Sur la,pression exercée par Hitler sur ses généraux, on peut trouver des chiffres intéressants ici :
"Dans un État totalitaire et dictatorial comme l’Allemagne nazie, de plus en plus confrontée à la dégradation de la situation militaire et à ses effets sur l’adhésion au régime et le consentement de la population, le coût social mais aussi de plus en plus physique de la désobéissance ouverte n’a cessé de croître, du fait de la surveillance policière de plus en plus poussée, de la répression et des sanctions de plus en plus brutales. L’armée n’y a pas échappé.
39Dès 1942, quelques généraux sont condamnés à mort pour avoir reculé en dépit des ordres de Hitler en personne. En particulier le général von Sponeck, commandant d’un corps d’armée en Crimée, relevé de son commandement en décembre 1941. Suite à l’intervention d’autres généraux, il ne sera cependant pas exécuté immédiatement et sa condamnation sera commuée en peine de prison. Il sera néanmoins exécuté à titre de représailles après la tentative avortée de renversement du régime de juillet 1944.
40Il ne s’agit cependant pas d’une décision inédite à proprement parler. En effet, deux généraux ont déjà été assassinés au cours de la « Nuit des longs couteaux » le 30 juin 1934, purge sanglante qui ne s’est pas réduite à la seule élimination physique de la direction de la SA : le général von Schleicher, ministre de la Reichswehr dans le gouvernement conservateur-réactionnaire de von Papen en juin 1932, mais qui s’oppose à lui quand ce dernier propose une dictature militaire. Favorable à une coalition politique élargie aussi bien à gauche qu’au centre et à une partie des nazis (dictature militaire pourvue d’un soutien politique), il lui succède brièvement comme chancelier en décembre 1932 .
Pour empêcher Hitler d’accéder au pouvoir, il tente alors sans…. Sa femme et son adjoint le général von Bredow sont également assassinés. Seuls quelques généraux protesteront individuellement.
42Bien que relativement peu nombreux, les membres actifs du complot du 20 juillet 1944 ont fait l’objet d’une répression particulièrement féroce . Il a été en effet à l’origine de la mort de 26 généraux dont trois maréchaux, trois généraux d’armée et sept généraux de corps d’armée. Au total, 21 généraux ont été exécutés par pendaison après avoir été chassés de l’armée et livrés au tribunal du peuple (Volksgerichtshof), alors que cinq autres préféraient se suicider ou étaient contraints de mettre fin à leurs jours : les généraux Beck, Wagner et von Tresckow ; les maréchaux von Kluge et Rommel, ces deux derniers n’ayant pourtant pas (pour des raisons différentes) participé activement à ce complot et étant seulement coupables d’être en relations avec certains de ses membres et d’en être informés.
43Plus largement, près de 200 officiers ont été exécutés au total, dont 17 colonels et 15 lieutenants-colonels, et presque autant de civils ; soit un total de plus de 300 exécutions. Là encore et même si ces généraux et ces officiers n’engagent pas l’institution militaire en tant que telle et dans son ensemble, il s’agit d’un phénomène inédit à cette échelle.
44Et les arrestations se chiffreront à environ 5 000, y compris au sein de l’armée et du haut commandement qui ne sont pas épargnés, pas plus que les familles. Dix autres généraux soupçonnés d’être impliqués à tort ou à raison dans le complot du 20 juillet sont en effet arrêtés et internés en camp de concentration, dont les généraux Halder, chef d’état-major de l’OKH de 1938 à 1942, von Falkenhausen, commandant des troupes d’occupation en Belgique, Speidel, chef d’état-major de Rommel (qui jouera après-guerre un rôle actif dans la constitution de la Bundeswehr avant de devenir commandant des troupes terrestres Centre Europe de l’OTAN), von Eisebeck, Kämpfe, Hassel.
45Dans les derniers mois de la guerre, outre quatre exécutions tardives liées directement ou indirectement au complot du 20 juillet (les généraux Oster de l’Abwehr, von Rabenau, Fromm, commandant de l’armée de remplacement en Allemagne, l’amiral Canaris), plusieurs autres généraux sont encore exécutés en 1945 par pendaison pour « défaitisme » et « démoralisation de l’armée » (les généraux Waber, Heistermann von Ziehlberg, Gothsche, Becker)."
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