Pierma a écrit :
Pour ma part, j'ai relevé avec surprise que dans votre scénario l'Angleterre envoyait 3 divisions en AFN (Alors que l'Angleterre vivait des heures d'angoisse dans la crainte d'un débarquement contre lequel elle n'avait plus d'unités équipées) et de même que les 1000 canons de 75 (qui constituaient sauf erreur la cargaison du Pasteur, venu des USA, que De Gaulle avait pris l'initiative de dérouter vers l'Angleterre) atterrissent soudain en AFN, comme si les Anglais en avaient trop !
L'ordre de bataille britannique lors de la menace de Seelöwe fait état de 22 division d'infanterie, de deux divisions blindées, neuf brigades d'infanterie et deux brigades blindée. Bien que très faible pour résister à une invasion, le Royaume-Uni aurait pu (j'ai employé le conditionnel) distraire 2 ou 3 DI pour aider à sécuriser l'AFN, ce qui est stratégique pour lui. Il me semble qu'il se serait agit là d'un signe politique fort de sa part tout autant qu'une défense bien comprise de ses intérêts. Mais je n'en fais pas une fixation.
https://en.wikipedia.org/wiki/Operation ... _of_battleEn cas de continuation de la lutte, il n'y a pas de raison pour que le
Pasteur soit détourné sur l'Angleterre, il le sera bien plutôt sur le Maroc.
Pierma a écrit :
Sur l'ensemble des moyens votre exposé pèche par un manque de réalisme : les avions décollent de France et vont se poser en AFN sans qu'il manque un pilote ou un litre d'essence - et sans qu'un seul avion allemand n'y mette son nez - les radars traversent la Méditerranée comme s'il s'agissait de vélos, etc... votre exposé est truffé de notations de ce genre.
Historiquement, les avions ont décollé de France et se sont posé en AFN sans qu'il en manque beaucoup à l'arrivée. Pourquoi en serait-il autrement pour les dernières unités ? Mais je n'ai à aucun moment dit qu'il en serait ainsi, j'ai uniquement mentionné celles qui n'avaient pas encore traversé et qui pouvaient amener des appareils ou au moins des équipages.
Quand aux pertes dues à la LW, surtout en fin de campagne, oui, bien sûr...
Pierma a écrit :
La palme revient à "réactivation des maquis communistes"
(en Espagne) ce qui semble se faire en claquant des doigts, alors que ce serait - à supposer que ce fût possible - un travail d'infiltration, de structuration et de livraison d'armes de longue haleine combattu par une Guardia Civil (sans parler des militaires et même de la population franquiste) sur les dents et sans faiblesse.
J'ai parlé de maquis républicains, je ne sais pas si les quelques îlots d'insécurité subsistant dans le nord de l'Espagne, de mémoire, étaient communistes ou non. Je n'ai pas dit non plus que ça se ferait en deux temps, trois mouvement et sans coup férir mais j'ai indiqué une action qu'il me semble que les services britanniques ne se seraient pas privés de lancer.
Pierma a écrit :
Ce qui m'amène au défaut majeur et rédhibitoire de votre démonstration : où est la volonté ? Ou avez-vous vu que toutes ces unités battues dans la bataille de France et cette armée démoralisée va soudain se transformer en armée de lions, (capable de mener "une guerre de guérilla" contre une division blindée allemande, on croit rêver) sans parler de ses chefs et de ses officiers.
Nous avons vu qu'il y aurait eu très peu d'unités évacuées de France dans ce scénario. Il s'agit donc de troupes principalement issues de l'AFN, en particulier des troupes indigènes. Quand on voit ce qu'a duré et coûté en effectifs et matériels déployés la guerre d'Algérie, oui, je crois que les Allemands auraient eu quelques problèmes.
Pierma a écrit :
Le colonel Goya, dans un article sur Bir-Hakeim, note que la 1ère BFL (3500 hommes) a réussi son exploit avec les mêmes armes dont disposaient (ou auraient pu disposer, pour les mines ou les canons de 75 modifiés pour tirer en antichar, et même montés sur camions pour renforcer les moyens mobiles - les Jock columns - qui lui ont permis d'aller harceler l'ennemi au loin) les soldats de 1940 sur le front français.
L'armée française de 1940 disposait des moyens de créer le même type d'unité ultra-combative à 150 exemplaires, au minimum, voire 200 : sur le plan matériel ce n'était pas difficile, et les divisions empilées sans utilité derrière la ligne Maginot auraient fourni les hommes. Il va de soi qu'une telle initiative aurait totalement renversé le rapport de force au 10 mai 40.
(il ne vous reste plus qu'à nous raconter ce récit de la victoire française sur l'Allemagne, c'est même un exercice plus facile que de traiter le cas de l'AFN comme vous l'avez fait.)
Mais là encore, si c'est parfaitement imaginable sur le papier, se pose la même question : où est la volonté ? (la volonté de le faire, l'aptitude au changement, la transformation des esprits dans une entité qui aurait concerné un million d'hommes, le dynamisme organisationnel, l'approbation et l'esprit de sacrifice de la troupe, la capacité de leadership des officiers, etc..., etc...)
Si on veut vraiment s'attaquer à des what-ifs, il faut le faire avec une donnée historique telle qu'elle était : les hommes et leur état d'esprit. Vous en êtes loin.
Heu, Noguès, Mittelhauser et bien d'autres voulaient continuer la lutte. L'armée d'Afrique avait tiré de tout autres enseignements de la guerre du Rif (mobilité, coopération avec l'aviation) que ce qui était enseigné à l'École de guerre. Je signale également que le général Béthouart a montré à Narvik comment gagner une bataille avec cette même 13 DBMLE qui sera l'ossature de la 1e BFL. Oui, je pense que la volonté aurait été là en AFN mais je comprends votre position.