Tonnerre a écrit :
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Donc rien de nouveau avec le nazisme.
Je ne crois pas que l'on puisse dire cela;....
Vous savez peut-être raison, au lieu de Nietzsche ne serait-ce pas par rapport à l'Allemagne de 1914-18 qu'il faudrait comparer ?
De Gaulle dans l'avant-propos de son livre de 1924, La discorde chez l'ennemi : "Les chefs militaires allemands, qui eurent pour tâche d'orienter et de coordonner tant d'efforts, ont fait preuve d'une audace, d'un esprit d'entreprise, d'une volonté de réussir, d'une vigueur dans le maniement des moyens dont leur échec final n'a pas diminué le retentissement. Peut-être cette étude, ou plus exactement l'exposé même des faits qui en sont l'objet, feront-ils apparaître les défauts communs à ces hommes éminents : le goût caractéristique des entreprises démesurées, la passion d'étendre, coûte que coûte, leur puissance personnelle, le mépris des limites tracées par l'expértence humaine, le bon sens et la loi.
Peut-être cette lecture donnera-t-elle à penser que, loin de combattre en eux-mêmes, ou tout au moins de dissimuler ces défauts, les chefs allemands les considérèrent comme des forces, les érigèrent en système, et que cette erreur a pesé d'un poids écrasant sur les principales péripéties de la guerre. Peut-être trouvera-t-on dans leurs procédés l'empreinte des théories de Nietzsche sur l'Élite et le Surhomme, adoptées par la génération militaire qui eut à conduire la lutte récente et qui avait atteint l'âge mûr et définitivement fixé sa philosophie vers le début du siècle.
Le Surhomme, avec son caractère exceptionnel, la volonté de puissance, le goût du risque, le mépris des autres que veut lui voir Zarathoustra, apparut à ces ambitieux passionnés comme l'idéal qu'ils devaient atteindre ; ils se décidèrent volontiers à faire partie de cette formidable élite nietzschéenne qui, en poursuivant sa propre gloire, est convaincue de servir l'intérêt général, qui contraint « la masse des esclaves » en la méprisant, et qui ne s'arrête pas devant la souffrance humaine, sinon pour la saluer comme nécessaire et comme souhaitable.
Peut-être enfin, en méditant sur ces événements, voudra-t-on mesurer quelle importance revêt la philosophie supérieure de la guerre qui anime les chefs, et qui peut, tantôt rendre vains les plus rudes efforts d'un grand peuple, tantôt constituer la garantie la plus générale et la plus sûre des destinées de la Patrie."