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Message Publié : 21 Juil 2012 22:28 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Tietie006 a écrit :
La guerre civile russe est un sujet assez méconnu et qui n'a été que rarement traité par des historiens français. Personnellement, je n'avais qu'une très vague idée de ce conflit qui a été souvent instrumentalisé à des fins idéologiques et qui est peuplé de "mythes et de légendes" qui ont fait florès. Pour aborder ce thème, je me suis appuyé sur le livre de Dominique Venner, rédacteur en chef de la Nouvelle Revue d'Histoire, Les Blancs et les rouges, Histoire de la guerre civile russe, 1917-1921, édition Pygmalion, 1997, réédition chez les éditions du Rocher,

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et sur le livre de Jean-Jacques Marie, La guerre civile russe, éditions Autrement, 2005,

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Evidemment, le conflit russo-russe est aussi évoqué dans de nombreux ouvrages traitant de la révolution russe, dont je ne pourrais pas faire la liste exhaustive tant il y en a. Personnellement, je me suis aidé des biographies de Lénine par Hélène Carrère d'Encausse et Jean-Jacques Marie, ainsi que du dernier ouvrage sur La Révolution russe d'Orlando Figes,

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Evidemment, le sujet est un peu miné puisqu'il a influencé toute l'histoire du 20eme siècle et l'épisode a souvent été instrumentalisé par les uns et les autres à des fins politiques. Aujourd'hui, près de 100 après le conflit, avec la chute de l'URSS en 1991, il me semble que les passions se sont adoucies et qu'on peut porter un regard plus objectif sur cette guerre civile qui a enflammé les imaginations et qui s'est terminée par l'édification d'un régime qui aura marqué ce siècle.


Tietie,

je vous remerchie pour ce grand tableau de cette période. J'ai abordé le sujet en faisant des recherches pour un "what if" (quoi si) si Kerensky a conclu une armistice avec les Allemands.

J'ai lu comme Duc de Raguse le livre de Orlando Figes: "A people's tragedy: the Russian Revolution" en traduction néerlandaise. Et je vois maintenant que le livre que vous mentionez est la traduction en français:
http://www.russie.net/article4101.html
Je dois dire que je n'ai pas complètement lu l'ouvrage faute de temps. Seulement pour mon sujet: Kerensky...il y a six ans...
(on a encore le livre dans notre bibliothèque municipale)

Mais en plus j'ai trouvé aussi des renseignements dans le livre de Marc Ferro (pour qui j'ai une grande estime...j'ai suivi pendant des années ses "Histoires paralleles" toutes les semaines)
"La révolution de 1917"
J'avais lu dans la bibliothéque municipale les deux volumes de 1967 (aussi partiellement). Mais quand je voulais les consulter un peu plus tard de nouveau ils semblent avoir perdu les deux livres. Alors ils ont expressément pour moi! :wink: acheté le monovolume (en un tome) de Paris Albin Michel 1997.
Si vous pouvez retrouver encore le livre c'est peut-être une source additionelle...?

Encore une fois un grand merci pour tout le travail que vous avez fait lors de ce résumé historique de ce sujet.

Cordialement et avec grande estime,

Paul.


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Message Publié : 21 Juil 2012 22:42 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

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Duc de Raguse a écrit :
En fait mon cher tietie vous citez des ouvrages qui illustrent les trois écoles d'étude des révolutions russes : l'école marxiste (Marie), l'école libérale (Figes) et l'école conservatrice, pour ne pas dire monarchiste (Venner).
Ayant lu les trois ouvrages - comme vous visiblement - celui de Figes me semble le plus réaliste et le plus fouillé (même si depuis des critiques à un autre sujet ont été prodiguées concernant ses méthodes...).


Cher Duc,

"(même si depuis des critiques à un autre sujet ont été prodiguées concernant ses méthodes...)"

Est-ce que vous faites allusion ici aux deux sujets mentioné dans l'article suivant?
http://www.guardian.co.uk/books/2012/ma ... ion-russia

Cordialement et avec grande estime,

Paul.


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Message Publié : 22 Juil 2012 19:15 
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Bonsoir mon cher Paul,

Effectivement, vous touchez bien du doigt le fond du problème de Figes. Même s'il me paraît tout de même sérieux sur l'ensemble, il a pris visiblement des libertés qui n'auraient pas dû l'être... :-|

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Message Publié : 23 Juil 2012 10:10 
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Un article intéressant de Nicolas Werth, qui résume la guerre civile russe :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_2004_num_23_2_2416

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Message Publié : 21 Août 2012 15:26 
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Eginhard
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La fameuse Légion Tchèque durant la guerre civile russe, enflamma les imaginations, en Europe, durant le conflit.


1°) Les origines de la Légion.

A l'origine, la Légion Tchèque est une curieuse unité militaire, constituée, à l'époque de Kerenski, avec des prisonniers tchèques de l'armée austro-hongroise et des déserteurs de cette même armée. Après la paix de Brest-Litovsk, les bolcheviks, avec l'accord des alliés, s'engagent à transporter les 42 000 hommes de cette Légion par le transsibérien jusqu'à Vladivostok, pour les évacuer en Europe Occidentale.
Mais la situation en Sibérie Orientale reste très confuse. Entre les raids de l'ataman Semenov, seigneur de la guerre, agissant pour le compte des japonais, qui aimerait annexer la région de Transbaïkalie, et le débarquement d'un petit corps expéditionnaire anglais de 300 soldats, à Vladivostok, début avril 1918, pour garder un stock d'armes anglaises destiné à la Russie et jamais payé, le pouvoir bolchevik craint une action japonaise dans la région et fait donc traîner l'acheminement des tchèques, qui sont éparpillés le long du transsibérien.
Mais les tchèques en ont un peu marre de mariner dans les vases steppes, et un incident avec des prisonniers hongrois, en mai 1918, à Tcheliabinsk, va mettre le feu aux poudres.

2°) La Légion Tchèque contre les bolcheviks.

Devant le grabuge des tchèques à Tcheliabinsk, Trotsky, le 25 mai, émet un décret pour désarmer la légion ... action non-obligatoire qui va lui aliéner la Légion. Car cette dernière ne rêvait que d'une chose, embarquer à Vladivostok pour rejoindre la future terre promise, la Tchécoslovaquie. Sous l'impulsion du capitaine Gadja, chef du 7eme régiment de la LT, le 27 mai 1918, les tchèques investissent la garnison rouge de Tcheliasbinsk, puis vont s'emparer des villes le long du Transsibérien, jusqu'à Kazan, à 1 000 kilomètres vers l'Ouest, où la Banque de Russie a entreposé son magot, constitué de 80 millions de livre sterling.

Les tchèques sont alors divisés en 3 forces:

- Un groupe qui est arrivé à Vladivostok, en juin 1918, commandée par un officier russe d'ascendance tchèque, le général Dietrichs, qui renonce à s'embarquer vers l'Europe pour venir à la rescousse des autres forces de la Légion.

- Un autre groupe échelonné le long du transsibérien, du lac Baïkal à Omsk. Son objectif est de s'emparer d'Irkoutsk, bastion bolchevik. Il contrôle 40 tunnels dans la région du Baïkal. Il est commandé par le capitaine, puis général Gadja.

- enfin, le troisième groupe, commandé par le général Tchetchek, se trouve très à l'Ouest, dans le bassin de la Volga. C'est ce groupe qui après avoir investi Samara a permis la création d'un gouvernement Socialiste-Révolutionnaire.

De Tcheliabinsk à Vladivostok, il y a 7 260 kilomètres, et les tchèques sont éparpillés tout le long du transsibérien. Rapidement, dès le 26 juin 1918, les alliés prennent conscience qu'au lieu d'un réembarquement fort incertain à Vladivostok, la Légion Tchèque serait plus utile, en Russie, contre les bolcheviks, qui ont trahi la cause alliée.
Le 7 juillet 1918, les chefs de la LT décident donc de rester en Russie et de combattre les bolcheviks, avec les forces blanches, comptant sur une intervention militaire alliée.
D'ailleurs, peu après, un embryon d'armée blanche, s'appuyant sur des troupes de la LT s'emparera de Ekaterinbourg, ce qui justifiera, le massacre de la famille impériale, le 16 juillet.

3°) La lente dissolution de la Légion.

Le Conseil National Tchèque va mobiliser les énergies pour sauver cette Légion, en la réembarquant ou en l'armant. Le 6 juillet 1918, le Président Wilson décide d'envoyer un corps expéditionnaire américain à Vladivostok pour sauver la Légion. 7000 soldats américains commandés par le Général Graves, venant d'Honolulu, débarqueront dans le port sibérien, mais ils n'en bougeront jamais !
La France enverra le général Janin, avec le titre de commandant de la Légion Tchèque, mais celui-ci s'entendra toujours très mal avec l'amiral Koltchak, chef des forces blanches de Sibérie, mais considéré comme l'homme des anglais, par le français.
En septembre 1918, l'armée rouge avait déjà repris Kazan, et le 8 octobre, les blancs durent évacuer Samara. Le 20 octobre, les régiments de la 1re division tchèque se mutinent et la 2eme division va suivre. La situation est calamiteuse pour ces tchèques, dans ces immensités russes, car ils ne sont pas ravitaillés.

Désormais, les tchèques, en pleine débandade, seront juste utilisés pour contrôler le transsibérien.

Le 15 octobre 1918, l'amiral Koltchak arrive à Omsk, le 18 novembre, il devient le chef des armées blanches en Sibérie. L'amiral compte sur les tchèques, mais ceux-ci sont complètement démoralisés, surtout que le 28 octobre 1918, la Tchécoslovaquie est née et qu'ils ne rêvent que de retourner dans leur nouveau pays.
Après la déroute des forces blanches de Sibérie devant l'armée rouge commandée par Frounzé, à partir d'avril 1919, Koltchak évacuera sa capitale, Omsk, pour Irkoutsk et "protégé" par des tchèques. Mais la région de Transbaïkalie est désormais contrôlé par les rouges et les tchèques, le 13 janvier 1920, accepteront de livrer l'amiral aux bolcheviks.

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Message Publié : 14 Nov 2012 23:53 
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Duc de Raguse a écrit :
Si je ne m'abuse le fait que la plupart des officiers supérieurs et secondaires de l'armée tsariste passent armes et bagages du côté des bolcheviques n'est pas à négliger. Ils formeront d'ailleurs la base de la future armée rouge.
On oublie souvent ce fait, pensant qu'ils sont tous allés rejoindre les "blancs", rien de plus faux.
Sans cela même les talents de Trotski n'auraient pas suffit à contenir les armées occidentales...


Je remonte le fil en mettant en exergue cette très intéressante remarque de notre Duc-à-nous-qu'on-aime !

Blague à part, la réflexion de Duc de Raguse est à analyser sous deux angles.

C'est une erreur de mettre en doute les talents de Trotsky lorsque précisément on évoque le renvoi sous les armes des officiers des anciennes armées impériales. C'est en effet lui qui en eut l'idée, seul contre tous au sein du parti.

Certains de ces officiers se rallièrent par ambition, certains par opinions, pas mal par immobilisme (restant au service, quelque soit le gouvernement). Pour les autres, Trotsky décida de prendre les familles en otage par un principe simple : "tu te bats avec nous ou nous tuons toute ta famille".

Il fallait à tout prix encadrer une armée rouge inexistante dans les mois de janvier à juin 1918.

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"Notre époque, qui est celle des grands reniements idéologiques, est aussi pour les historiens celle des révisions minutieuses et de l'introduction de la nuance en toutes choses".

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Message Publié : 15 Nov 2012 0:00 
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Trotsky avait compris tout de suite que ce n'étaient pas les petits rigolos de Kronstadt, qui avaient fait les fiers quand il s'agissait de tuer leurs officiers, ni le soviet de la garnison de Petrograd (170 000 hommes) qui avait fait la révolution pour ne pas se battre, qui allaient sauver la révolution.

Il fallait, en quelques mois, reprendre le contrôle de régions entières qui commençaient à basculer dans l'insurrection, et surtout créer, à l'encontre des mots d'ordre du parti, un outil de guerre, une armée.

Le désastre des gardes rouges face aux finnois du général Mannerheim en aavril-mai 1918 permet à Lénine de réaliser que Trotsky a raison quand il déclare qu'une armée doit obéir à des règles internes ... militaires !

Trotsky recrée alors à force, dans la jeune et embryonnaire armée rouge, la discipline de l'ancien régime. Il rameute, volontairement ou de force, des milliers d'officiers de l'ancienne armée, il met au point le système bipolaire du "spets", le "spécialiste", l'officier, accompagné et contrôlé par le commissaire politique.

Il met en place en moins de trois mois douze armées, réparties à l'échelle d'un continent, du Kouban aux lisières sibériennes, à la Finlande.

La plupart de ces armées sont aussi impressionnantes que les armées blanches : entre huit et quinze mille hommes, sauf dans le sud, ou les 11ème et 12ème armées regroupent plus de cent mille hommmes.

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Message Publié : 15 Nov 2012 0:08 
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Ensuite, il faut garder à l'esprit un fait qui explique entre autres la victoire finale des armées rouges.

Sans épiloguer sur l'aspect stratégique d'une guerre continentale menée le long des voies ferrées, dans laquelle l'armée rouge tenait les lignes intérieures, revenons un instant au propos de départ de notre duc sur ces officiers ex-tsaristes (pour autant qu'ils l'aient encore été en 1917) formant l'encadrement de la toute première armée rouge.

Je vais citer à gros bords les souvenirs de Trotsky lui-même, dans "ma vie".

En 1920, avant un plénum, Lénine lui fait une scène sur l'idée imbécile qu'il a eu de mobiliser des officiers de l'ancienne armée, car plusieurs désertions d'officiers de haut rang font flipper le Soviet.
Lénine veut alors donner l'ordre de liquidation générale (c'est prématuré, ils seront massacrés après la victoire, en 1922).

Trotsky, un peu embêté quand même, doit alors dévoiler à Lénine ce qu'il avait soigneusement masqué depuis 18 mois : ces officiers sont ... 30 000 dans l'armée rouge !

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Message Publié : 15 Nov 2012 0:14 
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Surpris pour le moins, Lénine reconnaît alors que ce serait un peu difficile de tous les éliminer tout de suite, compte tenu du fait qu'il réalise qu'ils constituent la quasi-totalité de l'encadrement des armées rouges.

C'est là que ça devient intéressant : 30 000 officiers de l'ancienne armée encadraient les armées rouges, moins de 8 000 s'étaient ralliés aux différentes armées blanches.

Il est aussi à noter, en épilogue, que peu de ces officiers étaient les caricatures auxquelles on pense en général : comme en France et en Allemagne, les officiers de carrière d'avant 1914 s'étaient fait massacrés dans les premiers mois de la guerre.

L'immense majorité des officiers russes de 1917 étaient de jeunes cadets à peine sortis d'école; leurs anciens avaient moins de trente ans et étaient déjà des survivants de l'enfer.

C'est ainsi que, lors de la guerre civile, pour quelques généraux de haut rang, on trouve des garçons, lieutenants en 1914, devenus généraux en 1920 dans les deux camps.

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Message Publié : 15 Nov 2012 0:44 
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Citer :
cette très intéressante remarque de notre Duc-à-nous-qu'on-aime !

Aucun besoin d'avancer pareils sentiments pour réaliser une analyse critiques d'une mienne remarque... :wink:
Plus sérieusement, je ne souhaitais nullement minorer les talents de Trotsky, mais bien nuancer en rappelant que de nombreux officiers de l'armée impériale avaient rallié l'armée bolchevique et que sans eux, les victoires "rouges" auraient été plus délicates.
Pour le reste, vos messages me paraissent parfaitement pertinents et ont le mérite d'aller plus loin que ma remarque, pour le moins générale.

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Message Publié : 15 Nov 2012 17:37 
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La Saussaye a écrit :
L'immense majorité des officiers russes de 1917 étaient de jeunes cadets à peine sortis d'école; leurs anciens avaient moins de trente ans et étaient déjà des survivants de l'enfer.

C'est d'ailleurs le fait que ces nouveaux officiers de l'armée bolchévique soient des novices militaires (sous-officiers dans leur grande majorité, quelques officiers de début de carrière en minorité) qui a permis l'installation par Lénine et Trotsky d'un commissariat politique au sommet de la hiérarchie militaire.

La Saussaye a écrit :
Certains de ces officiers se rallièrent par ambition, certains par opinions, pas mal par immobilisme (restant au service, quelque soit le gouvernement). Pour les autres, Trotsky décida de prendre les familles en otage par un principe simple : "tu te bats avec nous ou nous tuons toute ta famille".

J'avais connaissance de pareilles menaces à l'égard des hommes du rang, mais pas à l'égard des officiers.
Après le décret de juin 1918 (sur l'enrôlement militaire obligatoire), Lénine met en place cette politique de menace, dite de la responsabilité collective.

La Saussaye a écrit :
C'est ainsi que, lors de la guerre civile, pour quelques généraux de haut rang, on trouve des garçons, lieutenants en 1914, devenus généraux en 1920 dans les deux camps.

Du côté de l'Armée rouge, Trotsky impose des services d'alphabétisation et d'instruction civique aux troupes et aux officiers.
D'une certaine manière, l'armée devient un lieu de promotion sociale et permet la sélection des hommes du rang et des officiers les plus portés à la chose politique. Les sous-officiers de l'ancien empire sont nombreux dans cette position et leur adhésion à la politique communiste (qui apparaît plus comme une promotion que comme un idéal) est facilité par leur maîtrise de l'écriture.

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Message Publié : 20 Nov 2012 14:22 
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Grégoire de Tours
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N'oublions pas dans les motivations des officiers les pertes énormes de l'offensive Broussilov :charges de cavalerie décimée ,infanterie sans armement(on parle d'un million de morts) en 17.Broussilov lui meme s'oppose ouvertement au Tsar et à la cour impériale dominée par un Raspoutine.Effectivement l'historiographie bolchévique a réécrit complétement cette période en oubliant que l'armée avait laché le trône.


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Message Publié : 20 Nov 2012 14:53 
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ALEXANDRE 1ER a écrit :
N'oublions pas dans les motivations des officiers les pertes énormes de l'offensive Broussilov :charges de cavalerie décimée ,infanterie sans armement(on parle d'un million de morts) en 17.Broussilov lui meme s'oppose ouvertement au Tsar et à la cour impériale dominée par un Raspoutine.Effectivement l'historiographie bolchévique a réécrit complétement cette période en oubliant que l'armée avait laché le trône.

Je pense que la question est plutôt : l'armée impériale a -t-elle abandonné Nicolas II ou le tsarisme ?
Je ne suis pas si sûr que vous que le corps des officiers de l'armée impériale a rejeté la forme politique du tsarisme. Par contre, ce qui me semble évident, c'est que la figure de Nicolas II n'était guère appréciée dans ces cercles militaires et que le vide laissé par son abdication a empêché toute construction d'une unité des impérialistes au sein du corps des anciens officiers de l'armée impériale.

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Message Publié : 20 Nov 2012 15:41 
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Vous posez la bonne question. Il me semble que ce soit bien la personne de Nicolas II qui ait été abandonnée par les cadres de l'armée impériale russe : ce sont eux qui le poussent à l'abdication.
De toute manière - et c'est là que réside le drame pour la Russie -, la forme du gouvernement et les élections sont repoussées par le gouvernement provisoire (Lvov puis Kerensky) à la signature de la paix.
Par ailleurs, ces gouvernements provisoires s'amusent à saper l'organisation des cadres de l'armée russe par un jeu de chaises musicales, particulièrement désagréable et le corps des sous-officiers (ce qui manque le plus à l'armée russe depuis les années 1880) continue de se réduire, pour ne laisser qu'une majorité hostile à la guerre et au pouvoir en place, n'assurant plus la continuité dans la chaîne de commandement. Remarquez, ce n'est pas neuf, l'offensive de Broussilov de 1916 - qui coûta environ 500 000 hommes aux Russes (et non plus d'un million !) - avait été l'amorce de ce problème de renouvellement de loyauté chez les soldats, sous-officiers et même les officiers. Ce qui explique grandement l'échec de l'offensive de 1917 et le jeu personnel de certains officiers supérieurs comme Kornilov.
Dans une armée déjà très mécontente - avant 1914 déjà - d'être abandonnée par le Tsar, voire humiliée (le phénomène Raspoutine n'était qu'une partie visible de l'iceberg), 1917 parachève la décomposition d'un système, fortement malmené depuis la guerre russo-japonaise perdue.
Broussilov, lui-même, rejoint les bolcheviques en 1918, qui en ont bien besoin...

Citer :
charges de cavalerie décimée ,infanterie sans armement

Je vois que les clichés ont la vie dure... Nous ne sommes pas à Stalingrad en 1942, où il y a un fusil pour deux ou trois ! Si quelque chose ne manque pas aux corps d'armées de Broussilov, ce sont bien les fusils français... :mrgreen:
On ne gagne pas l'équivalent d'un territoire aussi grand que la moitié de la France avec des sabres et des pistolets non chargés !

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Message Publié : 20 Nov 2012 16:47 
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Duc de Raguse a écrit :
Il me semble que ce soit bien la personne de Nicolas II qui ait été abandonnée par les cadres de l'armée impériale russe : ce sont eux qui le poussent à l'abdication.

D'ailleurs, la Stavka, c'est-à-dire l'état-major des armées russes, est le relais de cette demande d'abdication des officiers supérieurs. Pendant l'année 1916, elle consulte la plupart des grands officiers sur la politique militaire du Tsar et interroge leur ralliement à un des autres grands de l'empire de Russie. Entre l'abdication du Tsar, en février 1917, et la révolution bolchévique, au mois d'octobre 1917, la Stavka est demeurée le relais diplomatique de la Russie vers les Alliés du Traité de Londres, parce qu'elle constituait le verrou de toute nouvelle politique.

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