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Message Publié : 16 Juin 2014 11:41 
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Je pense qu'on sous-estime grandement la culture "anti-insurrectionnelle" (dans le sens : dans le but de contrer les insurrections urbaines des grandes agglomérations ayant une forte proportion d'ouvriers comme Paris et Lyon) des militaires français dans la première moitié du XXe siècle.

En 1873, l'armée française n'est pas créée ex nihilo. Elle utilise des cadres majoritairement bonapartistes ou monarchistes, très marqués par les incidents du camp de Châlons de juillet 1870 (une mutinerie impliquant les mobiles de la Seine, c'est-à-dire de Paris) ou par le "coup de poignard dans le dos" de la Commune et sa répression impitoyable. Qui plus est, si elle se dote de nouvelles structures, elle n'en oublie pas certains réflexes comme l'attribution à Paris et Lyon de structures de commandement militaires spécifiques dénotant bel et bien la sensibilité de ces villes (loi du 5 janvier 1875 portant organisation des commandements supérieurs de Paris et de Lyon). Cette culture est donc véhiculée et pas oubliée. Même en 1914, qu'y a-t-il derrière le "camp retranché de Paris" confié à Galliéni ? Galliéni est sans doute vu comme un nouveau Trochu si le besoin s'en fait sentir, mais surtout, Paris est mis en état de défense extérieure et intérieure.

En 1939, pourquoi cela aurait-il changé, alors que le marxisme est devenu l'une des premières forces politiques nationales et qu'on a tout lieu de craindre un manque de patriotisme de citoyens qu'on sait travaillés par les ordres du Komintern ?
Si les troupes dévolues à la surveillance de la capitale sont limitées, tant numériquement que dans le temps, et que cela n'a donc qu'un impact très relatif sur les opérations, il n'empêche que ce réflexe ne doit pas être sous-estimé (ni en 1939, ni même en 1914, même si en 1914 il a très vite été étouffé sous la ferveur patriotique).

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Message Publié : 16 Juin 2014 12:08 
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Marc Bloch
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Peut-être un peu dans la même optique, j'avais été étonné de voir qu'il y avait, entre les deux guerres, des régiments d'infanterie coloniale en plein Paris ou la banlieue très proche. Sans preuve j'avais formulé l'hypothèse que cette implantation de soldats de métier n'était pas un hasard et pouvait aider à maintenir l'ordre si besoin était.
Une recherche sur Google m'a indiqué que la 3°DIC (division d'infanterie coloniale)était centrée sur Paris.Les casernes dans Paris et banlieue sont :les Tourelles ( où est à présent la DGSE), Clignancourt, Lourcines,l'Ecole militaire,le fort d'Ivry,le fort de Villeneuve Saint-Georges,Rueil.

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Message Publié : 16 Juin 2014 15:19 
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Inscription : 20 Déc 2008 14:01
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Les "forces mobiles" sont effectivement considérées comme étant l'ultima ratio pour beaucoup de cas de figure. Celui d'une insurrection ouvrière dans les banlieues orientales de la capitale en est très certainement l'un (de même, la création de la Région militaire de Paris en 1928 à partir du commandement supérieur des troupes coloniales en métropole n'est-elle peut-être pas innocente...).

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Message Publié : 16 Juin 2014 18:42 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Sur un autre plan que le risque d'insurrection, qui est réel à mon avis, dans la mesure du temps, voici comment Berstein et Milza traduisent dans leur manuel d'histoire du 20è siècle, l'égarement profond des esprits en 1939, un égarement qui explique en partie les hésitations de l'Etat-Major à engager une vraie guerre en 1939 et 1940 et qui le paralyse (mon analyse).
" L'atmosphère de haine passionnelle qui a marqué l'époque du Front populaire ( une atmosphère de "guerre civile larvée"), ne disparait pas avec l'échec de celui-ci (l'activité économique n'a pas en 1939 retrouvé son niveau de 1930). A telle enseigne que le danger externe loin de réaliser le rapprochement des français, leur sert souvent d'argument dans leurs querelles politiques ...
En effet la société reste marquée par le traumatisme de la Première guerre mondiale et elle manifeste quelle que soit son opinion, un refus viscéral de la guerre....
Divisée, profondément profondément pacifiste, la France n'est pas moralement prête à faire la guerre".

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 16 Juin 2014 18:56 
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Je ne suis pas convaincu que l'état-major entre dans le conflit à ce point à reculons. Si on n'est pas dans le déni et le fantasme de juillet 1870, ni dans l'enthousiasme extrême d'août 1914, l'état-major initie la guerre avec ordre et méthode.
On peut distinguer ses craintes contingentes, en septembre 1939, aux points suivants :
1) le processus de mobilisation et de concentration sous la protection de la ligne fortifiée frontalière et des troupes de couverture, qui a la priorité absolue et dans laquelle réside les plus grosses appréhensions ; à noter qu'une partie des inquiétudes françaises vient de l'incertitude, fin août 1939, du déploiement des unités stationnées dans les colonies et faisant partie du lot métropole ;
2) l'insertion de la British Expeditionary Force dans la ligne de bataille, plus largement la mise en place d'une structure de commandement unifiée et du blocus de l'Allemagne ;
3) la clarification des intentions des voisins (espagnols et italiens en premier lieu, sur le territoire métropolitain et dans les colonies) ;
4) le maintien de l'ordre en métropole (cf. les exemples donnés ci-dessous) et dans les colonies (en particulier en AFN, avec la mise sur pied de nombreuses divisions dites "de protection") ;
5) l'adaptation de l'outil aux premiers enseignements de la campagne de Pologne (mise sur pied de deux brigades cuirassées le 7 septembre) et le lancement d'une opération limitée destinée à soulager les Polonais (opération "Sarre" lancée le 8 septembre).

Les quatre premiers points sont rapidement clarifiés (la mobilisation s'achève le 22 septembre sans aucun accroc ; la BEF déploie en France l'intégralité de ses moyens sans accroc non plus ; les Espagnols et les Italiens ne montrent pas d'intentions immédiatement belliqueuses, ce qui permet de diminuer la présence militaire sur les frontières sud-ouest et sud-est au profite du théâtre d'opérations du nord-est, et même plus tard de prélever des divisions destinées à la protection de l'AFN au profit de la métropole ; les unités censées "surveiller" Paris sont envoyées dans la zone des armées à la toute fin de l'automne, tandis que plusieurs des divisions "de protection" sont dissoutes et leurs éléments envoyés en métropole), le dernier paraît secondaire. Fin septembre, l'état-major doit être convaincu d'avoir réalisé une excellente affaire.

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Message Publié : 16 Juin 2014 20:04 
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Je suis frappé par le côté quasi administratif de ces soucis de l'état-major.

Mis à part les interrogations sur l'Espagne et l'Italie (mais tant que la Wehrmacht est occupée ailleurs, on imagine mal ces deux pays se lancer dans des aventures guerrières immédiates) et le lancement de l'opération sur la Sarre, le reste relève de la simple mise en place, dont on imagine l'ampleur mais qui constitue le moins qu'on puisse attendre d'une armée comme celle de la France.

En somme l'état-major est satisfait que tout se passe bien... alors que l'ennemi n'a pas pris position en face (je simplifie) et que cela se fait au prix de l'écrasement - sans compensation - de la Pologne.

Une remarque plus en lien avec le sujet : "pacifisme généralisé", c'est entendu, mais il ne semble pas qu'il y ait eu beaucoup plus de réfractaires qu'en août 14. Je me trompe, sur ce point ?

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Message Publié : 16 Juin 2014 21:17 
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Je pense que le simple fait de réussir la mobilisation sans difficulté est un immense soulagement pour l'état-major : 1) parce que c'est une opération infiniment complexe au cours de laquelle la France est très vulnérable ; 2) parce qu'elle craint justement, jusqu'au moins plusieurs jours après le déclenchement de l'opération "Weiss", qu'elle sera la première ciblée, comme en 1914, alors même qu'il sait que son armée est à la merci d'une offensive brusquée des Allemands (qui mobilisent sous le couvert depuis avril 1939 et ont lancé leur propre mobilisation le 26 août 1939, soit cinq jours entiers avant la France).

Plus je lis sur le sujet, et plus je me dis qu'il y a eu une inertie : la mobilisation était tellement centrale dans l'esprit de l'état-major depuis si longtemps que tout y a été subordonné, et que la réussir était une priorité loin au-dessus d'assister la Pologne (un certain nombre de décideurs militaires a dû d'ailleurs se dire qu'une mobilisation réussie valait bien la Pologne...).

Encore une fois, il ne faut pas regarder les faits avec notre connaissance postérieure : par atonie intellectuelle, parce qu'ils réfléchissaient comme ça depuis 1919, les généraux français pensaient que la nouvelle guerre ne serait qu'une réédition de celle au cours de laquelle ils avaient été tant marqués. Et que l'Allemagne attaquerait la France au plus tôt (et ensuite qu'elle passerait par la Belgique...).

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Message Publié : 16 Juin 2014 21:46 
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Une chose me surprend : les services français n'avaient pas repéré la concentration de la Wehrmacht dirigée contre la Pologne ?

Cette inquiétude de l'état-major sur l'éventualité d'une attaque brusquée des Allemands est un peu déconcertante.

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Message Publié : 17 Juin 2014 7:13 
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Les Allemands laissent un peu moins de la moitié de leurs divisions (42 sur 105) pour protéger leurs frontières occidentales. Même si le renseignement français a sans doute distingué une génération de forces conséquente devant la Pologne, il y avait toujours un nombre conséquent d'unités à l'ouest, et était-on sûr que ce n'était pas un bluff destiné à tromper sur les intentions véritables ? Quand cela concerne des questions de cette importance, on laisse le moins de choses possibles au hasard...

Cette inquiétude est liée au conditionnement (je ne trouve pas d'autre mot, et je dirais même à l'auto-conditionnement) de l'état-major concernant le cas d'une guerre contre l'Allemagne. Outre qu'il fait preuve de peu d'imagination dans l'Entre-deux-guerres, au point de ne visualiser qu'aveuglement un conflit comme une réédition de 1914, avec une offensive immédiatement dirigée contre la France, la peur dicte certains choix stratégiques (et notamment la construction de la ligne fortifiée frontalière dont la principale motivation est bel et bien d'assurer la protection du processus de mobilisation contre une offensive brusquée de l'Allemagne, ce en quoi elle réussit d'ailleurs parfaitement bien).

Car l'état-major a bien peur d'être pris sur le pantalon sur les chevilles ! Outre qu'il sait pertinemment que les Allemands mobilisent plus vite et qu'il y a donc une période de grande vulnérabilité à l'ouverture des hostilités, il craint aussi d'être attaqué par une force nettement supérieure après 1936 (une armée de conscription d'un pays de 80 millions d'âmes étant à coup sûr numériquement plus importante que celle d'un pays qui en compte quarante) alors qu'aucun allié n'est encore présent.
Quand on voit l'intensité des discussions portant sur le processus de mobilisation et son extrême complexité, on sent à quel point cela a mobilisé d'énergies et d'intelligences (avec des grandes unités divisées en trois échelons, a, b et c, voire quatre avec le b1 et le b2, prenant part pour certaines - type nord-est renforcé - à la couverture de la mobilisation, mais avec les seuls échelons a puis b, tandis que les réservistes frontaliers et ceux des troupes de forteresse appartiennent à une catégorie de mobilisation spéciale, etc, etc).

La mobilisation est bien la préoccupation principale, et son mécanisme a été parfaitement huilé. Au contraire d'une opération destinée à soulager les Polonais (qui n'a été envisagé qu'à compter de juillet 1939, et encore seulement à très grands traits), que l'état-major était certain de ne pas pouvoir conduire avant la fin de la mobilisation (jour M+22 - ce qui en passant montre qu'il s'est très vite rassuré et a fait de son mieux pour soulager la Pologne alors même qu'il pensait son armée incapable d'assumer cette tâche avant plusieurs semaines, c'est qu'il déclenche "Sarre" dès le 8 septembre 1939, à jour M+7).

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Message Publié : 17 Juin 2014 19:06 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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Puisque le titre inclut le mot idéologie, je trouve la perche assez bien tendue pour dire que l'EM de 1939 me semble plus attentif au danger soviétique qu'au danger nazi...


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Message Publié : 18 Juin 2014 7:46 
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La Novemberrevolution allemande de 1918, et les différents déboires qui ont accompagné la naissance de la république de Weimar en 1919-1923 (et même après), ont sans doute influencé négativement les décideurs militaires français qui craignent une réédition - sans même parler de l'exemple russe en 1917. Ils ont aussi sous les yeux l'exemple espagnol en 1936.

Et le danger est clairement interne, plus qu'extérieur.

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Message Publié : 18 Juin 2014 8:02 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 11 Oct 2012 21:58
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Je pensais davantage aux plans établis pour supporter la Finlande ou bombarder Bakou, voire intervenir à partir de la Syrie... L'EM semble à ce moment plus empressé à aller cogner sur les Soviétiques qu'à s'en prendre aux Allemands qui sont pourtant plus à notre portée!


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Message Publié : 18 Juin 2014 8:50 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

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Disons nous bien, quand même, que nous étions en démocratie et que l'EM avait pour ennemi celui choisi par le gouvernement...Je crois que c'est au niveau gouvernemental que les décisions n'ont jamais été bien claires,faute d'avoir le grand allié désiré......
Sur le plan strictement militaire peut être que l'EM avait tiré des conclusions erronées de la guerre d'Espagne et des débuts de la campagne de Finlande


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Message Publié : 18 Juin 2014 9:05 
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De Gaulle dans ses mémoires :"Il faut dire que beaucoup voulaient voir l'ennemi à Moscou plutôt qu'à Berlin." (Citation approximative.)

Pendant la drôle de guerre, cet état-major fait des plans pour débarquer en Finlande un corps expéditionnaire contre les Russes (en plein hiver !) ou pour aller bombarder Bakou en passant par l'Iran. Ce que Lacouture qualifie de "rêves de Picrocoles d'état-major". Rien contre l'Allemagne ! (au passage, ce soutien à la Finlande est annulé par l'accord de paix signé entre la Finlande et la Russie, mais en déclarant la guerre à Moscou on risquait se retrouver en 41 alliés des Allemands sur le front de l'est...)

Sur le risque de sédition armée interne, il ne faudrait tout de même pas exagérer. Les spartakistes avaient des armes et des soldats, les bolcheviks aussi, le PCF n'en avait pas. Certes, c'est la défaite qui a armé les deux premiers. On peut donc à l'extrême rigueur comprendre le souci de Weygand, général vaincu, pour que les Allemands lui laissent de quoi maintenir l'ordre, encore qu'à la même époque un certain De Gaulle a des préoccupations plus élevées en tête. Et d'ailleurs, peut-on imaginer au cours de la défaite une tentative de putsch des communistes, alors que l'armée allemande est à deux pas, et en force ? Staline n'est pas idiot et ne va pas provoquer les Allemands pour une tentative condamnée d'avance. De plus les gros bataillons de soldats découragés qu'on imagine se révolter (contre Pétain ???) sont en route vers des stammlags...

En 1939 le risque de putsch communiste est nul. On peut craindre la propagande interne des soldats communistes (lesquels n'ont pas franchement pris le virage de l'alliance avec Hitler, loin de là, mais peuvent se reconnaître dans la dénonciation des profiteurs de guerre capitalistes, un thème déjà présent en 1917) mais les témoignages d'époque ne reflètent pas une propagande massive et on ne peut pas dire que la prévôté arrête à tour de bras des soldats communistes fanatisés. Il y a certainement une influence diffuse, mais elle est nécessairement discrète et impossible à mesurer. Staline ayant trahi pour s'allier avec l'Allemagne, je ne suis pas certain que la propagande communiste soit très bien accueillie dans les unités. (et d'ailleurs, ce risque serait limité si on entraînait les soldats au combat qui les attend, occasion d'une prise de conscience salutaire, au lieu de les laisser végéter. S'ils avaient des chefs, en somme.)

Weygand, encore :"Je n'ai pas eu les Allemands, mais au moins j'ai eu le régime !" (propos dégoûtant dans la bouche d'un général vaincu. En voilà un beau motif de gloire !) Qui est séditieux ?

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Message Publié : 18 Juin 2014 9:33 
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Jean Mabillon
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Inscription : 16 Jan 2010 19:18
Message(s) : 2953
Dans les unités,à la limite,c'est le pacifisme qui surnage.Pourquoi se faire tuer pour les fauteurs de guerre puisque Staline est en paix avec Hitler et lui procure ce dont il a besoin,collaborons pour la paix avec le soldat allemand......A partir de là,tous les bobards qui courent:"ils ne nous garderont pas prisonniers,ils nous relacheront tout de suite etc......"


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