Oulligator a écrit :
On m'en a parlé, tiré d'un article dans
Guerre et Histoire (surement le dernier numéro), je n'ai pas lu le compte-rendu mais voila la traduction d'un ouvrage espagnol "polémique" paru en 2003 en Espagne qui vient d'être publié en France : Pio Moa,
Les Mythes de la Guerre d'Espagne 1936-1939, L'Artlleur éditions, 2022
Amazon a écrit :
Enorme succès de librairie lors de sa parution en Espagne en 2003, cet ouvrage conclut à la responsabilité écrasante de la gauche révolutionnaire dans le déclenchement de la guerre civile espagnole. Selon les documents exceptionnels rassemblés par Pio Moa, l'origine du conflit n'est pas, en effet, le coup d’état raté de juillet 1936 contre la Seconde République espagnole mais bien la « menace rouge » que représentaient pour la démocratie les factions d'extrême gauche qui préparaient un soulèvement de type communiste sur le modèle de la révolution asturienne de 1934.
La radicalisation de la gauche au pouvoir sous le Frente Popular (assassinats de militants et hommes politiques des différentes composantes de la droite démocratique, destruction d'édifices religieux, assassinats de religieux, etc.) va entraîner un raidissement des conservateurs. Et ce sera l'escalade : le soulèvement militaire du 18 juillet 1936 survient alors que Largo Caballero et ses partisans avaient lancé depuis 1934 un processus révolutionnaire similaire à celui qui en octobre 1917 a eu raison du régime Kerensky en Russie.
Pio Moa a été militant du Parti Communiste Espagnol puis fondateur de groupe de résistance maoiste GRAPO. Ardent combattant anti-franquiste, il participa à de nombreuses actions violentes avant de se lancer dans un long travail de recherche en étudiant le fonds documentaire de la Fondation socialiste Pablo Iglesias. C’est là qu’il découvrit « l’autre visage » de la gauche révolutionnaire.
On peut en discuter, pour ceux qui l'auraient lu ou qui en auraient entendu parler, dans le fils Guerre d'espagne qui ne doit pas manquer d'exister.. et n'oublions pas nous sommes passionnés d'Histoire !!
Nous avions quelque peu abordé le sujet de l'historiographie récente sur la guerre civile espagnole sur le fil dédié à Francisco Franco
viewtopic.php?f=50&t=42501&hilit=Francoavec l'échange suivant:
Elviktor a écrit :
GustavedeBeaumont a écrit :
Elviktor a écrit :
Pour Franco je recommenderai, pour s´en faire une idée "balancée" et point trop caricaturale, de lire les biographies quelque peu opposées de deux excéllents historiens non-espagnols mais spécialistes de l´Espagne comtenporaine que sont Paul Preston (britannique) et Stanley Payne (americain)
Ce sont souvent des historiens non natifs qui font référence (cf Hugh Tomas). Ne connaissant pas ces biographies, pouvez-vous nous donner quelques idées-force de chacune d'elles concernant Franco et son régime? En quoi s'opposent-elles?
Pour ce qui est de Paul Preston, au travers de sa conception des "Trois Espagnes en 36" il y montre une vision radicalement différente et originale de la guerre civile espagnole en rupture avec le cliché selon lequel il s'agissait d'un conflit mené par des fanatiques d'extrême droite et de gauche, par des fascistes contre des communistes, par des catholiques militants contre des athées convaincus, par des séparatistes contre des centralistes, par des paysans affamés contre de riches propriétaires terriens...mais qu´il y a eu toute une troisième Espagne (avec moult figures intellectuelles et civiles) qui a essayé de rester neutre dans ce conflit malgré la pression sociale et bélliqueuse existante alors. Il a postulé enfin que c´est cette troisième Espagne, le temps passant et les blessures se cicatrisant qui conduira à l'Espagne démocratique d'aujourd'hui.
Quant à Stanley Payne (qui est probablement l´un des historiens auxquels Michel del Castillo se référait dans son interview...) avec ses œuvres parues dès les années 60 - mais interdites en Espagne durant la dictature de Franco - sur la IIe République espagnole, la guerre civile et le régime franquiste, Payne était considéré par la communauté des historiens de gauche ou progressistes comme un auteur respecté, idéologiquement situé dans le spectre du centre-gauche. Mais depuis le début des années 2000 ses thèses concernant la guerre civile espagnole et ses conséquences se sont orientées vers une interprétation plus critique du/des gouvernement(s) de gauche et plus (certains pensent trop) favorable à la gouvernance franquiste.
Au fil du temps, Payne s´est ainsi rapproché de chercheurs espagnols (tels que Pio Moa) très critiques à l'égard du récit historique prédominant parmi la gauche espagnole qui, selon lui et eux, dénature l'histoire de l'Espagne en excluant Franco et le Franquisme de toute action transformatrice et de modernisation du pays: Même si pour Payne il s´agit d`un "paradoxe de l´histoire", ce qui a rendu possible la démocratisation du pays, ce fût qu´avec Franco, pour la première fois dans ce pays une société civile bourgeoise et des classes moyennes purent émerger.
Sinon sur wikipédia, à propos de Pio Moa on peut lire l'appréciation suivante:
https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%ADo_Moa a écrit :
De nombreux historiens critiquent avec virulence Pío Moa et ses thèses, parmi lesquels on peut citer en particulier Paul Preston, Alberto Reig Tapia, Javier Tusell, Justo Serna et Enrique Moradiellos.
[...]
Parmi ceux qui soutiennent les analyses de Pío Moa, on peut citer les historiens Stanley Payne, José Manuel Cuenca Toribio, Hugh Thomas, José Luis Orella, Jesus Larrazabal, Carlos Seco Serrano ainsi que Ricardo de la Cierva et César Vidal. L'historien et hispaniste Henry Kamen a dénoncé la censure pratiquée par ceux qui rejettent en bloc les thèses de Pío Moa.