M'étant pris de passion pour l'entre-deux guerres, j'ouvre ce sujet sur la déflation Laval. Il s'agit d'un sujet qui a beaucoup d'écho dans notre situation actuelle, même si l'objectif n'est pas de démarrer une discussion sur cette dernière.
Je viens de trouver l'article d'un think tank assez libéral
La déflation Laval qui donne d'intéressantes informations.
En voici un rapide résumé.
De quoi s'agit-il ? A partir de 1931, la France commence à ressentir les effets de la crise de 29. Elle en a été en partie protégée auparavant par la dévaluation de Poincaré en 1928 - dans laquelle le franc Germinal avait perdu 20% de sa valeur -, ainsi que par son économie plus rurale que l'Angleterre ou l'Allemagne, ce qui fait que le poids de l'industrie y est moindre. Toutefois, la crise la rattrape, son activité ralentit et le déficit public se creuse. Les exportations chutent de 15% du PIB à 6% entre 1929 et 1935.
Or, une nouvelle dévaluation est interdite par la doctrine du "Bloc-or", portée par la Banque de France et les milieux d'affaires, qui impose de respecter coûte que coûte la parité avec l'or. En toute logique, une dévaluation inciterait les capitaux étrangers à fuir sous peine de perdre leurs valeurs.
Le 16 juillet 1935, le nouveau gouvernement Laval entend donc restaurer la compétitivité française et juguler le déficit de l'Etat par une politique de réduction des dépenses drastiques. Par une suite de décrets-lois, les traitements des fonctionnaires sont diminués de 10%, une première dans l'Histoire de France, et - je crois - une dernière !
De même, les pensions des retraités et des anciens combattants sont diminués, ainsi que les revenus des rentes.
En contrepartie, pour compenser la perte du pouvoir d'achat, de nombreux revenus d'activités, telles que les loyers, sont réduits d'autorité et plafonnés. Les Français sont donc sensés assister à une baisse des prix "sans douleur".
Cette politique s'acheva sur un constat d'échec : les capitaux continuent de fuir la France, qui pour les retenir doit hausser ses taux d'intérêts. L'activité souffre, puisque, comme le dit la théorie économique : à quoi bon acheter aujourd'hui si c'est moins cher demain ? Sur le plan social, l'article indique, sans l'expliciter :
Sur le plan social la déflation, comme l’inflation, est une machine opaque à opérer des transferts et des redistributions de richesse. Simplement le sens des transferts est opposé : les retraités et les rentiers sont les grands bénéficiaires de la déflation ; en revanche, les revenus agricoles, les salaires, les bénéfices industriels et commerciaux, souffrent terriblement. .
Sur le plan économique, il semble que la politique a fait rater à l'économie l'embellie mondiale qui commence en 1935, ce qui fait qui va obérer son réarmement.
La politique s'accompagnera de grogne populaire qui conduiront à l'avènement du front populaire en 1936, qui commencera, en dépit de ses promesses, par dévaluer, ce qui donnera un coup de fouet à l'économie.
Que pensez-vous de cela ? Ai-je bien compris ?
Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi la déflation est favorable aux rentiers et retraités ?
Ce superbe échec politico-économique peut-il être vu comme une des causes de la défaite de 40 ? Cela ajouterait une dimension au rôle de Laval.
Sait-on justement quelles ont été les appréciations des différents milieux sur cette politique et sur ses résultats ?