De Gaulle dans ses mémoires :"Il faut dire que beaucoup voulaient voir l'ennemi à Moscou plutôt qu'à Berlin." (Citation approximative.)
Pendant la drôle de guerre, cet état-major fait des plans pour débarquer en Finlande un corps expéditionnaire contre les Russes (en plein hiver !) ou pour aller bombarder Bakou en passant par l'Iran. Ce que Lacouture qualifie de "rêves de Picrocoles d'état-major". Rien contre l'Allemagne ! (au passage, ce soutien à la Finlande est annulé par l'accord de paix signé entre la Finlande et la Russie, mais en déclarant la guerre à Moscou on risquait se retrouver en 41 alliés des Allemands sur le front de l'est...)
Sur le risque de sédition armée interne, il ne faudrait tout de même pas exagérer. Les spartakistes avaient des armes et des soldats, les bolcheviks aussi, le PCF n'en avait pas. Certes, c'est la défaite qui a armé les deux premiers. On peut donc à l'extrême rigueur comprendre le souci de Weygand, général vaincu, pour que les Allemands lui laissent de quoi maintenir l'ordre, encore qu'à la même époque un certain De Gaulle a des préoccupations plus élevées en tête. Et d'ailleurs, peut-on imaginer au cours de la défaite une tentative de putsch des communistes, alors que l'armée allemande est à deux pas, et en force ? Staline n'est pas idiot et ne va pas provoquer les Allemands pour une tentative condamnée d'avance. De plus les gros bataillons de soldats découragés qu'on imagine se révolter (contre Pétain ???) sont en route vers des stammlags...
En 1939 le risque de putsch communiste est nul. On peut craindre la propagande interne des soldats communistes (lesquels n'ont pas franchement pris le virage de l'alliance avec Hitler, loin de là, mais peuvent se reconnaître dans la dénonciation des profiteurs de guerre capitalistes, un thème déjà présent en 1917) mais les témoignages d'époque ne reflètent pas une propagande massive et on ne peut pas dire que la prévôté arrête à tour de bras des soldats communistes fanatisés. Il y a certainement une influence diffuse, mais elle est nécessairement discrète et impossible à mesurer. Staline ayant trahi pour s'allier avec l'Allemagne, je ne suis pas certain que la propagande communiste soit très bien accueillie dans les unités. (et d'ailleurs, ce risque serait limité si on entraînait les soldats au combat qui les attend, occasion d'une prise de conscience salutaire, au lieu de les laisser végéter. S'ils avaient des chefs, en somme.)
Weygand, encore :"Je n'ai pas eu les Allemands, mais au moins j'ai eu le régime !" (propos dégoûtant dans la bouche d'un général vaincu. En voilà un beau motif de gloire !) Qui est séditieux ?
_________________ Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)
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