Jean-Marc Labat a écrit :
Guillaume Ier veille à maintenir l'équilibre, ce qui n'est pas tous les jours aisé.
Si je suis en accord avec vous pour l'essentiel, là je ne le suis plus.
Il suffit d'un peu connaître Guillaume (prince, prince-régent puis roi). Il est dans une totale incapacité de s'occuper d'un équilibre quelconque vu qu'il entend la "politique" à la manière d'un militaire. Il est resté marqué par les guerres napoléoniennes et cette conclusion chaude que celui qui emporte la mise n'aura plus qu'à se servir en mode "conquérent". Et là, parfois, il laissera même un Moltke perplexe.
Je vous livre ceci -qui laisse songeur quant à l'homme-, post bataille Sadowa
[...
Guillaume se verrait bien entrer dans Vienne en vainqueur à la tête de ses troupes même s'il fallait pour cela prolonger la guerre ... (mais là où l'on approche le plus la psychologie de l'homme est ici) ...
Guillaume ne conçoit pas que le vaincu ne paie pas sa défaite de la perte de territoires ... l'Autriche ... devra céder à la Prusse ce qui lui reste de la Silésie et des morceaux substantiels de la Bohême etc.]
Là, le conflit est austro-prussien, je vous laisse donc imaginer dans le cadre d'un conflit franco-prussien où la France est mise à mal.
Réaction de Bismarck : "la sagesse commande non de se demander tout ce que l'on pourrait arracher à l'ennemi mais de ne viser que ce qui correspond à une exigence politique" (Bismarck à Manteuffel cité par A.O Meyer -
Bismarcks Kampf mit Österreich am Bundestag zu Frankfurt 1851-1859)
Citer :
Extrait : « (…) Mais, après avoir fait d’immenses sacrifices pour sa défense, l’Allemagne veut être assurée que la guerre prochaine la trouvera mieux préparée à repousser l’agression sur laquelle nous pouvons compter aussitôt que la France aura réparé ses forces et trouvé des alliés. C’est cette considération seule, et non le désir d’agrandir une patrie dont le territoire est assez grand, qui me force à insister sur des cessions de territoires, qui n’ont d’autre but que de reculer le point de départ...
Ce qui montre que Bismarck -encore- s'inscrit dans une certaine modération (son but, c'est de "faire l'Allemagne") mais avec en tête, un autre conflit qui s'inscrira dans un désir de revanche/récupération. En attendant, il faut une zone tampon, ceci fait plaisir aux militaires. Pour Bismarck, l'essentiel n'est pas là : la France est tombée dans le piège, il a son conflit, il a son Allemagne, le reste c'est cadeau aux "vieux désirs de pousser le vaincu" de certains dont son roi.
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