Certes, il y avait un différend franco-allemand sur l'Alsace-Lorraine, mais ce n'est pas ce dernier qui a motivé les Anglais et les Russes à entrer en guerre contre les austro-allemands.
Je croyais que c'était l'Allemagne qui avait déclaré la guerre à la Russie, le 1er août 1914, et non l'inverse. Je me serais donc trompé...
Allons allons, après tout ce qui a été dit plus haut sur le mécanisme d’entrée en guerre qui ne peut pas se résumer à la chronologie des déclarations de guerre, ne faites pas semblant de jouer sur les mots…
Le fait que la Russie allait faire la guerre à l’Autriche pour défendre la Serbie n’était un mystère pour personne, c’est bien pour cela que le gouvernement autrichien a eu d’intenses échanges avec l’Allemagne lors de la préparation de l’ultimatum à la Serbie.
D’ailleurs, comme rappelé plus haut, c’est bien la Russie qui a mobilisé avant l’Allemagne.