Tonnerre a écrit :
Les détails donnés sur Heydrich sont extraits d'un ouvrage d'un historien anglais des plus sérieux, Callum MacDonald (voir sa bio ci dessous)
Je me suis mal exprimée. Je ne mets aucunement en doute la qualité du livre mais je crois avoir compris pour l'essentiel, la vie sexuelle débridée de RH. Je ne vois pas en quoi sa vie privée impacte sur un attentat préparé. Les résistants tchèques devait bien se ficher de la libido du Reichprotektor.
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d'une part, il s'agit d'éclairer certains aspects de la personnalité complexe de Heydrich: il n'est pas indifférent, pour la compréhension du personnage, de mentionner son sadisme dans sa vie privée, car sa cruauté exceptionnelle en tant que chef SS n'en est que le prolongement.
Sur ce fil, j'imagine que les intéressés connaissent déjà le personnage. On ne peut faire de parallèles sans risquer de dériver. Eichmann avait une vie de famille bien rangée, ceci peut-il servir à le dédouaner ? Va-t-on lui trouver des ascendances juives à la sonorité de son patronyme, ce qui "
pourrait" expliquer etc. ?
Il y a un dangereux risque dans cet exercice, c'est -au final- trouver des circonstances atténuantes pour ce qui a été fait.
"
sadisme dans la vie privée" ? Nulle trace de sadisme vis à vis de son épouse. Maintenant que l'homme se lâche dans des endroits ad-hoc : rien de bien étonnant. Nous voyons suffisamment de faits divers pour comprendre que les pulsions quelles qu'elles soient sont démultipliées avec un sentiment de toute puissance allié à l'incapacité de l'autre à se défendre. Il eut suffit de dire que RH était un "prédateur sexuel" et je puis imaginer le reste, le quidam est tout de même connu.
Le risque de rester sur ces détails n'apporte rien sur l'ascension de RH au sein du parti, pour un peu on se contenterait de le classer comme les SK de notre temps ni moins ni plus. Est-ce le manque d'informations concernant la carrière de RH qui fait que nous en sommes à décortiquer ses pulsions connues de tous ? Ceci dit il n'y a pas forcément chez ce genre d'individu une corrélation entre l'enfance et les actes commis en tant qu'adulte. Ce serait faire un raccourci et ignorant tout de ses relations familiales, on ne peut brosser un portrait "
psychologique". Aurait-il été choyé par sa mère que nous devrions y voir un sentiment de castration qu'il compenserait par un débordement sexuel, ascendant sadique : avec ce style de raisonnement nous allons droit dans le mur.
Tant que nous ignorons les rapports de RH dans l'enfance au sein de la sphère familiale -éléments psychologiquement fondateurs, au final nous partons sur des bases tronquées.
Pour les hommes "
modernes", un fil peut être créé. Ceci n'est pas nouveau et n'a rien d'historique tant que cette dérive n'impacte pas sur la mission politique donnée. Il est des tribunaux pour ce genre de choses, on a pu le voir récemment. Vu le contexte de l'époque, tromper son épouse n'a rien de sadique pas plus que de se lâcher dans un lieu ad-hoc. Les sources ? Des femmes tarifées qui ne souhaitent pas avoir RH comme client... On pouvait un peu s'en douter.
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il s'agit aussi de mettre en évidence, pour Heydrich comme d'ailleurs pour des hommes politiques modernes
Nous savons tous que nul besoin du nazisme pour transgresser un message politique. En ceci RH n'est pas un cas isolé.
Jai l'impression d'un sujet de départ qui glisse vers notre temps avec des C/C un peu énormes. Quant aux journalisme d'investigation dans ce domaine, c'est pain béni : le sexe fera toujours vendre ; ne cherchons donc pas de démarche historique.
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On ne fait pas de la bonne recherche historique ni du bon journalisme si, par pudibonderie ou autre, on décide que certains détails privés, qui ont une pertinence politique où éclairent les événements étudiés, doivent être caviardés.
Il ne s'agit pas de pudibonderie mais le trop plein de détails croustillants n'apporte rien à l'historicité du personnage. Je ne vois pas en quoi "
fouetter une femme dans une maison close " impacte sur la pertinence politique. Faire un parallèle entre le comportement dans un bordel et Wannsee est pour moi totalement déplacé historiquement parlant.
Comme le mentionnait Narduccio, de nos jours -puisqu'en filigrane il en est manifestement question- certaines femmes sont bien consentantes et s'offrent sans même savoir ce qui peut éventuellement les attendre. Maintenant je ne vois pas de quelle version "
officielle" vous parlez. RH n'est jamais passé pour un parangon de vertu, n'est-ce pas ce qui est démontré déjà dans le titre du sujet ?
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On parlait sur un autre fil de Kennedy, de la starisation qui l'a entouré de son vivant, de l'idolatrie des medias à son égard
J'ai vécu cette époque. Nulle starisation de son vivant : il était jeune, bel homme avec une ravissante épouse, tout semblait sourire à cette famille etc. Je me souviens de l'assassinat. Outre la rumeur immédiate que LHO ne pouvait avoir agi seul, des bruits ont couru sur des rapports délétères avec Johnson, le texan : il n'en a pas fallu plus pour inclure à cette époque -journalistes aidant- le nouveau président dans un éventuel complot : Dallas est bien au Texas...
Je me souviens du scandale soulevé par le remariage de Jacqueline Bouvier-Kennedy. Nous savons maintenant qu'elle-même a souhaité que certains films, écrits familiaux concernant la vie intime de JFK ne soient pas divulgués. Elle a sciemment voulu laisser une image "
classe" pour ce qui la concernait estimant que le reste appartenait à sa vie de couple. Maintenant nous en savons un peu plus mais toujours dans le même domaine. Ceci devient lassant. De plus un traitement pour son dos avait -je crois- pour conséquence une forte libido mais ceci n'excuse en rien les dérives d'une négligence incroyable avec des filles envoyées par la mafia ou des femmes connues pour être des sources de renseignements de l'Est. Hoover pouvait dicter ses conditions et en ceci, la vie privée de JFK impacte sur l'histoire politique des USA. On est effaré de voir en pleine guerre froide, les agissements de ce président qui se retrouve pieds et poings liés face au chef du FBI qui remet à sa place le ministre de la justice grâce à des dossiers compromettants. Mais dans ces années je n'ai pas souvenir d'avoir entendu un historien nous recadrer. Pour les journalistes, clouer Jacqueline Bouvier-Kennedy au pilori était la ligne directrice, alors le journalisme d'investigation historique...
Pour revenir à RH personne ne se rend coupable de fraude. J'étais encore bien jeune -trop peut-être- lorsque le nom de cet homme est devenu source de discussions. Là encore, ses relations avec les femmes ne semblaient pas être le pivot du sujet mais plutôt son ascension fulgurante et ce qu'il représentait, plus au physique d'ailleurs que pour le reste. C'était l'archétype de l'aryen, le "
vrai" nazi, doué en tout et pour tout.
La vie privée n'était pas à l'ordre du jour. Dans ces temps, accumuler les conquêtes était plutôt flatteur : on était loin de la brutalité épaisse des SA, de Röhm et de son penchant pour les hommes : ceci était donc presque un bon point pour ce nouvel ordre. Dans ces années, concernant la "
Solution finale", Eichmann semblait être le pourvoyeur en chef de la politique ouvertement annoncée dans "
Mein Kampf". Avec l'épisode du procès à Jérusalem, RH semblait presque absent.
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Pour revenir à Heydrich, il est intéressant de noter que l'amiral Raeder, devenu amiral de la Flotte et maître de la Kriegsmarine, et qui a joué un rôle direct dans son renvoi de la Marine, a progressivement perdu son influence dans les sphères dirigeantes nazies pour finir par donner sa démission en 43.
Ceci est intéressant car j'ignorais que Raeder se soit opposé aux projets militaires du Führeur. J'imagine que RH a certainement contribué à cette perte d'influence. On peut voir sa rancoeur face à Canaris et les moyens mis en œuvre pour décrédibiliser le "
petit amiral". La pilule était mal passée, alors Raeder... Il finira à droite de Dönitz sur les bancs de Nüremberg et pendu lui-aussi, la différence sera la corde : on évitera la corde à piano... J'ai toujours eu un peu de mal avec cet attentat et certains de ses participants.