Ce qui m'étonne est le nombre de personnes ayant fait des études supérieures avec option histoire. J'ai toujours mes livres et ce qui est annoncé a été enseigné.
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« L'assassinat de François-Ferdinand a déclenché le début des hostilités. »
Oui mais auparavant un cours évoquant la triple entente et triple alliance. France contre Allemagne, normal ; France avec Angleterre étonnant, France avec Russie ceci tenait du tir à la courte paille mais bon, l'essentiel était de retenir.
Un parallèle était fait avec la guerre suivante : on reprend les mêmes pour les mêmes raisons. Hitler était donc une sorte de fils spirituel de Guillaume II
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« Les combattants sont partis la "fleur au fusil”. »;« La guerre devait être courte. »
En effet et une image le montrait. Il existait aussi une chanson je crois qui narrait un aller-retour avec au retour les moustaches de Guillaume et l'Alsace-Lorraine (ceci semblait très secondaire). L'Autriche aussi, c'était un peu comme un pays en perdition mené par un vieil homme gâteux avec trop de morts dans sa famille (son fils, sa femme, son neveu qui avait fait un mariage catastrophique, une fille, des nièces enfin un vieil homme très habitué à la mort autour de lui et avec une vue de la vie militaire), incapable de raisonner autrement contrairement à Guillaume II pour qui la guerre était un réel plaisir, la preuve qu'il aimait le pouvoir : il avait lourdé Bismarck qui déjà aimait la guerre et à ce niveau, il était encore pire, c'est dire... et de nous rappeler la dépêche d'Ems élucubrée par un esprit franchement cauteleux.
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« Les Allemands sont mieux équipés que les Français. » ; « Ce fut principalement une guerre des tranchées. » ; « Les conditions de vie dans les tranchées étaient terribles. » ; « Verdun, la boucherie. » ; « Les femmes sont mises au travail. »
Les armes n'étaient pas abordées. C'est oui pour la seconde : une guerre de tranchées obligées car les Allemands ne sortaient pas pour se battre. Les conditions de vie étaient largement évoquées mais à coup de métaphores. Le "nord" était un endroit "chaud" : Verdun, le Chemin des dames, la Marne. Photographies des immenses champs de croix blanches. Le commandement avait encore été au-dessous de tout, c'était les mêmes qu'en 1970. Il nous était montré un soldat allemand (au top) et un soldat français qui suivait un cheval, la comparaison n'était pas "flatteuse" mais on ne pouvait qu'acter. Silence sur les femmes, d'ailleurs le mot "femme" était évité de par sa connotation. Au travail ? Quel travail qu'elles ne faisaient déjà ? Enfin, chacun pouvait savoir ou demander à des camarades habitant à la campagne. Il y avait deux mondes : les femmes de la ville et celles de la campagne. A la ville, c'était des épouses, à la campagne c'était des bras. Preuve ? Les femmes de la campagne, on voyait tout de suite lorsqu'elles venaient à la ville, elles étaient "endimanchées" et puis le truc terrible : les mains (sans gants et abîmées) et les ongles (souvent sales).
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« Clemenceau et Pétain ont fait gagner la guerre. » ; « Les troupes coloniales ont été sacrifiées. » ; « Les généraux ont sacrifié leurs hommes pour leur prestige. » ; « Sans les États-Unis, la guerre aurait été perdue. »
"Le tigre" n'était pas un héros. Il y avait deux Clémenceau, celui de l'affaire Dreyfus et celui qui avait été éclaboussé par des affaires. C'était de sa faute s'il y avait eu une WW2, il avait trop demandé mais "regardez votre livre", on voyait un vieil homme. C'était donc un vieil homme qui était intransigeant et pour des raisons personnelles (une sorte de revanche) ne voulait rien négocier. Il avait institué les fusillés pour l'exemple. Pétain était tu.
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« 14-18 fut un profond traumatisme. » ; « Beaucoup se sont enrichis grâce à la guerre. » ; « La SDN est créée pour éviter de nouveaux conflits internationaux. » ; « Toute une génération a été sacrifiée inutilement. »
On ne pouvait évoquer de trauma puisque tout le monde était ignorant du mot. Pas un seul cabinet de psycho ou même de neurologue hormis à l'hôpital (les cliniques évitaient). C'était très "tabou". De plus, il y avait l'existence à Dinan d'une maison où étaient entassés toutes sortes de "malades". Nous connaissions tous cette maison car ses jardins étaient visitables et visités (Saint-Jean-de-Dieu). Wilson était évoqué comme un humaniste mais avec une sorte de gentille folie, un utopiste, un peu le professeur Tournesol du lot. S'enrichir à la guerre était impossible puisque Clémenceau avait demandé à l'Allemagne de l'argent pour la France à un point tel que... A noter aussi deux France : celle des hommes comme Clémenceau et les militaires qui voulaient récupérer l'Alsace-Lorraine qui ne demandait rien (impossible de prouver du contraire) et le reste de la France qui ne connaissait pas même l'Alsace-Lorraine.
Nous devions donc vivre de nos souvenirs de fin de 3ème. C'était exactement le même discours en plus dur. La Russie avait demandé la fin des hostilités à cause de problèmes intérieurs, créés par l'Allemagne (passage du fameux train). L'Italie n'était pas évoquée car versatile et pas fiable (on le reverrait avec la WW2). Une génération avait été sacrifiée, enfin sacrifiée, il faut croire qu'elle y tenait : la même bêtise qu'à Conlie, on avait cru ce qui nous était dit, on avait fait ce qui nous était demandé parce-que attention ! Là, ce n'était pas comme 39/40... Pourquoi ? Personne n'a osé demander... De toutes les manières sans les US, c'était perdu (comme on allait de nouveau le voir avec la prochaine), il suffisait de regarder et l'on pouvait voir un soldat allemand et un soldat français derrière un cheval avec un habillement totalement ridicule. Là nous était avoué qu'on avait fait encore mieux il fut un temps : des pantalons rouges... pour se faire tirer comme, comme ? Des lapins...
Cet enchainement d'échec était très pénible. Non seulement nous étions idiots mais encore incapables d'avoir un commandement potable. Y avait-il un Français qui avait donné son nom à une quelconque manoeuvre, alors ? Alors ? Et bien non ! Pas même Napoléon... Nous était alors expliqué la "manoeuvre en faucille".
Les cours étaient oppressants alors les mots du style gloire etc. ce n'était pas pour nous... Les héros, les voilà : et de brandir un livre ouvert avec des immensités de croix blanches.
Pour se "sauver", il fallait décrocher dès le début du cours et songer à autre chose. On était les "comiques", d'ailleurs il en restait des traces (les comiques troupiers) et puis pour celle qui allait venir (la guerre) se référer à la 7ème compagnie, c'était un peu ça...
Ce n'était plus une guerre de retard que nous avions mais tout de travers... Quoi dire devant l'évidence ? Un choix était parfois fait au niveau littéraire, on ne pouvait qu'acter et à cet âge ces conflits n'étaient pas les nôtres mais l'allemand restait "infréquentable". On le voyait lors des vacances : ceux qui avaient de la famille au bord de mer ne louaient pas aux Allemands. Jamais je n'aurai osé dire que ceux qui étaient dans mon village lors de la WW2 s'étaient comportés correctement. Il y avait eu trop de règlements de comptes à Dinan. Ceci personne ne pouvait ignorer ce qui s'était passé... Tout ceci parce-que les Français ne savaient ni garder leurs femmes ni songer à leurs enfants mais près à partir au premier coup de sifflet. Nous étions donc bretons avant d'être Français. Les Français étaient en gros, ceux qui habitaient la capitale et décidaient de tout pour tout le monde et de rappeler la Révolution...
Je suis de 1959, interrompre un professeur équivalait à donner une "opinion". Les élèves n'ont pas d'opinion, ils sont là pour apprendre. Ceci revenait comme contredire l'un de nos parents. Ils savaient, nous apprenions. Beaucoup d'internes, pas de bibliothèque dans le lycée... Se lever et dire "NON", c'était le renvoi de 3 jours. Personne ne nous avait appris à argumenter. C'était donc la parole du professeur avec tout son savoir contre la nôtre : nous n'avions connu aucun conflit...