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Message Publié : 10 Jan 2021 12:49 
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Dans ses mémoires, Reynaud est assez allusif sur le sujet. Mais, d'autres témoins sont accablants pour Hélène de Portes qui se comporte de manière très méprisante et qui rabaisse sans cesse Reynaud en public. Elle l’accable sans cesse car il ne se résous pas à accepter l'armistice. Mais, s'il n'y avait qu'elle ... mais, une bonne partie des membres de son cabinet pensent la même chose. Il semble seul, sans appui véritable et il ne peut compter que sur quelques soutiens, Mandel, Blum, et de Gaulle. Au gouvernement il pense n'avoir que quelques soutiens, environ 1/3 des ministres, et on ne peut pas réunir les Chambres pour poser la question de fond. De plus, suite au départ du Massalia, le noyau dur de ceux qui veulent résister s'est éloigné du centre du pouvoir car ils pensent que celui-ci va se transférer à Alger.

A ces moments-là, Reynaud est un homme seul qui se bat depuis trop longtemps contre une adversité multiforme. Quand Weygand refuse d'obéir, il avait le droit de nommer quelqu'un d'autre à sa place, il aurait même pu le faire mettre aux arrêts. Il en avait le droit, mais à ce moment-là, en avait-il le pouvoir ?

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Message Publié : 12 Jan 2021 21:43 
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Pierma a écrit :
il faut tenir compte du refus essuyé par Reynaud lorsqu'il a proposé le projet d'Union franco-anglaise.
(...) Reynaud le présente au Conseil des ministres et se prend la douche froide de ses beaux jours

Le refus du projet d'Union n'entraine pas automatiquement une demande d'armistice par le gouvernement français. Il est parfaitement envisageable de continuer le combat sans signer un accord d'Union. En l'absence d'union, l'Angleterre reste tout de même un allié de la France. Le traité franco-anglais du 28 mars reste valable, ce qui est un argument puissant pour les adversaires de l'armistice qui sont encore nombreux.
En outre, Jeanneney (président du Sénat) et Herriot (président de la Chambre des députés) ne sont pas opposés à la poursuite de la guerre. Jeanneney et Herriot n'ont pas encouragé Reynaud à démissionner.



Narduccio a écrit :
Il semble seul, sans appui véritable et il ne peut compter que sur quelques soutiens, Mandel, Blum, et de Gaulle. Au gouvernement il pense n'avoir que quelques soutiens, environ 1/3 des ministres, et on ne peut pas réunir les Chambres pour poser la question de fond.

Il est vrai que sa position n'est pas très confortable. Pourquoi n'a-t'il pas présenté sa démission 4 ou 5 jours plus tôt ?



Narduccio a écrit :
Le Président Lebrun veut refuser encore une fois la démission de Reynaud. Or, celui-ci se pense en minorité au sein de son propre Conseil, il déclare donc à Lebrun : "Cela m'est impossible. Pour faire cette politique adressez-vous au Maréchal Pétain". Pour lui, à ce moment-là, il ressent que l'immense majorité des français est favorable à un armistice. Et presque tout l'entourage de Lebrun est favorable à l'armistice. Mais lui, refuse de le demander. Donc, et c'est le sens de sa réponse au Président Lebrun, si la seule solution est l'armistice, demandez à Pétain de devenir le Président du Conseil.

Reynaud ne veut pas entrer dans l'Histoire comme celui qui a demandé à l'Allemagne les « conditions » de l'armistice. C'est quand même sa réputation qui est en jeu.
Reynaud est persuadé que l'armistice est impossible puisque les « défaitistes » menés par Weygand, Darlan, Pétain n'oseront pas signer l'armistice si les exigences allemandes s'avèrent exorbitantes (occupation de la France tout entière ; occupation partielle ou totale de l'AFN ; reddition de la flotte de guerre).
Reynaud ne croit pas que Hitler accordera un armistice généreux à la France. L'armistice est donc théoriquement impossible. Le gouvernement refusera de signer l'armistice. Pétain devra démissionner puisqu'il aura échoué à obtenir une armistice « honorable ». Albert Lebrun demandera à Reynaud de reprendre les fonctions qu'il a quittées le 16 juin. Le gouvernement quittera Bordeaux pour aller à Alger.



Narduccio a écrit :
On peut considérer qu'il joue un peu à Ponce-Pilate et qu'il s'en lave les mains, laissant la responsabilité du choix au Président Lebrun. Si celui-ci nomme Pétain, ce sera l'armistice, s'il charge quelqu'un d'autre de former un gouvernement ...

Si Lebrun nomme Pétain, ce ne sera pas nécessairement l'armistice, ce sera seulement la demande des « conditions » d'armistice.
Le 25 mai, Reynaud prend la parole lors de la réunion du comité de guerre : « Il n'est pas certain que notre adversaire nous accordera un armistice immédiat. N'est-il pas indispensable d'éviter la capture du gouvernement, si l'ennemi entre à Paris ? » Albert Lebrun n'a pas oublié qu'un armistice est théoriquement impossible à cause du traité signé le 28 mars. Mais cela ne semble pas le préoccuper outre mesure car il déclare : « Nous avons signé des engagements qui nous interdisent une paix séparée. Nous devons toutefois, si l'Allemagne nous offrait des conditions relativement avantageuses, les examiner de très prés et en délibérer à tête reposée. »
Le 15 juin Camille Chautemps, lors du Conseil des ministres, fait une suggestion à Reynaud : « Je suis convaincu que les Allemands à la conclusion d'un armistice seront inacceptables. Encore faut-il en faire la démonstration. Pour cela il faut les demander. Lorsque cette démonstration sera faite, le peuple français comprendra que le gouvernement n'a pas d'autres issue que de quitter la France et tous les ministres suivront en Afrique du Nord. » Le jour même Reynaud informe Ronald Campbell, ambassadeur du Royaume-Uni, des discussions qui se sont déroulées lors du Conseil des ministres.
Il est facile d'imaginer l'étonnement de Reynaud le 22 juin quand il apprend les clauses de l'armistice qui est signé à Rethondes. Elles sont dures mais elles ne sont pas exorbitantes. Contrairement à Mussolini, Hitler n'a pas songé à l'occupation de certains points stratégiques (Oran, Alger, Casablanca) ni à la confiscation de la flotte française. Il a bien compris que le gouvernement français serait tenté de poursuivre la lutte si on lui proposait un armistice trop sévère.
Revenons quelques jours en arrière. Le 18 juin à Munich, Mussolini tombe des nues quand Hitler lui explique qu'il faut être indulgent avec la France. Mussolini doit renoncer à ses ambitions, notamment l'occupation de la Corse, de la Tunisie, et des départements français situés à l'est du Rhône.
À Rethondes le 22 juin, le général Huntziger prend connaissance des « conditions » de l'armistice. Il constate qu'elles sont sévères mais qu'elles ne sont pas excessives. Je pense qu'il a dû ressentir un grand soulagement à ce moment là. Quelques instants plus tard, il obtient par téléphone l'autorisation du gouvernement de signer le document.



Narduccio a écrit :
il faut se mettre à la place de Reynaud les 15 et 16 juin 1940.

C'est ce que je m'efforce de faire. Reynaud n'a pas imaginé que les exigences allemandes seraient relativement clémentes. Son erreur d'appréciation est facilement pardonnable car les propos de Mussolini le 18 juin à Munich prouvent aux historiens que la mansuétude vis-à-vis de la France n'était pas une évidence.


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Message Publié : 12 Jan 2021 22:31 
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Reynaud n'imagine pas grand chose, puisqu'il est opposé à l'armistice et qu'il fera tout son possible pour qu'il n'ai pas lieu.

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Message Publié : 12 Jan 2021 22:32 
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Une pensée de Romain Gary sur le sujet :
Citer :
« Je suis sans rancune envers les hommes de la défaite et de l’armistice de 40. Je comprends fort bien ceux qui avaient refusé de suivre de Gaulle. Ils étaient trop installés dans leurs meubles, qu’ils appelaient la condition humaine. Ils avaient appris et ils enseignaient « la sagesse », cette camomille empoisonnée que l’habitude de vivre verse peut à peu dans notre gosier, avec son goût doucereux d’humilité, de renoncement et d’acceptation. […]
Ils avaient raison, et cela seul eût dû suffire à les mettre en garde. Ils avaient raison, dans le sens de l’habileté, de la prudence, du refus de l’aventure, de l’épingle du jeu, dans le sens qui eût évité à Jésus de mourir sur la croix, à Van Gogh de peindre, à Morel de défendre ses éléphants, aux Français d’être fusillés, et qui eût uni dans le même néant, en les empêchant de naître, les cathédrales et les musées, les empires et les civilisations. »
La Promesse de l’aube, Romain Gary.

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Message Publié : 12 Jan 2021 23:14 
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Arkoline, documentez-vous, le récit que vous faites des palabres français ne correspond pas à la réalité. Fondamentalement vous aligniez des affirmations qui sont purement théoriques si on ne tient pas compte du contexte psychologique et de l'atmosphère de déroute qui prévalait alors.

Tout d'abord, s'entendre répondre "ce serait un mariage avec un cadavre" sans que cela soulève un tollé dit assez dans quel état d'abattement se trouvait le conseil des ministres.

Elle vient du ministre le plus prestigieux, mais ce Pétain appelé pour renforcer l'esprit de résistance met tout son poids dans l'autre sens, au point que Weygand, son acolyte, ne se sent plus tenu d'obéir au gouvernement, participe aux discussions et refusera explicitement la solution d'une capitulation militaire. (Le genre de comportement subversif qui hérissait De Gaulle, mais il est absent au moment où se joue la dernière scène de la pièce.)

L'Angleterre reste un allié conformément à l'accord antérieur de ne pas signer de paix séparée ?
Non, à Cangé, je crois, Reynaud avait demandé quelle serait la réaction anglaise si un gouvernement français (dont il ne ferait pas partie, précisait-il) signait une paix séparée. Churchill :"Je comprends que vous allez demander l'armistice. Sachez que l'Angleterre restera amie de la France et fera tout pour restaurer sa grandeur." (de mémoire) Phrase que Baudouin tordra pour faire dire que Churchill "avait accepté l'idée d'une capitulation française" en jouant sur le mot "Je comprends". (Il transforme "I undestand" en "I agree".) De Gaulle arrivant peu après et entendant ce conte ira se renseigner directement auprès des Britanniques, provoquant la colère de Churchill devant cette manoeuvre :"Pour une fois que je parle correctement français !". (Ce qui n'empêchera pas Baudouin de continuer à raconter son histoire.)

La proposition "oblique" de Camille Chautemps ("demandons à l'ennemi des conditions qui ne sauraient être que inacceptables") est bien dans le style consensuel des politiciens de la 3e république, mais c'est déjà un pas vers l'armistice. Quand on veut se battre on ne demande pas ses conditions à l'adversaire.

C'est tellement vrai que Reynaud démissionne immédiatement et laisse la place à Pétain. De Gaulle retour de Londres apprend dans la soirée cette nomination et dit dans ses mémoires :"C'était l'armistice assuré. Je partirais le lendemain." Lui ne se demandait pas à partir de quel seuil Pétain trouverait "inacceptables" les conditions posées par Hitler, il savait où en était celui-ci.

(A Londres il dira à Béthouart, retour de Norvège, qui se juge mal informé de ce qui se passe en France et veut y aller voir :"Tu verras, ce sont de vieux pétochards. Et ils ne te laisseront pas repartir.")

Pétain confirmera d'ailleurs ses dispositions défaitistes en proclamant le lendemain 17 juin "c'est le coeur serré que je vous dis qu'il faut cesser le combat" avant même de connaître les conditions nazies.

Pour le dire en une phrase : Reynaud était environné par la panique, le défaitisme voire même la trahison, qui ont prévalu sur les esprits les plus solides.

@Narduccio : merci pour ce rappel de ces phrases magnifiques de Romain Gary.

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Message Publié : 12 Jan 2021 23:37 
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Pierma a écrit :
Pour le dire en une phrase : Reynaud était environné par la panique, le défaitisme voire même la trahison, qui ont prévalu sur les esprits les plus solides.


Je suis presque étonné qu'il ai tenu aussi longtemps, il faut lire ce qu'on disait de sa maitresse qui lui rabattait les oreilles et lui faisait des scènes en continu car il ne se résignait pas à l'armistice.

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Message Publié : 13 Jan 2021 7:33 
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Oui, de l'aveuglement des élites françaises à cette date.
Si ma mémoire ne me joue pas des tours, elle pensait que cette signature offrirait un prestige énorme à son auguste amant.

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Alphonse de Lamartine


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Message Publié : 13 Jan 2021 9:53 
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Duc de Raguse a écrit :
Si ma mémoire ne me joue pas des tours, elle pensait que cette signature offrirait un prestige énorme à son auguste amant.


Je pense qu'elle était en phase avec son milieu, il fallait terminer cette guerre "ridicule" et devenir un allié du vainqueur pour ramasser les miettes qu'il voudrait bien nous dispenser.

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Message Publié : 13 Jan 2021 20:24 
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Pierma a écrit :
L'Angleterre reste un allié conformément à l'accord antérieur de ne pas signer de paix séparée ?
Non, à Cangé, je crois, Reynaud avait demandé quelle serait la réaction anglaise si un gouvernement français (dont il ne ferait pas partie, précisait-il) signait une paix séparée. Churchill :"Je comprends que vous allez demander l'armistice. Sachez que l'Angleterre restera amie de la France et fera tout pour restaurer sa grandeur." (de mémoire) Phrase que Baudouin tordra pour faire dire que Churchill "avait accepté l'idée d'une capitulation française" en jouant sur le mot "Je comprends". (Il transforme "I undestand" en "I agree".)

Baudoin est de mauvaise foi. Reynaud n'est pas dupe. Les Anglais ont vite compris que les propos de Churchill le 13 juin étaient mal interprétés par certains ministres français qui espéraient demander l'armistice le plus tôt possible. Ils n'ont pas tardé à signifier à Reynaud que l'accord du 28 mars était toujours valide.
Lors du conseil des ministres du 15 juin, Reynaud lit à voix haute un message envoyé par Churchill. C'est un message qui demande à la France de continuer la guerre. La lecture de ce message était souhaitable car Reynaud avait remarqué les jours précédents que les partisans de l'armistice faisaient une interprétation tendancieuse des propos tenus par Churchill deux jours plus tôt.



Pierma a écrit :
La proposition "oblique" de Camille Chautemps ("demandons à l'ennemi des conditions qui ne sauraient être que inacceptables") est bien dans le style consensuel des politiciens de la 3e république, mais c'est déjà un pas vers l'armistice.

Je n'ai jamais dit que la proposition de Chautemps faisait baisser la probabilité d'un armistice. Il est évident que la probabilité augmente. C'est évident car le gouvernement n'a pas la certitude que l'Allemagne exprimera des « conditions » clémentes.
Mais Reynaud ne peut pas demander à Chautemps de se taire (Reynaud n'a pas les mêmes pouvoirs qu'un dictateur). Et c'est cela qui va favoriser la démission de Reynaud. Cette démission résulte non seulement du refus de Weygand de faire une "capitulation" mais aussi de l'impossibilité d'écarter autoritairement la proposition de Chautemps.
Si Weygand avait accepté la capitulation, Reynaud aurait tranquillement préparé le départ du gouvernement vers Alger.



Pierma a écrit :
(...) c'est déjà un pas vers l'armistice. Quand on veut se battre on ne demande pas ses conditions à l'adversaire.

Chautemps considère qu'il n'est pas nécessaire de continuer la lutte si l'Allemagne accorde des conditions clémentes. Il a probablement l'espoir qu'elles seront clémentes.
Cette situation pose problème aux yeux de Reynaud car le traité du 28 mars est encore valable.


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Message Publié : 13 Jan 2021 21:32 
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Arkoline a écrit :
Pierma a écrit :
(...) c'est déjà un pas vers l'armistice. Quand on veut se battre on ne demande pas ses conditions à l'adversaire.

Chautemps considère qu'il n'est pas nécessaire de continuer la lutte si l'Allemagne accorde des conditions clémentes. Il a probablement l'espoir qu'elles seront clémentes.
Cette situation pose problème aux yeux de Reynaud car le traité du 28 mars est encore valable.

Dans toute votre réponse, vous faites comme s'il n'y avait pas eu ça :
Citer :
à Cangé, je crois, Reynaud avait demandé quelle serait la réaction anglaise si un gouvernement français (dont il ne ferait pas partie, précisait-il) signait une paix séparée.

Vous aurez beau dire, mais c'est Reynaud qui met sur la table, alors que rien ne l'y oblige, l'hypothèse d'une paix séparée.
Et la réponse de Churchill en prend acte : "Je vois que vous en êtes là."
Ces échanges informels au plus haut niveau sont essentiels, peu importe que l'accord initial ne soit pas officiellement abrogé, les choses sont dites et chacun peut mesurer où en est l'autre.
Citer :
Chautemps considère qu'il n'est pas nécessaire de continuer la lutte si l'Allemagne accorde des conditions clémentes. Il a probablement l'espoir qu'elles seront clémentes.

Dans la bouche de Chautemps, je crois que c'est vous-même qui l'avez cité, c'est le contraire : il compte que des conditions inacceptables pourront remotiver le peuple français. (relisez le fil !)

Oblique, l'adjectif n'est pas de moi, mais cette façon de présenter un glissement vers l'armistice comme une opportunité de ragaillardir l'esprit de résistance me parait vicieux et vicié.

Pétain n'aura pas de ces pudeurs : les "conditions clémentes", il les provoquera. Il est tout de même incroyable de voir un chef du gouvernement demander à ses troupes de poser les armes AVANT de connaître les intentions ennemies.

Si Hitler n'avait pas imaginé jusque-là s'appuyer en France sur un gouvernement de marionnettes - mais il l'avait déjà fait, en Norvège - une telle annonce ("Mes troupes posent les armes de toute façon, faites de nous ce que vous voulez") ne pouvait que le tenter. A-t-on déjà vu un traitre proposer ses services à l'ennemi de façon aussi publique et ostensible ?

Tout ça "dans l'honneur et entre soldats", ça va sans dire. :rool: (Entre soldats ! A son rang !)

(Et si ça ne marchait pas, si la marionnette contestait ses ficelles, cela prendrait deux grosses journées à la Wehrmacht pour prendre le contrôle de l'ensemble français issu de sa "clémence". Ce qui se produira effectivement en 42.)

Au passage, on peut aussi noter que la demande française est envoyée par Pétain à Hitler via un ami commun : Franco. Ce n'est pas "entre soldats" mais "entre fachos". (La Suisse aurait parfaitement fait l'affaire, mais là on est entre connaissances.)

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Message Publié : 14 Jan 2021 17:22 
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Pierma a écrit :
Dans toute votre réponse, vous faites comme s'il n'y avait pas eu ça :
Citer :
à Cangé, je crois, Reynaud avait demandé quelle serait la réaction anglaise si un gouvernement français (dont il ne ferait pas partie, précisait-il) signait une paix séparée.


Il n'est pas exacte de dire que j'aurais fait comme si ce message n'existait pas. J'ai moi même cité cette phrase pour y répondre. Et je n'ai pas à rougir de la réponse que j'ai faite car elle me semble assez pertinente.



Pierma a écrit :
Vous aurez beau dire, mais c'est Reynaud qui met sur la table, alors que rien ne l'y oblige, l'hypothèse d'une paix séparée.
Et la réponse de Churchill en prend acte : "Je vois que vous en êtes là."
Ces échanges informels au plus haut niveau sont essentiels, peu importe que l'accord initial ne soit pas officiellement abrogé, les choses sont dites et chacun peut mesurer où en est l'autre.

Ces échanges informels pendant la journée du 13 juin ont peut-être une grande importance, mais cela ne change rien au fait que les opposants à la demande d'armistice, notamment Reynaud, ont le droit d'alléguer le traité du 28 mars pour s'opposer à la proposition formulée par Chautemps deux jours après les propos tenus par Churchill.
Les ministres qui ont accepté la fameuse "proposition Chautemps" ne peuvent pas ignorer que le gouvernement français va à l'encontre de l'accord du 28 mars. La situation leur semble tellement désespérée qu'ils n'ont plus la volonté de respecter cet accord. Vingt jours auparavant, Albert Lebrun avait déjà exprimé l'idée que ce n'était pas impensable d'ignorer cet accord. Pour dire les choses simplement : nous savons que l'accord existe mais nous pourrons l'ignorer le moment venu.
En supposant que l'accord franco-britannique soit caduque à partir du 13 juin, je vous laisse imaginer les discussions lors du Conseil du 15 juin. Elles auraient sans doute été très différentes de ce qu'elles furent. « Cela n'est que de l'uchronie » pourrait-on m'objecter. C'est vrai, mais la lettre envoyée par Churchill n'est pas le fruit de mon imagination. Et Reynaud n'a pas manqué de s'en servir pour faire comprendre aux ministres que l'accord du 28 mars n'était pas caduque.
Je veux bien admettre que Reynaud a pris une « douche froide » lorsqu'il a présenté le projet d'Union franco-anglaise. Mais on ne peut pas en conclure que la GB a cessé d'être un allié de la France.



Pierma a écrit :
Et la réponse de Churchill en prend acte : "Je vois que vous en êtes là."
Ces échanges informels au plus haut niveau sont essentiels, peu importe que l'accord initial ne soit pas officiellement abrogé, les choses sont dites et chacun peut mesurer où en est l'autre.

L'accord initial n'est abrogé ni officiellement ni officieusement. Lors de cette discussion, Churchill n'a pas encouragé Reynaud à demander un armistice à l'Allemagne. Et il n'a pas dit que la France pouvait renoncer à ses engagements du 28 mars. Il a simplement dit que « la GB ne gaspillerait pas du temps et de l'énergie en reproches et en récriminations » si la France en venait à renoncer à ses engagements. Malheureusement, Baudoin s'est engouffré dans la brèche pour faire croire à ses collègues que Churchill a donné un blanc seing à la France pour oublier l'accord initial et faire ainsi une paix séparée.
Par ailleurs, je répète que Reynaud a lu le 15 juin, lors du Conseil des ministres, un message envoyé par Churchill. C'est un message qui demande à la France de continuer la guerre. Cela permet de dissiper les doutes de ceux qui s'étaient laissés manipulés par Baudouin.
S certains ministres ont cru que le traité franco-britannique était caduque, ils ont dû vite déchanter en écoutant la lecture de la lettre de Churchill.
Il faut continuer la lutte contre l'Allemagne et envisager un départ du gouvernement vers Alger. Reynaud veut continuer la guerre aux côtés de l'Angleterre. La France est liée à elle par le traité du 28 mars. C'est ce que dit Reynaud lors d'une conversation avec Charles de Gaulle le 14 juin à Bordeaux.
En supposant que l'accord franco-britannique soit caduque à partir du 13 juin, comment Reynaud peut-il parler ainsi à de Gaulle ?



Pierma a écrit :
Vous aurez beau dire, mais c'est Reynaud qui met sur la table, alors que rien ne l'y oblige, l'hypothèse d'une paix séparée.

C'est le Conseil des ministres qui a demandé à Reynaud d'inviter Churchill à Tours (près de Cangé) pour lui soumettre cette hypothèse. C'est une proposition de Chautemps. Elle a été adoptée par le Conseil après des longues discussions.
Reynaud ne fait pas ce qu'il veut. Il n'a pas les mêmes pouvoirs qu'un dictateur. La proposition de Chautemps a permis de sortir de l'impasse où se trouvait le Conseil (avec Weygand qui préconise un armistice et Reynaud qui lui répond que cela est impossible sans le consentement de la Grande-Bretagne).



Pierma a écrit :
Arkoline a écrit :
Chautemps considère qu'il n'est pas nécessaire de continuer la lutte si l'Allemagne accorde des conditions clémentes. Il a probablement l'espoir qu'elles seront clémentes.

Dans la bouche de Chautemps, je crois que c'est vous-même qui l'avez cité, c'est le contraire : il compte que des conditions inacceptables pourront remotiver le peuple français. (relisez le fil !)

Je veux bien relire le fil mais il est incomplet car j'ai oublié de signaler que la déclaration de Chautemps manque de sincérité (à mon humble avis). Mon opinion, nécessairement subjective, c'est que Chautemps est défaitiste. Il ne croit pas que l'Allemagne sera vaincue un jour. Alors il veut un armistice, de préférence avec des conditions clémentes.
Chautemps a dévoilé sa "proposition" pendant le Conseil des ministres. Quelques minutes auparavant, il avait souligné la souffrance des soldats.


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Message Publié : 14 Jan 2021 18:22 
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Arkoline a écrit :
Pierma a écrit :
Vous aurez beau dire, mais c'est Reynaud qui met sur la table, alors que rien ne l'y oblige, l'hypothèse d'une paix séparée.
Et la réponse de Churchill en prend acte : "Je vois que vous en êtes là."
Ces échanges informels au plus haut niveau sont essentiels, peu importe que l'accord initial ne soit pas officiellement abrogé, les choses sont dites et chacun peut mesurer où en est l'autre.

Ces échanges informels pendant la journée du 13 juin ont peut-être une grande importance, mais cela ne change rien au fait que les opposants à la demande d'armistice, notamment Reynaud, ont le droit d'alléguer le traité du 28 mars pour s'opposer à la proposition formulée par Chautemps deux jours après les propos tenus par Churchill.

Mais aucun ne le fait.
Churchill a dit qu'il avait compris qu'ils en étaient là, on peut toujours pinailler que ce n'était pas une abrogation formelle, cet accord à ce stade n'a plus aucune importance.

J'arrête là le dialogue avec vous sur ce sujet : vous préférez ignorer toute psychologie humaine et vous en tenir à la lettre des traités, à la logique mathématique, en somme, je perds mon temps.

On a donc un Reynaud qui commence par demander ce que ferait l'Angleterre en cas de paix séparée, puis qui se juge en minorité sur l'union franco-anglaise alors que ce n'est probablement pas le cas (mais il ne demande aucun vote) puis qui laisse courir la proposition de Chautemps, et laisse la place à Pétain, je ne vois pas là un homme très motivé.

"Avec le soulagement de l'homme qui met sac à terre", dira De Gaulle dans ses mémoires. (De Gaulle signale aussi qu'il a manifesté à Reynaud son mécontentement de le voir s'entourer d'hommes favorables à l'armistice. On sait que tout l'entourage de Reynaud poussait en ce sens.)

(J'ai toujours été stupéfait que Reynaud puisse reprendre à la libération une carrière politique comme si de rien n'était, alors que si on analyse froidement sur 3 semaines, il est au final celui qui a amené le gouvernement à l'armistice et Pétain à la présidence du Conseil. Peut-être parce qu'il a passé la guerre en résidence surveillée en Allemagne, ce qui vaut absolution ?)

Je propose qu'on revienne au sujet, à savoir la pertinence de l'armistice sur le fond.

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Message Publié : 28 Juil 2021 14:37 
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Duc de Raguse a écrit :
Lorsque le "vainqueur de Verdun" explique [le 17 juin] qu'il faut cesser la lutte et que rien ne sert de poursuivre le combat, dans une tonalité pathétique et larmoyante au possible, combiné aux revers subis les dernières semaines, il devait être très compliqué chez les simples soldats de trouver d'autres sentiments comme guides potentiels.

Quelle était la situation de l'armée française avant ce discours de Pétain ? Avait-elle la capacité de stopper l'avancée des Allemands ? Poser la question, c'est déjà y répondre.



b sonneck a écrit :
Toutes les conditions se sont trouvées malencontreusement (...) réunies pour que l'Allemagne rafle sans trop de peine un maximum de prisonniers.
Les choses auraient pu se dérouler, à cet égard, de façon moins désastreuse.

Si Pétain n'avait pas commis cette énorme erreur de communication, quelle aurait été l'issue de la bataille ? Aurait-elle été significativement différente de ce qu'elle fut ?



Duc de Raguse a écrit :
S'il y a une faillite au printemps 1940, elle se situe bien chez les officiers généraux, qui viennent juste de former un gouvernement de collaboration (cherchons l'erreur), pas chez les soldats.

La situation militaire est catastrophique depuis le 20 mai (les Allemands se trouvent sur les ports de la Manche). On s'est obstiné à poursuivre le combat. Dans quel but ?
En juin les combats sur la Somme ont prouvé que l'armée française était capable de se battre courageusement. Mais c'est l'armée allemande qui continue son avancée.
Fallait-il poursuivre le combat ? Dans quel but ? Il y avait bien sûr la possibilité de freiner l'avancée des Allemands avant de préparer un éventuel repli vers l'AFN. Mais cela semblait improbable.
Malgré les affirmations de Jacques Belle dans l'ouvrage cité par Narduccio, je ne suis pas convaincue que l'armée française aurait obtenu des bons résultats face aux forces de l'Axe. Mais rien n'est certain. L'uchronie est un art difficile.

Ne pas lâcher la proie pour l'ombre : Pétain ne s'est pas trompé en croyant qu'Adolf Hitler accorderait quelques "cadeaux" à la France : la zone libre, la flotte qui reste aux mains des Française, l'Empire.

Fallait-il refuser de signer l'armistice malgré tous ces "cadeaux" ? Quelle était l'alternative ? Faut-il partir vers Alger ?



Duc de Raguse a écrit :
Le gouvernement Pétain n'a plus aucun moyen, après son appel à l'arrêt des combats - non appliqué par les Allemands ! -, d'être dans une position de négociateur. Il accepte ce que les Allemands lui demandent.

Pétain avait-il la volonté d'accepter l'armistice si Hitler avait exigé un des trois points sensibles ?
- une zone d'occupation qui englobe la totalité du territoire de la métropole
- la flotte française
- l'Empire, et notamment l'AFN



Duc de Raguse a écrit :
Il [le gouvernement Pétain] accepte ce que les Allemands lui demandent. N'oublions pas l'annexion de l'Alsace-Lorraine.

Cette annexion n'était pas prévisible quand l'armistice fut signé.
La question de Sqall est simple : L'armistice de 1940 était-il un choix rationnel ? Cela suppose que l'on se base uniquement sur l'information disponible lors de la signature de l'armistice.
Et même si elle avait été prévisible, que fallait-il faire ? Fallait-il partir vers Alger comme le proposaient plusieurs personnes (Lebrun par exemple) ?


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Message Publié : 28 Juil 2021 15:45 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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Duc de Raguse a écrit :
Il [le gouvernement Pétain] accepte ce que les Allemands lui demandent. N'oublions pas l'annexion de l'Alsace-Lorraine.
Arkoline a écrit :
Cette annexion n'était pas prévisible quand l'armistice fut signé.
Eh bien, le gouvernement Pétain n'avait qu'à demander un peu ce qu'en pensaient les intéressés, qui étaient aux "premières loges".

Arkoline, je pense pouvoir vous certifier que tout habitant de la Moselle frontalière (germanophone) avaient prévu la possibilité -le risque- de l'annexion, dans deux hypothèses :
1/ avant mai 40, le "trouillomètre" des "Français de l'intérieur" étant au rouge, on craignait une nouvelle "conférence de Munich", au sujet de l'Alsace-Lorraine, qui servirait de monnaie pour acheter la paix, comme la Tchécoslovaquie y avait servi
2/ une fois le "Sitzkrieg" devenu "Blitzkrieg", ledit Mosellan en venait à envisager que Hitler pourrait l'emporter ; dès lors, la ré-annexion à l'Allemagne (retour à l'avant-1918) devenait prévisible, voire certaine.

Les frontaliers comprenaient l'Allemand, écoutaient Hitler brailler, et n'avaient aucun doute sur ce qu'il ferait s'il l'emportait.


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Message Publié : 28 Juil 2021 16:33 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2232
Nous en sommes à la vingt-troisième page de la discussion. Ces questions ont déjà été longuement traitées.
Si la France avait continué la lutte, la situation militaire au sol n’aurait guère changé mais la situation navale en Méditerranée aurait été tout autre et, en Atlantique, tout de même sensiblement plus favorable aux Alliés du fait que la flotte française ne serait pas restée inactive.
Sur le plan politique, la France aurait conservé sa position de grande puissance. Elle aurait participé aux conférences tenues par les Alliés, au Caire, à Téhéran et Yalta. On se serait épargné la pantalonnade Giraud – de Gaulle. Le chef du gouvernement français n’aurait pas été averti la veille seulement du débarquement en Normandie et d’autres opérations mais il aurait participé à la décision et l’opération aurait été tripartite et non seulement seulement anglo-américaine. Les opérations sur le sol français auraient été conduites en concertation avec le gouvernement français et les chefs militaires français. Des erreurs comme le bombardement de Caen auraient probablement été évitées ou tout au moins minimisées.
L’annexion de l’Alsace n’avait pas été prévue mais elle était prévisible. On connaissait le personnage de Hitler : après l’Anschluss, l’affaire des sudètes et de Dantzig, il fallait bien s’y attendre.


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