le bonapartiste a écrit :
On est ici dans une profonde opposition entre la pensée militaire et la réalitée matérielle, entre la planification et l'éxécution. Et il est très difficile de remettre en cause sa conception, sur ce quoi on s'est toujours basé.
En même temps il y a eu des généraux plus réfléchis qui ont très tôt évolué vers une vision plus réaliste des choses. Lanrezac, Pétain, Fayolle... Je pense aussi au découragement de Lyautey qui découvre en discutant avec des officiers que l'offensive du Chemin des Dames est promise à la catastrophe.
Ce qui est frappant, c'est le temps qui a été nécessaire pour que ces généraux-là puissent émerger et se voir confier la responsabilité de la stratégie. Il y a en fait une surprenante abstention des politiques jusqu'à la fin de 1916, en plus c'est pour confier le commandement à Nivelle, mauvais choix et mutinerie de l'armée en prime. On peut dire que Clémenceau commence à jouer un rôle efficace de direction politique au milieu de 1917, soit tout de même après 3 ans de guerre.
En 1916 à Verdun, lorsque Pétain dit : "Une contre-offensive, ça doit se préparer" on le traite de défaitiste et on trouve normal qu'il soit écarté de la direction effective de la bataille. Il ne peut reprendre l'autorité sur la bataille qu'après l'échec de l'offensive de la Somme.
En fait les politiques marquent la même indifférence que les généraux face à l'ampleur des pertes, et ça c'est une anomalie. La durée de la carrière de Joffre au poste de généralissime ne peut guère s'expliquer autrement que par l'abstention des hommes politiques. J'aurais tendance à y voir le problème que pose un régime d'assemblée, où il faut une éternité pour établir un consensus, et plus encore pour le modifier. Je pense que De Gaulle n'avait pas tort quand il voyait là le principal problème des institutions de l'époque.