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Message Publié : 20 Mai 2021 8:02 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Localisation : région de Meaux
"Il ne faut pas imaginer le lycée de la république comme l'instrument d'un bouleversement social. Avant la guerre de 1914-1918, peu de républicains mettent en cause la séparation quasi étanche entre l'enseignement réservé aux élites le secondaire et le supérieur et celui destiné au peuple primaire supérieur, cours complémentaires et établissements techniques. L'idéal de l'ascension sociale du brillant élève de milieu modeste, reconnu par son instituteur et envoyé au collège communal ou au lycée, correspond certes à une réalité, mais une réalité marginale.

L'idée d'une accession massive de jeunes gens issus du peuple aux études classiques relève en effet, pour la majorité des responsables politiques, de l'utopie, voire du péril social. Ces gens instruits mais sans capital et sans relations pourraient ne pas trouver, dans la société, de place à la mesure de leur formation. La hantise du déclassement qui fabrique des asociaux et des révolutionnaires, leitmotiv de la pensée conservatrice en matière de politique éducative, n'épargne pas les républicains."

in l'Histoire n° 268, extrait d'article de PH. SAVOIE.

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Message Publié : 20 Mai 2021 10:44 
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Localisation : Alsace, Colmar
Il y a eut aussi un débat concernant la finalité de cet enseignement républicain. Certain parlaient d'Instruction Nationale, d'autres d’Éducation Nationale. La finalité de l'école était perçue différemment. Pour certains il s'agissait de former les ouvriers et les techniciens nécessaires à l'industrie, pour d'autres, il fallait donne au futur citoyen les outils nécessaires pour qu'il puisse exercer son devoir de manière éclairée. Donc, comprendre les débats et pourvoir décider en connaissance de cause pour qui il allait voter. Pour ce que j'en sais, Jules Ferry faisait partie du second groupe.

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Message Publié : 20 Mai 2021 11:26 
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Effectivement.
De même, penser que l'énorme majorité d'une société - pour parvenir à la "massification" opérée dans le 3ème quart du XXème siècle -, composée à l'époque encore de plus de 65% d'agriculteurs, devait passer par le système secondaire est totalement anachronique.
Il est clair que les voies d'accès à l'élite ne concernaient qu'une minorité - mais l'élite est elle-même minoritaire (sinon, par définition il n'y a plus d'élite) - des catégories modestes pour permettre à ces "couches nouvelles" de poindre. Cela dit elle a eu l'énorme mérite d'exister et de permettre une émancipation, toute relative fut-elle.

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Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 20 Mai 2021 14:58 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Inscription : 23 Avr 2008 9:32
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Localisation : région de Meaux
Duc de Raguse a écrit :
Effectivement.
De même, penser que l'énorme majorité d'une société - pour parvenir à la "massification" opérée dans le 3ème quart du XXème siècle -, composée à l'époque encore de plus de 65% d'agriculteurs, devait passer par le système secondaire est totalement anachronique.
Il est clair que les voies d'accès à l'élite ne concernaient qu'une minorité - mais l'élite est elle-même minoritaire (sinon, par définition il n'y a plus d'élite) - des catégories modestes pour permettre à ces "couches nouvelles" de poindre. Cela dit elle a eu l'énorme mérite d'exister et de permettre une émancipation, toute relative fut-elle.


Je suis d'accord, tout le monde n'a pas la capacité, ni le goût pour poursuivre des études supérieures. Même en en ayant les moyens, il est tout à fait possible que le paysan un peu aisé ne souhaite voir ses fils (et que dire des filles) partir au lycée. Néanmoins, on aurait pu retirer ce verrou "financier" pour permettre à ceux qui le souhaitent et le peuvent de tenter leur chance sans dépendre de l'octroi parcimonieux des bourses. Mais je pense que l'idée n'était pas de favoriser un trop large accès aux enfants du peuple, même capables et méritants. Le lycée n'était pas réservé aux meilleurs mais d'abord à ceux qui avaient les moyens.

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Message Publié : 20 Mai 2021 16:15 
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Localisation : Provinces illyriennes
Cela dit, une forte majorité des instituteurs (pas forcément passés par le lycée) d'après 1882 étaient issus de ces "enfants du peuple".

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Message Publié : 20 Mai 2021 17:47 
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On a fait le reproche - justifié - à la Troisième République d'avoir tardé sur les lois sociales. (il faut tout de même attendre 1936 pour voir la première semaine de congés payés, ce qui rétrospectivement parait bien tardif.)

En revanche, la loi sur la scolarité obligatoire a l'immense mérite de poser immédiatement une barrière au travail précoce des enfants.

Citer :
Seule la scolarité obligatoire mettra fin au travail des jeunes enfants (Loi jules Ferry en 1882) ; un système de compensation du manque à gagner pour les parents dû à l’interdiction du travail des enfants et à leur scolarisation sera mis en place très progressivement , il s’agit du dispositif intitulé « allocations familiales ». La loi Ferry de 1882 organise ainsi l’enseignement primaire obligatoire et laïc pour les enfants de 6 à 13 ans. Cette loi fut renforcée en 1892, les enfants étant obligés d’obtenir leur certificat d’étude (vers 12-13 ans) pour pouvoir travailler .

http://collectifpop.fr/1882-linterdiction-travail-enfants-lecole-gratuite
(on y lira avec intérêt le poème de Victor Hugo sur l'exploitation des jeunes enfants.)

Même si dans les faits elle laissera encore trop de tolérance, faute d'une inspection du travail solide dans les usines (l'obligation du certificat d'études, citée ci-dessus, est un voeu pieux, et d'abord parce que tout le monde ne réussissait pas à l'obtenir : il faut se pencher sur le niveau exigé...) et compte-tenu du nombre d'enfants encore requis à la ferme en début d'été, mais dans l'ensemble, là aussi il faut mesurer d'où l'on venait.

En cherchant un peu je suis tombé sur ce petit historique, avec pour point de départ l'esclavagisme pur et simple :
Citer :
L’anecdote se déroule dans les années 1800 : aux manufacturiers anglais venus lui réclamer une baisse d’impôt, le Premier ministre, William Pitt, répond : « Prenez les enfants ! »

Lorsqu’en 1877, l’historien Jules Michelet rapporte ce « mot terrible », plus d’un demi-siècle s’est écoulé. Face au caractère intolérable des conditions de travail qui sont imposées aux enfants, de premières réglementations voient finalement le jour durant ces premières décennies du XIXe siècle. Le travail est interdit aux enfants de moins de 8 ans. Les réglementations sont ensuite renforcées à plusieurs reprises. Mais seuls les progrès techniques et la nécessité de former les ouvriers, couplés aux nouvelles lois scolaires, viendront véritablement à bout du travail des enfants.

C'est sur un site .gouv.fr qu'on peut donc raisonnablement considérer fiable... :wink:
https://www.gouvernement.fr/partage/10938-premiere-loi-en-france-limitant-le-travail-des-enfants-employes-dans-les-manufactures-usines-ou

Donc cela dit, j'admets qu'on trouve trop tardives ou mesquines les mesures permettant l'accès au secondaire - ça me parait même être un problème pour l'enseignement technique et le développement de l'industrie après la Grande Guerre - mais si on examine les choses à la date de proclamation de la loi de Jules Ferry, l'urgence n'est pas là.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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