Duc de Raguse a écrit :
Citer :
Si l'on en croit Cobat, "Il semble que le projet de collectivisation était déjà bien avancé (et quasiment terminé) avant que le début de la famine ne soit constatée. Alors il faudra trouver autre chose pour expliquer l'ampleur de cette famine."
Dites, vous faites exprès de jouer au dupont et dupond avec "cobalt" ?
Ce dernier a cité cet auteur dans un post précédent sans l'avoir lu. Qui plus est, il soutient que la collectivisation est achevée lorsque les famines débutent en s'appuyant sur cet auteur, ce qui est faux et je viens de le démontrer.
C'était le sens de mon intervention, rien de plus.
Pour rappel :
Graziosi a écrit :
« En somme on peut soutenir, semble-t-il, que la famine de 1932-1933, comme celle de 1921-1922 déjà, a été une des conséquences directes, sans être pour autant prévue ou voulue, des politiques agraires du régime (ainsi que d'autres facteurs contingents). Et le fait que, dans les années 30, cette famine fût produite avec un certain décalage, comparativement à la décennie précédente, s'explique probablement par la présence de réserves accumulées dans les campagnes au cours de la NEP »
Donc, non selon Graziosi il y a un lien direct entre la collectivisation, qui n'était pas achevée, et cette famine.
CQFD.
Maintenant, vous venez produire les extraits d'un autre ouvrage, d'un autre auteur, dont vous ignorez semble-t-il tout...
En effet, Bruneteau est connu justement comme un auteur qui soutient qu'il ne faut plus utiliser le terme de génocide, critiquant au passage la définition de l'ONU de 1948, à l'emporte-pièce, comme vous semblez vouloir le faire.
Concernant l'Ukraine (et d'autres "génocides") Bruneteau avance l'idée que c'est également à des fins de récupération politique qu'il a été utilisé :
Bruneteau a écrit :
Mais la mémoire instrumentalisée de certains événements meurtriers du passé, qualifiés de « génocides » pour la cause, peut être une manière de peser sur la géopolitique du présent. Ici, il s’agit pour certains États de délégitimer une puissance rivale en l’accablant sous le souvenir d’un crime de masse (la Chine à l’égard du Japon à propos des massacres de Nankin de 1937), de pratiquer un négationnisme d’État à des fins de respectabilité internationale (la Turquie face au génocide arménien de 1915), de légitimer une identité et une indépendance stratégique (l’Ukraine et la mémoire de l’Holodomor de 1933 face à la Russie néo-impériale).
N'auriez-vous pas bien lu le livre que vous citez ou en avez-vous trouvé des "morceaux" par une recherche aussi rapide que lacunaire ?
Que cela vous plaise ou non, il n'y a toujours pas consensus sur la question, c'est assez clair. Un questionnement important sur l'emploi du terme de génocide pour qualifier les différents massacres de l'Histoire également.
On peut désormais passer à autre chose - comme par exemple revenir sur les caractéristiques de ces famines et non pas se contenter puérilement de compter le nombre d'auteurs qui pensent que c'est un génocide et ceux qui pensent justement l'inverse -, ou allez-vous poursuivre votre petit jeu de pourrissement de la discussion sans fin ?
Les origines de la famine sont comme souvent, multi-factorielles.
- Un des points trop rarement abordés est l'impact direct de la volonté d'industrialisation de Staline. Au début du 1er plan quinquenal, l'URSS est à très large majorité paysanne, les villes restent assez peu développées. Forcément, pour conduire cette politique d'industrialisation à toute vapeur, on ira chercher les bras où il y en a, dans les campagnes. Il y aura un exode rural très important.
- Parallèlement, cet exode rural ne s'est pas accompagné de progrès techniques que ce soit par de la mécanisation ou par des méthodes de culture plus efficaces. Ainsi, l'exode rural n'est pas compensé et nécessairement, on manque de bras pour le travail des champs.
- On a par dessus ça, une adhésion à des théories fumeuses en matière agronomique (la vernalisation de Lyssenko) et comme souvent en URSS, des rapports truqués et une déconnexion totale avec la situation réelle. Forcément, cela va encore amplifier le phénomène.
- On en arrive à la collectivisation des terres et à "l'élimination des koulaks en tant que classe". Les campagnes manquent déjà de bras, et Staline décide de déporter les Koulaks (qui sont des "hommes de l'art", qui connaissent le métier d'agriculteur) ce qui aggrave d'autant plus la crise de main d'oeuvre. On créé des Kolkhozes et des Sovkhozes avec l'objectif de les remplacer. Sauf que dans ces structures, il n'y a absolument pas la même maîtrise technique (les "chefs" sont souvent plus des bureaucrates que des techniciens) et généralement, les travailleurs ne sont pas ultra-motivés.
Fatalement, la production agricole finit par plonger. Comme toujours à l'époque Soviétique, les rapports sont truqués, on désigne des boucs-émissaires mais il n'y a aucune remise en cause et rien n'est fait pour améliorer la situation. Pire, Staline et ses sbires décident de réquisitions dans les campagnes (en Ukraine et ailleurs) pour approvisionner les villes et les stocks de céréales sont saisis manu militari, laissant les paysans mourir de faim.
La décision de Staline peut s'expliquer à la fois par le fait que Staline craint des soulèvements. Vu l'immensité de l'URSS, un soulèvement dans les campagnes lui laisserait plus de temps pour réagir et organiser la répression qu'un soulèvement à Moscou ou Leningrad. En outre, Staline reste arquebouté à l'idée de tenir ses objectifs de plan quinquennaux. En outre, malgré la famine qui sévit, l'URSS continue à exporter des céréales.
En ce sens, même si beaucoup de facteurs peuvent apparaître comme subis ou être la résultante d'erreurs, on ne peut pas nier que par leur obstination, Staline et ses subordonnés ont eu un rôle actif dans l'aggravation de cette famine. Sur l'aspect génocidaire, je pense qu'à part connaître les convictions profondes de Staline, on ne pourra jamais véritablement savoir s'il a voulu exterminer les Ukrainiens ou non.