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Message Publié : 28 Fév 2020 1:50 
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Jean Froissart
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Au printemps 1863, l'armée fédérale du Potomac se remet difficilement du désastre qu'elle vient de subir à Chancellorsville, sans compter, en décembre 1862, ses attaques inutiles et meurtrières face aux collines de Fredericksburg.

L'armée confédérée de Virginie du Nord est au mieux de sa forme, malgré la perte de Stonewall Jackson, son meilleur commandant de corps d'armée, qui a été blessé à mort, en plein combat, par ses propres hommes.

La situation politique reste bloquée.

Pour que l'Union admette une fois pour toute la sécession des Etats confédérés, une victoire militaire est essentielle.

Le général Lee propose alors, au printemps, un projet d'offensive audacieuse et dangereuse : toute l'armée de Virginie du Nord et ses 75 000 hommes vont dégarnir la ligne de protection de la capitale sudiste, Richmond.

Cette armée va, en entier, contourner par l'ouest l'armée fédérale et s'engouffrer dans le Maryland, puis la Pennsylvanie. Elle passera pour se faire à l'ouest des "blue hills", les collines bleues, mettant ainsi ces collines entre elle et l'armée du Potomac, afin de masquer son mouvement.

Elle arrivera alors au nord de Washington.

Les fédéraux n'auront d'autre choix que de suivre cette armée.

Si Lee trouve le terrain favorable, il détruira l'armée du Potomac, et alors Washington devra venir à composition.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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Message Publié : 28 Fév 2020 1:51 
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C'est ainsi qu'à la mi-juin 1863, l'armée de Virginie du Nord en son entier commence une gigantesque opération de contournement des fédéraux.

Cette armée est constituée de trois corps d'armée, dont chacun regroupe trois divisions. Ces divisions sont géantes, de l'ordre de 8 000 hommes en moyenne chacune.

Chaque corps a près de 25 000 hommes sous les armes, alors que les corps fédéraux ont du mal à dépasser les 11 000 hommes.

Pendant que Lee enclenche son offensive, l'armée du potomac, forte de 7 corps d'armée et un corps de cavalerie, reste stationnaire. Elle a pansé ses plaies de Chancellorsville, est prête à repartir au combat.

Mais son commandement est pendant quelques jours remis en cause.

Abraham Lincoln, furieux des échecs de sa meilleure armée, a décidé, une nouvelle fois, de changer de commandant en chef. C'est George Gordon Meade, commandant du Vème corps, qui reçoit l'honneur douteux de mener au canon une armée qui, depuis deux ans, subit échec sur échec.

Quand Meade prend le commandement général, toute l'armée est déjà en train de foncer vers le nord-ouest, ayant appris par sa cavalerie que les sudistes sont en train de la dépasser par le nord.

Commence alors, pendant dix jours, une course de vitesse au pas des fantassins, entre les trois corps confédérés qui foncent en Pennsylvanie, et les sept corps fédéraux qui, avec retard, virent de leurs positions au sud et font volte-face

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Message Publié : 28 Fév 2020 1:52 
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Quelles sont ces armées qui vont se rencontrer ?

L'armée confédérée, qui a subi des pertes terribles depuis deux ans, s'est recomposée et s'est concentrée.

Son infanterie est regroupée par régiments au sein de brigades endivisionnées dans des formations énormes de l'ordre de 7 à 8 000 hommes par division.

Son artillerie est regroupée, partie par corps d'armée, et partie dans une réserve générale d'artillerie qui regroupe 130 pièces environ.

Sa cavalerie est indépendante, sous les ordres de JEB Stuart : elle a pour rôle, et de servir d'yeux et d'oreilles à l'armée principale, et de créer le désordre sur les arrières fédéraux.

Cette double mission va l'empêcher de donner toute son efficacité, et va s'avérer fatale aux corps d'infanterie en gris.

L'armée fédérale a peu évolué depuis 1861, et est victime dans ses composantes du refus de compléter les régiments aguerris par de nouvelles recrues.

De ce fait, ses corps d'armée sont plus nombreux que les sudistes, mais chacun de ces corps est au mieux deux fois moins nombreux en effectifs.

Les régiments qui ont combattu ne sont pas renforcés de recrues, ce qui amène certains d'entre eux à des effectifs de bataillons ou moins, parfois 250 à 300 hommes pour un régiment.

Pendant ce temps, des régiments de nouvelles levées arrivent, à plus de 1 500 hommes, mais sans aucune expérience.

Les divisions fédérales sont alors constituées de manière dangereuse de brigades squelettiques mais efficaces, accompagnées de brigades pléthoriques mais nulles en matière de manoeuvre et de commandement.

L'artillerie fédérale est endivisionnée, et répartie pour ses réserves au sein des corps d'armée, ce qui la disperse.

La cavalerie fédérale, en revanche, si elle est indépendante comme la confédérée, est en train d'atteindre son point d'excellence, tant en terme d'exploration que de combat rapproché.

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Message Publié : 28 Fév 2020 1:54 
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Le 30 juin 1863 dans l'après-midi, le général de cavalerie US John Buford, à la tête de sa division, arrive dans un petit patelin sans intérêt.

Le patelin se nomme Gettysburg.

Dans la soirée arrivent devant Gettysburg les régiments de la première brigade d'une division confédérée.

Le destin est en train de réunir ici près de deux cent mille hommes.

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Message Publié : 28 Fév 2020 1:56 
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Buford est à la tête de 2 500 cavaliers et quatre batteries d'artillerie à cheval.

Il sait que, derrière lui, devrait arriver le Ier corps fédéral commandé par le général Reynolds. Certes, mais quand ?

Face à lui, c'est la tête de colonne du corps d'armée confédéré du général Ewell qui arrive.

Les fantassins d'Ewell, en tête de toute l'armée, avancent vers Gettysburg pour s'y ravitailler, et parce qu'ils pensent y trouver des réserves de l'armée fédérale: des réserves de chaussures. Une bonne part des brigades sudistes en manque ...

C'est pour cette raison que les brigadiers des colonnes de tête d'Ewell ont fait brutalement virer leurs unités de tête vers cette petite bourgade.

Lee est quinze kilomètres derrière : il ne dirige pas l'énorme serpent humain de ses divisions, il les accompagne.

Le 1er juillet au matin, les premiers régiments d'Ewell viennent au contact des cavaliers de Buford, et commencent à contourner par le nord la colline de Gettysburg.

Les fédéraux se battent bien, très bien même. La division Heth du corps de Hill, qui arrive face à la localité, est amenée à se déployer complètement pour refouler les cavaliers bleus déployés en tirailleurs.

Les deux autres divisions du corps d'Ewell arrivent derrière et se mettent à coulisser vers le nord de la zone des combats.

Et encore après elles arrivent les autres brigades du corps du général Hill, qui démarre pour sa part un débordement par le front et la partie sud.

La pression s'accentue sur les fédéraux, quand, en milieu d'après-midi, déboulent à leur tour les têtes de colonnes de Reynolds.

L'une des premières brigades fédérales qui se déploie est la célèbre "Iron Brigade", unité d'élite dont nombre de ses fantassins portent encore le chapeau à bord relevé de l'armée fédérale d'avant 1861.

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Message Publié : 28 Fév 2020 1:57 
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La "Iron Brigade" et les deux brigades qui la suivent s'abattent brutalement sur les colonnes confédérées.

La division CS de Heth est démantelée par le choc, mais les deux autres divisions de Ewell arrivent à leur tour et se mettent en ligne.

La contre-charge sudiste prend de plein fouet le Ier corps fédéral et le démolit littéralement en moins d'une demi-heure.

Reynolds lui-même est tué par un sniper sudiste.

Le Ier corps se replie sur les contre-pentes en direction de Gettysburg.

En fin d'après-midi, les divisions de Hill se sont emparées des abords de Gettysburg, face à la colline dite du "seminary ridge" en raison d'un séminaire luthérien qui la domine.

Elles commencent à se déployer par le sud de la position principale, et ainsi commencent un développement complet des corps sudistes face à des corps fédéraux qui, eux aussi, arrivent les uns après les autres et se mettent en position comme ils peuvent, là ou ils sont.

Aucune coordination dans les deux camps : Lee, qui suit à plusieurs kilomètres avec son état-major, reçoit petit à petit les informations des combats en cours mais ne peut pas intervenir directement. Il donne cependant un ordre simple et facile d'exécution (en théorie) : foncez devant vous, frappez les fédéraux ! Mais il ignore que devant les brigades sudistes, c'est toute l'armée fédérale qui arrive, n'importe comment, mais elle arrive.

Meade, qui suit lui aussi ses propres corps d'armée, ne peut que donner l'ordre de se positionner partout ou l'on peut tenir une position haute, sans aller plus loin. Ses chefs de corps qui arrivent les uns après les autres ont alors l'intelligence de se positionner en domino les uns derrières les autres : le premier corps replié en hameçon autour de Gettysburg sert de point initial, et tous les corps qui arrivent viennent se mettre en ligne derrière lui, les uns après les autres, tout simplement ...

Aucun des deux généraux n'a l'idée du terrain sur lequel leurs armées sont en train, toutes seules, de venir au contact brigades après brigades. Les différents corps se mettent alors à littéralement s'étaler les uns face aux autres, et prennent des positions de hasard. La géographie va donc s'imposer aux commandants d'armée, et leur infliger les évènements qui s'annoncent.

La différence majeure est que les confédérés sont en train de s'installer dans les fonds de vallée, alors que les fédéraux occupent les hauteurs, depuis Gettysburg jusqu'au massif rocheux de deux petites collines, les "round tops", Big Round Top et Little Round Top.

Entre ces deux collines rocheuses et Gettysburg, une ligne de crête qui surplombe doucement les futures positions confédérées.

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Message Publié : 28 Fév 2020 1:58 
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Au soir et dans la nuit du 1er au 2 juillet, l'ensemble des corps d'armée ennemis arrive et se met en place, sans ordres précis, en suivant les circonvolutions du terrain.

Du côté sudiste, c'est Longstreet, avec son superbe Ier corps, qui arrive enfin et vient prendre la position centrale, entre Gettysburg et les Round Tops.

Du côté fédéral, pas moins de cinq corps d'armée arrivent, les uns après les autres, et viennent s'échelonner en face.

La division de cavalerie de Buford, décimée par les combats préliminaires, est retirée du front.

Une brigade de cavalerie fédérale reste en position au-delà de Gettysburg, commandée par un jeune général de 23 ans qui s'appelle Georges Armstrong Custer.

Meade arrive dans la nuit, et donne l'ordre de tenir à tout prix, partout. Il ne sait pas vraiment ou est l'ennemi, mais une chose est sûre pour lui: les armées sont au contact et la grande explication arrive.

Lee est lui aussi arrivé au plus près de ses divisions. C'est à lui de lancer les dés, et il le sait, même si lui aussi, par manque de cavalerie, ne sait pas précisément ce qu'il a en face de lui. Lee ignore tout du développement des corps d'armée fédéraux, des positions qu'ils tiennent : il va frapper à l'aveugle et il en est conscient. Il est cependant prévenu par les éclaireurs de ses divisions que les fédéraux couronnent toute la crête entre Gettysburg et les Round Tops.

L'attaque d'Ewell a été chaotique, n'a pas été centralisée. C'est raté pour s'emparer de Gettysburg qui est devenu semble-t-il le môle de l'armée fédérale. ce n'est plus en fait que sa position de défense droite, mais Lee ne peut pas le savoir. S'il débordait cette position en direction des cavaliers de Custer, il frapperait le corps de bataille yankee dans son ventre. Mais il ne peut pas le savoir ...

Lee décide alors de briser l'ennemi par l'autre flanc : on attaquera par les Round Tops, afin de contourner le corps de bataille US et de le démolir.

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Message Publié : 28 Fév 2020 2:06 
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Au matin du 2 mai, une réunion dramatique a lieu au sein de l'état-major confédéré.

Lee indique la conduite générale de l'opération à mener ce jour : prendre les round tops, frapper ainsi brutalement la ligne fédérale à l'extrême de son flanc gauche, et de ce fait briser ses lignes de communications intérieures.

La réelle faiblesse de l'ordre de bataille fédérale est au bout de son flanc droit, mais les divisions sont maintenant positionnées face à face; Lee ignore la faiblesse du dispositif fédéral au-delà de Gettysburg, et il doit lui-même prendre en considération la protection de ses propres lignes de communication, qui amènent vers ses troupes munitions, approvisionnements de toutes sortes, etc ... Il est à la tête d'un gigantesque serpent militaire de 75 000 hommes et n'envisage pas de le déporter brutalement hors de ses propres lignes de ravitaillement. Jackson pensait différemment, Grant fera autrement ...

Le général Hood, dont la division sera en tête de l'attaque, s'interpose alors en demandant, en suppliant, que son axe d'attaque soit déporté un peu plus au sud des positions, pour contourner les collines rocheuses et ainsi l'extrêmité de la ligne de bataille yankee, pour autant qu'on puisse la supposer en fin de ligne à cet endroit. Mais c'est vraisemblable : aucun signe d'unités fédérales n'est visible après les collines des Tops.

Lee répond alors "l'ennemi est devant nous, général, et nous allons l'attaquer." Lee est dans la situation terrible d'un général en chef qui est aussi au courant de la question politique pendante.

Il lui faut, non pas vaincre l'armée fédérale du Potomac, mais la détruire, pour amener à composition le gouvernement du Président Lincoln. Ce sont les instructions qui lui ont été données, dans le plus grand secret, en juin, par le Président Jefferson Davis.

Il doit donc, non pas contourner l'adversaire pour lui faire subir une défaite tactique, mais l'attraper, l'étreindre, et le détruire.

Hood est fou de rage. Avant de lancer ses brigades à l'attaque du "devil's den", la tanière du diable, horrible amoncellement de rochers en plein massif forestier qui empêche tout déploiement, il demande encore à pouvoir maneuvrer plus au sud.

Longstreet lui confirme l'ordre. Pendant que ses caroliniens et ses georgiens chargeront, les texans de la division de Mac Laws se déploieront en position intermédiaire et appuieront l'attaque.

Et Hood lance ses régiments. Hors de lui, il s'exécute, et va dans la foulée, ainsi qu'il le craignait, exécuter sa division.

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Message Publié : 28 Fév 2020 2:08 
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En face, c'est le Vème corps fédéral, qui a pris ses positions, plutôt mal que bien, la veille au soir et dans la nuit.

Il est composé de deux divisions d'infanterie composites, partie de régiments aguerris, mais squelettiques, partie de régiments de nouvelles levées.

Les batteries d'artillerie du corps sont mal positionnées, car le terrain est invraisemblable.

Mais de toute manière les confédérés sont en contre-bas : quand les canons sudistes se mettent à tirer, ils ne tuent que des arbres ...

Les deux premières brigades de Hood font alors mouvement vers le Devil's Den et le Little Round Top.

Aucune coordination en face ... devant le mouvement confédéré, une brigade du Vème corps prononce de son propre chef un mouvement en avant, en descendant les petites vallées du Big Round Top.

Sidéré, un officier d'état-major demande alors à son divisionnaire "mais qu'est ce qu'ils font ? ..." Son général, imperturbable, lui répond : "ne vous inquiétez pas, vous n'allez pas tarder à les voir revenir."

Le général de division fédéral connaît son métier : lui a repéré les mouvements convergents, assez bien coordonnés, des brigades sudistes qui commencent à enserrer les hauteurs.

Et en effet, les cinq régiments fédéraux de la brigade partie à l'aventure viennent s'enferrer dans le mouvement de progression sudiste, et se retrouvent rapidement pris entre trois feux, presque encerclés par les puissantes brigades de Hood et une division confédérée de renfort qui prononce son propre mouvement dans les fonds de vallée.

La brigade fédérale est presque anéantie sur place, en moins de dix minutes.

Les confédérés prononcent alors leur mouvement et leur progression vers le massif forestier du Little round top. L'artillerie ne sert plus à rien au milieu des arbres, place au fusil et au revolver, en tirant à courte distance.

Hood resserre son dispositif. Pendant que sa troisième brigade est lancée vers le Big round top, il concentre ses deux autres brigades, en ligne par bataillons les uns derrière les autres, pour s'emparer du Little round top et, avec les moyens dont il dispose, opérer ce débordement par la droite qu'il avait demandé le matin.

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Message Publié : 28 Fév 2020 2:10 
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Dans les hauts du Little round top, c'est la brigade commandée par le colonel Vincent qui est en position.

Le régiment le plus en pointe, le dernier de toute l'armée fédérale, est le 20th Maine, commandé par le colonel Chamberlain. Son régiment est composé de vieilles troupes, mais réduit à moins de 300 hommes par les pertes de l'année précédente. Après lui, vers le sud du champ de bataille, il n'y a plus personne : tous les corps d'armée se sont concentrés au nord, entre Gettysburg et le Big round top. Chamberlain et ses hommes sont seuls.

Chamberlain et ses hommes vont voir monter vers eux, pendant plus de trois heures, compagnies après compagnies, l'équivalent de toute une brigade confédérée, environ 2 600 hommes.

Dans le même temps, la deuxième brigade de Hood tente désespérément de s'emparer du Devil's Den. Hood, à leur tête pour être au centre de ses formations, est grièvement blessé. Ses officiers le retirent du combat; sa division n'est plus dirigée et continue, brigade par brigade, à monter au massacre.

En haut du Litlle round top, le 20th Maine fait feu de tous ses fusils. En face, ça tire aussi, et bien. Le régiment fond à vue d'oeil.

En désespoir de cause, Chamberlain donne l'ordre très rarement usité dans les armées de la guerre de sécession de mettre baïonnette au canon, et de charger l'ennemi à la baïonnette.

Cet ordre n'est presque jamais utilisé car les soldats de la guerre entre les Etats ne sont pas des soldats de métier. Alors, les unités se fusillent même à courte distance ...

Et ca marche.

Les confédérés ont la réaction normale de toute troupe chargée à la baïonnette : ils se replient. Mais, dans cette pente rocheuse et forestière, leur repli devient déroute pour plusieurs milliers d'entre eux, car la brigade décimée sur le Little round top entraîne dans sa retraite les voisins de la seconde brigade de la division Hood, qui a elle-même perdu la moitié de son effectif et les trois quarts de ses officiers.

La division Hood du corps de Longstreet est réduite de moitié. La division du général Mac Laws, qui l'a soutenu, n'a perdu qu'un tiers de son effectif ... Le beau Ier corps confédéré est en sang.

Les fédéraux conservent la position.

Le 20th Maine et les 125 survivants qui le composent viennent peut-être de gagner la bataille de Gettysburg ...

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Message Publié : 28 Fév 2020 2:12 
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Au soir du 2 juillet, la situation est la suivante :

les 75 000 hommes de l'armée sudiste de Virginie du Nord, ou plutôt ce qu'il en reste, sont maintenant entièrement déployés, depuis "l'hameçon" que constituent le Seminary Ridge et Gettysburg, jusqu'aux abords des Round Tops, plusieurs kilomètres plus au sud, que les deux premières divisions de Longstreet, celles de Hood et Mac Laws, n'ont pas réussi à prendre.

Les 90 000 hommes de l'armée fédérale du Potomac, eux-même bien entamés, tiennent toute la ligne des collines qui vont de Gettysburg aux round tops. Leur avantage est double : non seulement ils sont en position haute, mais en plus leur dispositif, involontairement défensif, et le terrain, font qu'ils tiennent les lignes intérieures du champ de bataille.

En d'autres termes, ils sont déployés à l'intérieur de l'énorme courbe que représente le champ de bataille, ce qui permet à leurs renforts de se déplacer rapidement d'un point à l'autre en cas d'urgence.

Inversement, les confédérés tiennent les lignes extérieures, ce qui distend leurs formations. Mais ils sont en position de continuer à attaquer, et gardent donc, a priori, l'initiative.

Dans la nuit arrive la troisième division de Longstreet, la division d'infanterie de Virginie, commandée par le général Pickett. Cette division a depuis le début de la guerre été comme la colonne vertébrale de l'armée de Virginie du Nord.

Hood est gravement blessé, on lui coupe une jambe sur une planche; sa division a perdu la moitié de son effectif. Elle n'est plus opérationnelle. La division de Mac Laws n'est plus en situation d'agir seule, mais elle peut encore, et protéger le sud du champ de bataille, et éventuellement concéder un renfort à une attaque centrale.

Longstreet concentre au centre du champ de bataille la division de Virginie, renforcée par la division Pettygrew du corps de Hill. Ewell reste bloqué du mauvais côté du champ de bataille, en haut de l'hameçon.

Meade, de son côté, redéploie ses corps entamés par les combats des deux derniers jours. Le Vème corps, mal en point, est relevé et vient prendre une position d'attente, en deuxième ligne derrière l'excellent IIème corps de Winfield Scott Hancock ... pile au centre de la position fédérale.

Le XIème corps du général Howard s'est en partie désintégré à la suite du Ier corps de Reynolds, et est replié en contre-bas du seminary Ridge. Bref, les corps affaiblis sont globalement rétrogadés en seconde ligne, cependant que des corps d'armée frais ont pris le relai.

Que faire pour Lee ?

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Message Publié : 28 Fév 2020 2:17 
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Depuis quinze jours, il s'est avancé en Pennsylvanie en étant sourd et aveugle, car sa cavalerie, regroupée sous le commandement de JEB Stuart, avait opéré une maneuvre de contournement total des corps fédéraux, mais par l'est pendant que les corps d'infanterie sudistes prononcaient leur mouvement par l'ouest. Si elle a mis un certain désordre dans les colonnes d'approvisionnement, elle n'a en rien empêché les mouvements des régiments nordistes pour poursuivre Lee.

Pire, pendant ce temps-là, l'état-major confédéré a presque totalement manqué de renseignements sur les positions et les mouvements exacts de l'adversaire.

Quand, dans la soirée du 2, Stuart arrive à son tour, tout content de son équipée de hussard, son entretien avec son général en chef est assez pénible ...

Et de toute manière il est trop tard : les armées sont au contact, et Lee n'a plus d'autre choix que de continuer à cogner sur la ligne fédérale pour la briser.

La belle cavalerie des gentlemen du Sud ne lui est plus d'aucune utilité.

Echec au nord de la position le 1er juillet, échec au sud le 2 : c'est au centre qu'on va taper le 3, en mettant toute la gomme.

Ce soir du 2 juillet, le général de brigade sudiste Armistead a près de lui un officier anglais, observateur officieux de son gouvernement, et lui déclare :"nous sommes la deuxième révolution des Etats, et peut-être demain allons nous enfin mettre un terme à cette guerre : peut-être demain…"

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La division de Virginie est intacte. Elle regroupe près de 6 000 hommes répartis en trois brigades, celles des généraux Garnett, Kemper et Armistead.

Il est décidé de la renforcer de la division de Pettygrew, encore en mesure d'aligner plus de 3 000 hommes. L'ensemble regroupe 9 200 hommes, auxquels sont rajoutés une brigade de Pender à l'effectif de 1 700 hommes.

Ce sont donc près de onze mille fantassins qui sont ainsi concentrés dans les fonds, face au centre fédéral.

Pour les soutenir, Lee confie à Longstreet toute la réserve d'artillerie de l'armée, commandée par le colonel Porter Alexander, un officier "napoléonien" : il a 27 ans !

L'idée est simple et, comme aurait précisément dit Napoléon, toute d'exécution. Il s'agit de briser le IIème corps fédéral par un véritable barrage de boulets et d'obus, puis d'envoyer les onze mille hommes d'un coup, dans ce genre de frappe d'une extrême brutalité dont l'infanterie confédérée a l'habitude.

Si le centre fédéral se rompt, c'est la colonne vertébrale de l'armée du Potomac qui est brisée. Ses corps désemparés, séparés les uns des autres, seront dispersés dans la campagne environnante.

Si le centre fédéral se rompt ...

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Après la guerre, James Longstreet témoignera avoir essayé de dissuader Lee de cette attaque d'infanterie, en terrain découvert, sur plus de deux kilomètres avant d'atteindre les lignes fédérales.

En fait, aucun témoignage au moment de la bataille ne permet d'assurer que Longstreet, "mon vieux cheval de bataille" comme l'appelait Lee, se serait ainsi opposé à l'attaque.

On reprochera plus tard à Longstreet d'avoir voulu ainsi, a posteriori, se défausser d'une décision qui s'était avérée meurtrière. Ce qui est certain, c'est que lors de la réunion d'état-major au cours de laquelle Lee a donné ses instructions, Longstreet a déclaré que, selon lui, il fallait disposer d'au moins quinze mille hommes pour être sûrs d'emporter la position adverse.

Toujours est-il que, le 3 juillet au matin, Longstreet, d'accord ou pas, prend toutes les dispositions nécessaires et possibles pour que l'attaque soit un succès.

Quand il apprend que l'artillerie de réserve a dû ramener en arrière ses approvisionnements de munitions en raison des tirs plongeant et sporadiques de l'artillerie yankee, il donne aussitôt l'ordre de prendre le risque de rapprocher un maximum de caissons au plus près possible.

La division de Virginie est mise à couvert, sous les arbres de la contre-pente. De là ou ils sont, les fantassins ne peuvent voir que leurs canons, et le haut de la pente : rien de la position fédérale.

Leurs généraux de brigade ignorent donc deux choses, deux spécificités qui vont leur coûter la vie à tous les trois.

En plein milieu de leur axe de progression, il y a une petite route, bordée des deux côtés de hautes barrières de bois.

Et le IIème corps de Hancock, sous la direction de l'un des meilleurs chefs de corps fédéraux, s'est retranché derrière des rondins et des murets de pierre. Son artillerie est encore en arrière, tout en haut de la ligne de crête.

Depuis sa position, Hancock voit l'ennemi. L'ennemi ne peut pas le voir.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

Yves Modéran


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Message Publié : 28 Fév 2020 2:22 
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Jean Froissart
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La matinée du 3 juillet est employée à regrouper les brigades. Du côté nordiste, on se relache un peu; la journée est torride, les rebelles ont subi de lourdes pertes les deux jours précédent : on peut espérer un temps de répit.

Vers 13h00 (13h07 aux montres de l'état-major fédéral, une demi-heure après pour les confédérés mais peu importe), un feu d'enfer est déclenché par Porter Alexander.

Boulets pleins de tous calibres, boulets creux, shrapnell, c'est un déluge de ferraille qui est déversé par une artillerie confédérée tellement composite qu'elle regroupe des pièces de toutes marques, et de nombreux calibres. Ca n'arrange pas le réapprovisionnement.

Hancock donne l'ordre à sa première division de se pelotonner en se couchant par terre derrières les murets de pierre.

L'artillerie fédérale prend en plein une partie du bombardement, mais réagit rapidement et se met à son tour dans la partie. Le vacarme devient effrayant.

Sous les arbres, en bas de la contre-pente, les brigades de Pickett attendent ... Certains obus à longue portée fédéraux arrivent jusqu'à eux et commencent à tuer.

Au bout de près de trois quarts d'heure, alors qu'il est clair qu'il devient plus qu'urgent d'attaquer puisque d'effet de surprise, il ne faut plus en parler, Alexander prévient Longstreet qu'il arrive au bout des réserves de ses premiers caissons. La réserve générale de munitions est restée, par sécurité, deux kilomètres en arrière, et il faudrait une demi-heure, en allant vite, pour réapprovisionner toutes les batteries.

Longstreet apparaît désespéré à ses officiers d'état-major (indice que peut-être, en effet, il "sentait" mal cette attaque) et donne l'ordre à Pickett de faire avancer ses brigades.

Pickett lui-même est fou de rage : Lee a donné l'ordre que ses divisionnaires restent dorénavant en arrière des unités, en raison d'un trop grand nombre de morts chez ses généraux, car ils ont pris l'habitude de trop s'exposer.

Et il regarde alors se déployer et partir ses trois brigades, épaulées par Pettygrew et Pender.

La plus grande charge d'infanterie du XIXème siècle depuis celle du Ier corps de Drouet d'Erlon à Waterloo vient de commencer.

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