Je ravive un vieux post pour mon éphéméride du jour :
24 mai 1873, il y a 150 ans, le maréchal Patrice de Mac-Mahon, duc de Magenta, est élu à la présidence de la République avec pas moins de 300 voix sur 392 députés. Une loi de novembre suivant fixera à 7 ans le mandat présidentiel, instaurant ainsi le septennat présidentiel jusqu'au référendum de septembre 2000 qui instaura le quinquennat. Les circonstances de l'instauration du septennat sont ben connues : Mac-Mahon, élu à la place de Thiers, demanda, dans un message à l'Assemblée nationale, qu'elle fît don au pays « d'un pouvoir exécutif durable et fort, qui prenne souci de son avenir et puisse le défendre énergiquement » . Les députés y consentirent : les pouvoirs du Maréchal furent prolongés de sept ans, à titre personnel.
D'où venait ce chiffre ? Rien de sacré, ici, nul nombre d'or, mais bien plutôt le résultat d'un compromis après marchandage. Les bonapartistes, par la voix de Rouher, jadis ministre de Napoléon III, souhaitèrent que l'Assemblée se contentât de se prolonger trois ans, en conservant le système provisoire en vigueur. « 18 et 3 font 21 ! » , s'écria un monarchiste, et cette allusion à la majorité du prince impérial, qui devait survenir en 1876, fut comprise de tous. « Mieux vaut, en tout cas , répliqua un zélateur de «Napoléon IV», attendre une majorité qu'une mort. »
Les orléanistes, favorables au comte de Paris, avaient en effet demandé dix ans, dans l'idée de patienter jusqu'à la disparition du prétendant légitimiste, le comte de Chambord, qui venait de s'éliminer du jeu en refusant de renoncer au drapeau blanc et qui n'avait pas de descendant. Un mot circula chez les royalistes, resté fameux : « Puisque Dieu ne lui a pas ouvert les yeux, attendons qu'il les lui ferme. »
Quant aux républicains, ils souhaitaient cinq ans, durée qui devrait leur permettre juste prévision de s'assurer, conformément à la sage stratégie de Gambetta, la majorité dans le pays.
L'accord se fit sur le chiffre sept. Les républicains votèrent contre mais se réjouirent in petto de la promesse d'une prochaine Constitution et que le chef de l'État vît son titre de président « de la République » confirmé.
L'étape suivante fut celle du célèbre amendement Wallon, adopté à une voix de majorité le 30 janvier 1875. Il disposait que le septennat devenait non plus seulement personnel, attaché à la personne du Maréchal, mais institutionnel.
Il est à noter que depuis son instauration, le septennat a été plus souvent interrompu qu'achevé !
_________________ Le passé change parce que nous changeons
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