Oui mais Joseph Kessel n'était pas de Strasbourg ni de Metz mais déjà grand reporter à travers le monde il me semble.

Ce qui montre justement que ces bruits étaient audibles à qui le voulait bien !

Est-ce à dire qu'on ne voulait rien entendre côté rive gauche de ce qui se passait rive droite du Rhin (1ère guerre mondiale oblige) ?

Le sujet est peu à peu détourné. Tout le monde entendait les bruits de bottes, les plus perspicaces depuis que l'Allemagne avait quitté la SDN, les un peu moins perspicaces au moment de la remise en route du service militaire obligatoire et le doute n'effleurait plus grand monde après l'Anschluß. Tout le monde savait qu'on allait à la guerre, mais personne n'avait imaginé les horreurs qui seraient perpétrées durant celle-ci. Et c'est cela le sujet, qui, avant 1933, au moment où Hitler prend le pouvoir, dit attention, j'ai lu son livre et ça va être l'horreur.

Personne, à mon avis.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

Jean Monet, dans ses mémoires, rapporte les propos suivants :
Foster Dulles en septembre 1935 après les décrets contre les juifs : "L'homme qui est capable de faire cela fera la guerre"
Heinrich Brüning en mars 1936 après avoir lu qu'Hitler venait d'occuper la rive gauche du Rhin :" Il faut que les Alliés entrent en Allemagne, sinon il y aura tôt ou tard la guerre. Si vous ne réagissez pas, Hitler se croira invinsible et l'armée allemande sera persuadée qu'il a toujours raison."

Ils étaient Français depuis peu et le goût de l'ordre y était aussi prononcé qu'en Allemagne.

Dans le même tonneau, Pilsudski proposait aux franco-anglais une intervention préventive en Allemagne dès 1933.
Devant le refus de Londres et de Paris, il décida de mettre la Pologne à l'abri en concluant un pacte de non-agression avec l'Allemagne.

Je ne vois pas trop le rapport. Les populations des régions de l'ex-Reichsland n'avaient aucune raison de voir d'un bon oeil les violations du traité de Versailles faites par Hitler, donc a fortiori aucune inclinaison à entendre les bruits des bottes allemandes sur la Rhénanie. C'est plutôt un sentiment de crainte qui prévalait.
D'ailleurs dans un pays aussi centralisé que la France c'est plutôt au gouvernement central de manifester publiquement sa politique, or celui-ci est resté dans un profond mutisme voulant à tout prix reculer l'inévitable.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine

Je pense que beaucoup de dirigeants ont perçu l'énormité de la chose mais n'ont pas voulu y croire, se sont voilés la face et se sont laissés berner par les numéros de violon d'Hitler. Bien entendu les horreurs de la Grande Guerre sont encore présentes et engager une action militaire d'envergure alors que l'opinion publique n'est pas prete à consentire un nouvel affrontement est plutot risqué et débouche sur une politique de l'autruche attentiste et frileuse vis à vis de l'Allemagne, on ne veut pas provoquer Berlin... Ce qui fera dire à Churchill "vous aviez le choix entre la guerre et le déshonneur, vous avez choisi le déshonneur et vous aurez la guerre", paroles qui seront confirmées par les accords de Munich et la suite tragique des évènements.

Hum, ces paroles font suite à Munich http://fr.wikiquote.org/wiki/Winston_Churchill Churchill ne mentionne pas cette phrase dans ces mémoires (version abrégé) mais "We have sustained a total and unmitigated defeat."

Bonjour,

J'ai un jour entendu dire que celui qui avait ainsi publié soit certains extraits de Mein Kampf, soit l'intégralité, était en fait le leader du parti d'extrême-droite du moment, dont j'ai oublié le nom, effaré par les passages du livre où Hitler annonçait clairement son intention d'en découdre avec la France, noir sur blanc.
Hitler lui aurait alors intenté un procès pour des questions de droits d'auteur ! Personne en France n'aurait, semble-t-il, soutenu ce Le Pen de l'époque, et Hitler aurait tranquillement gagné son procès dans l'indifférence générale.
Je ne sais pas, d'ailleurs, si le procès a eu lieu en Allemagne ou en France, et si Hitler y était physiquement présent.

Parmi ceux qui avaient une prescience de ce qui allait se produire, je crois qu'il faut citer aussi Raymond Aron qui a publié des écrits où il faisait part de ses inquiétudes.
(J'écris tout cela de mémoire, je n'ai pas de sources fiables à citer.)
En revanche, J. P. Sartre qui était en Allemagne, où il finissait ses études de philo, quand Hitler a pris le pouvoir, n'a, semble-t-il, rien vu venir.

Paminode

Le procès est de 34. Il y avait un problème évident de droits d'auteur, et c'est la société des gens de lettre qui a intenté l'action au nom de Hitler. Le tribunal n'a pu qu'interdire cette édition, car évidemment, l'éditeur n'avait pas l'autorisation de l'auteur pour le publier. C'est Fayard qui en publiera une version expurgée en 38.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)

en faisant des recherches sur Ludendorf, j'ai trouvé la phrase suivante adressée à Hindenburg en 1933 : « Et moi, je vous prédis solennellement que cet homme exécrable entraînera notre nation vers des abîmes de déshonneur (...). Les générations futures vous maudiront dans votre tombe pour ce que vous avez fait.[3] » (Wikipedia).

citation très intéressante, de la part d'un expert en la matière (le déshonneur) et qui 10 ans auparavant s'était associé avec "cet homme exécrable" pour tenter de prendre le pouvoir

Et si, en réalité, beaucoup plus de gens que l'on ne croit habituellement avaient vu venir la catastrophe mais, par idéologie pacifiste, avaient refusé d'en tirer les conséquences (la guerre préventive)?

Lorsqu'on lit ce qui se disait en France durant ces années noires, on a tout de même l'impression que de très nombreux français voyaient confusément dans ce qui ce passait en Allemagne (et ce dès les années 1920, par exemple à travers les multiples entorses au traité de Versailles) les prémices d'un nouveau conflit.

Seulement, il faut bien comprendre à quel point une grande partie de la France, suite aux atrocités de la grande guerre, était devenue viscéralement pacifiste. On savait, mais on ne voulait pas y croire...

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Charles-Audouin Pascaud

Dans ceux qui ont prévu la catastrophe hitlérienne, "en 1933 André Malraux avait été l'un des rares intellectuels français à déceler la nocivité essentielle et dénoncer la virulence de la peste nazie et à proclamer l'imminence de la guerre." (Lacouture, De Gaulle II). A l'époque Malraux était communiste.