Rob1 a écrit :
Je les ai parcourus hier mais rien vu de conclusif... ça parle de sources, de méthodes de pendaison (la corde à piano ne prolongerait pas l'agonie), mais en fin de compte ce qui s'est passé reste flou pour moi, même comme tentative de résumer les allégations ou sources disponibles ca me semble superficiel.
Ces liens n'apportent rien concernant Oster et pas plus concernant Canaris. Je répondais à une phrase affirmative :
Citer :
... Il est étonnant qu'aucun de ces prisonniers de marque n'ait été torturé...)
Oster comme Canaris avaient été torturés. Les liens donnés le font comprendre à travers quelques extraits. Le besoin même de Speer de bien notifier qu'il n'avait pas été de ceux etc. montre que Canaris mort, il était encore -et ensuite- de bon ton de noter que l'
on était pas de ceux qui se régalaient et de bien préciser qui en était. Ce qui montre non l'élégance de Speer mais laisse entrevoir l'aura -je le comprends ainsi- de Canaris. Une indifférence élégante n'aurait pas mentionné l'anecdote des photographies, il y avait mieux à développer (si j'ose dire).
Vouloir
savoir concernant un Canaris, un Oster risque de biaiser la lecture du peu qui est donné. Tout en ayant en tête que ce peu est déjà énorme dans la nébuleuse où ils se trouvent, agissent, échangent, vivent.
Il y a une bonne part de
foi dans la plupart des écrits concernant ces hommes et il semble impossible d'écrire un livre qui soit
neutre. Comment serait-ce possible vu le terreau qui donne le peu de matière exploitable ?
Dupleix a écrit :
Je crois que celle de Heinz Höhne (1976) fait encore référence. Peut-être y a-t-il eu de nouvelles sources découvertes depuis.
Je suis restée sur Höhne. Il était difficile de ne pas croiser Canaris, ne serait-ce que via Heydrich ou Himmler, via les querelles RSHA/Abwehr, via un homme comme Schellenberg.
Le livre de Kerjean est honnête. D'emblée on sait qu'une thèse va être défendue donc une relecture des événements factuels transmise. Ce livre a le mérite d'un peu bousculer la thèse qui fait de Canaris, l'homme
propre et, par extension l'Abwehr, la seule cellule voire institution
propre à l'intérieur du National-Socialisme.
Il y a plus de 50 ans, c'est ce qu'il ressortait des différents articles évoquant Canaris.
1- L'homme était patriote (ceci excusait tout)
2- pas NS (c'était déjà une réhabilitation) et comment, dans ce domaine de compétence, avoir un résultat optimal si on est encarté donc bien dépendant d'une hiérarchie qui -à ce moment- baigne dans une doxa ?
3- "
bloquait" au sein de "
son personnel" (ses hommes ?) toute entrée qui fut labelisée NS.
Ceci en faisait un homme bien à part. De ceux aussi avec lesquels se tissent des liens profonds. Sont-ce de véritables liens ou évite-t-on l'inélégance du "
je te tiens, tu me tiens..." si chers à la SS (et pas que) ?
Ce qui permettait à cette exception un entre-soi favorable à l'expression ouverte de critiques concernant le régime et par extension tel ou tel choix, quel qu'il soit, quel que soit le domaine, quels que soient les hommes. C'est déjà une opposition larvée. C'était aussi, chez certains comme Oster des choix assumés.
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La part de mystère -inhérente cette part et ce mystère au métier- comme bien souvent (toujours?) tend à être remplie coûte que coûte et quelle que soit la matière utilisée pour donner
corps à des hommes dont le but/métier/atout était le rapport au secret, la capacité de brouiller les pistes, acheter/retourner les esprits.
A ce jeu, il arrive un moment où ces hommes sont devenus pour partie des acteurs. On pense, on vit, on agit en mode
brouillage. On ne peut pas être totalement imperméable.
C'est aussi ceci qui crée le ciment des hommes de Canaris. Un
brouillage organisé mais une ligne de pensée tenue qui rendait à tous une cohérence, un ciment, une vision d'où -pendant un temps- l'excellent travail avec d'excellents résultats et forcément un peu d'avance sur les événements grâce à un brassage d'informations.
Toutes les informations étant analysées, ce qui apportait un recul et une projection en dehors de la doxa. Là,
être en dehors était le métier et forcément le point vulnérable. Jusqu'où est-on
en dehors d'un système tel le NS ? Quand commencer à y voir un
en dehors qui devient (qui est ?) un véritable fond de pensée. Seuls des faits, des écrits peuvent orienter une suspicion voire arrêter un jugement. Ces hommes n'étaient pas des amateurs, alors laisser des notes lorsque l'ambiance permet l'expression orale est étrange. Sinon les laisser en mains
sûres et ces hommes connaissaient les limites de ce qui était considéré comme sûr. Rien n'était sûr. Le brouillage restait la seule sûreté.
Tels parcours abonde l'Histoire.
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