Je me permets de profiter du fil pour vous faire subir ma propre "écriture" de la guerre civile (
) :
Comment une armée de plusieurs millions d'hommes s'est lentement effondrée sur elle-même en emportant dans son naufrage toute une société et le régime qui allait de moins en moins avec ?
Comment une dynastie qui, en 1909 lors du bicentenaire de la bataille de Poltava voyait remonter vers elle la ferveur d'un peuple de 150 millions d'êtres humains, s'est retrouvée honnie et abandonnée de tous huit ans plus tard ?
Comment ce que les économistes américains considéraient avec angoisse comme la grande puissance mondiale des années 1940 s'est effondrée dans le sang et la révolution mondiale à usage interne ?
En 1914, la russie est convalescente.
Elle se remet lentement de deux chocs majeurs qui ont remis en cause, et la confiance qu'elle avait en elle-même, et celle qu'elle nourrissait de principe dans son souverain : la guerre russo-japonaise et la révolution qui l'a suivi immédiatement.
La guerre russo-japonaise (1904-1905) a été un désastre.
Le général Kouropatkine et son armée se sont fait désintégrer par les divisions japonaises du général Nogi en Mandchourie.
L'amiral Rojestvenski et sa flotte ont été annihilés à Tsushima par l'amiral Togo.
Cependant que les japonais s'emparent de la Mandchourie et mettent le pied en Asie continentale pour le plus grand malheur futur des uns et des autres, la Grande Russie est ébranlée dans ses fondements par les désastres subis si loin, là-bas dans l'extrême-orient de l'empire, par les armées de terre - plus de 300 000 hommes envoyés sur place par le Transibérien - et la flotte de la Baltique qui, après un tour du monde unique à ce jour, est venue se faire massacrer en trente minutes par la jeune flotte de guerre cuirassée japonaise.