La Saussaye a écrit :
Je me permets de reprendre la main (la souris ?) un instant ! Je sens que le Maréchal Marmont (notre Duc) va faire la grimace, hum ...
Quoique ce ne soit pas l'objet a priori central de notre propos commun, on m'a demandé par MP de revenir sur le Tsar et ce qu'il était devenu. Soit !
Le Tsar Nicolas II a été de 1914 à 1917, et le point de convergence, et le maillon faible.
Absolument convaincu de son statut d'autocrate dans une Russie qui branlait de plus en plus dans le manche, il avait plus toléré qu'accompagné les tentatives de réforme de Stolypine.
Il est encore aujourd'hui assez difficile d'appréhender réellement dans quelle mesure, et à quel point, le Tsar était littéralement coupé de son peuple et des élites en train de se créer par l'écran opaque de la cour impériale et du cercle d'officiers supérieurs et généraux qu'il appréciait.
Les indices que l'on peut en avoir sont effrayants, et laissent à penser que Nicolas II était dans l'ignorance politique de ce que la Russie était en train de développer, comme une marmite qui bout, depuis 1905.
Ceci est la vision optimiste; la pessimiste est de supposer qu'il ait su ce qui ce passait dans son empire, et n'ait pas voulu prendre en considération les "remontées de méthane" qui arrivaient de partout, mêlant anarchisme, communisme révolutionnaire, velléités nationalistes des peuples intégrés de force à l'empire, etc ... et méprisant les efforts honnêtes de politiques libéraux tentant de trouver une solution par le constitutionnalisme.
Ces constitutionnalistes, délaissés par le Tsar, passés plus tard "au débit du compte" par les rouges, et méprisés par un occident libre de ses expressions et de ses débats politiques, ont peut-être été pour la Russie un rendez-vous raté avec sa propre histoire.
Toujours est-il qu'à l'été 1916, en Russie, il semblerait qu'il n'y ait plus grand monde de tsariste, ce qui en soi constitue quelque chose de gravissime dans un état monarchique, puis un empire, qui s'était toujours défini en référence au souverain.
D'après
Hélène Carrère d'Encausse,
Nicolas II était un tsar peu intéressé par la politique et sous la coupe de la tsarine, qu'il aimait profondément. Ce fut une sorte de tsar "bourgeois", plus intéressé par ses affaires privées que par celles de l'Etat russe. Ce qui peut expliquer la célérité avec laquelle il a abdiqué pour lui et son fils, début mars 1917, la dynastie
Romanov s'effondrant en deux jours, sans personne pour la défendre, ce qui traduit le divorce extrême entre le tsar et les élites russes.