Duc de Raguse a écrit :
Wilson fut un protagoniste plus convaincu, que lui, du démantèlement de l'empire d'Autriche-Hongrie, au nom du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Vision traditionnellement donnée de Wilson mais qu'il faut nuancer. Dans son discours au Congrès, le 5 décembre 1917, Wilson déclare qu'il faut libérer les peuples d'Autriche-Hongrie, de Bulgarie et de Turquie de l'emprise de l'Allemagne :
"Nous voulons les libérer de l'hégémonie arrogante des Allemands. Mais nous ne souhaitons pas détruire l'Autriche. Ce qu'elle veut faire de sa vie ne nous regarde pas."
Quant aux quatorze points (8 janvier 1918), concernant l'empire austro-hongrois, l'article 9 préconisait juste une rectification des frontières italiennes et l'aricle 10 déclarait
"Aux peuples de l'Autriche-Hongrie dont nous désirons sauvegarder et assurer la place parmi les nations doit être accordée la plus grande latitude pour leur développement autonome." ce qui était conforme aux vues britanniques et ne choqua nullement Vienne puisque le terme "autonome" entrait pleinement dans le désir de l'Empereur Charles de "libéraliser" l'Empire et de desserrer l'emprise hongroise.
Dans une lettre à Charles, du 18 octobre 1918, Wilson espère encore sauver la double monarchie en mettant sur pied un projet de fédéralisation de l'empire.
En fait, il me semble que c'est l'attachement rigide des Alliés aux traités signés avec l'Italie, la Serbie et la Roumanie durant la guerre et leur engagement aux côtés des émigrés tchèques en 1917-18 qui ont rendu inéluctable le démantèlement de l'empire austro-hongrois (sans parler de l'attitude trouble du comte Czernin dont Charles aurait dû se débarrasser beaucoup plus tôt).
Bien sûr, Clémenceau n'a pas levé le petit doigt pour l'Autriche, bien au contraire...et les négociations entreprises par la double-monarchie auprès de Paris n'ont pas reçu une oreille favorable mais, à la décharge du Tigre, les discussions entreprises par le prince Sixte de Bourbon-Parme, envoyé de l'Empereur, de mars à mai 1917 - qui auraient pu mener à une paix séparée de l'Autriche - avaient également échoué et Clémenceau n'avait alors pas encore les rênes puisque c'était sous le ministère Ribot (mars-septembre 1917).