Nebuchadnezar a écrit :
Donc, pour cette provocation hitlérienne, comme les suivantes, la question n'est jamais "Quelles forces opposer ?" mais "Déclenchons-nous la guerre ou non ?" Cela renvoie les gouvernements français vers la Grande-Bretagne, ainsi que leurs alliés polonais, tchèques, roumains, yougoslaves - qui ne s'entendent pas entre eux. Et bien évidemment, personne ne veut y aller, la Grande-Bretagne en tête, car la réaction serait disproportionnée.
C'est effectivement ainsi qu'il faut comprendre les réactions, ou plutôt l'absence de réactions de la part de la France et du Royaume-Uni. Pour l'état-major, à la tête duquel était le général Gamelin, riposter par une incursion militaire n'aurait eu plus rien à voir avec l'occupation de la Ruhr en 1923 et 1924 mais ç'aurait été une véritable entrée en guerre impliquant une mobilisation générale.
Les actions envisagées, très limitées, avaient été l'occupation du Luxembourg, avec l’accord du gouvernement luxembourgeois et de la SDN, ainsi que la prise d’un gage territorial en Sarre, une bande large de 30 km et profonde de 10. C'était à première vue modeste, mais, selon l'EMA, pour contrer la réaction allemande, il aurait fallu mettre sur pied des unités de couverture impliquant le rappel de trois classes de réservistes.
Les forces terrestres allemandes en Rhénanie après le 7 mars 1936 étaient estimées ainsi :
Forces principales, en nombre d'hommes
30 000 Wehrmacht
30 000 Landespolizei
30 000 Arbeitsdienst
au total 6 ou 7 divisions.
Forces Auxiliaires
30 000 NSKK
30 000 SS
150 000 SA
Les estimations portant la Wehrmacht et la Landespolizei étaient exactes mais le reste très sur-estimé.
Le 2eme bureau estimait en janvier 1935 qu’après mobilisation les capacités de l’armée allemande étaient de 90 à 100 divisions dont une quarantaine aptes aux opérations offensives, à comparer aux 79 divisions françaises, au maximum, que l’état-major pensait pouvoir mettre en place. Etaient également prises en compte les forces aériennes. L'état-major de l'armée de l'air redoutait, en mars 1936, des bombardements allemands sur Paris et Lyon.
Cela a bien sûr été réexaminé a posteriori. Selon divers historiens, et notamment le général Stehlin, il était en mars 1936
possible d’agir et de régler la situation avec les forces d’active immédiatement disponibles sans convocation des réserves.