Jerôme a écrit :
Je ne voudrais pas restreindre le débat au cas Darlan.
J'ai un peu insisté parce qu'il est représentatif de la certitude que seul Pétain pouvait "sauver la France".
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Je voudrais savoir quand et dans quelle mesure les dirigeants de Vichy ont ils ouvert les yeux sur le fait que l'empire britannique continuait la lutte et que l'Allemagne ne pouvait pas gagner.
Ce sont deux choses différentes.
Constater que les Britanniques continuaient la lutte, on peut le situer dès Mers el Kébir.
"Cortès avait brûlé ses vaisseaux, Churchill marquait une volonté de combattre sans merci en brûlant les vaisseaux des autres. En s'affirmant "Churchill le terrible", il marquait la volonté britannique de ne céder à aucun prix." Lacouture, de mémoire.
Que l'Allemagne ne puisse pas l'emporter sur l'Angleterre, il a bien fallu qu'ils le comprennent, au plus tard avec le "report" de l'invasion allemande. La stratégie hitlérienne envers le Royaume-Uni va dès lors reposer sur des actions indirectes : dans l'Atlantique, en Afrique, et par des bombardements nocturnes sur Londres et les villes britanniques.
Stratégie indirecte, parce que Hitler a constaté qu'il est dans une impasse, et il poursuit son véritable programme, prévu de longue date, en déclenchant Barbarossa contre l'URSS en juin 41.
Dès lors l'Angleterre ne risque plus rien. Gagner la guerre, cela signifie désormais pour l'Allemagne écraser les bolcheviks et établir une domination totale sur l'Europe continentale. Qui deviendrait un bastion très difficile, voire impossible à reconquérir pour les Alliés occidentaux.
A quel moment a-t-on compris à Vichy que ce beau programme ne tenait plus ? Stalingrad ? Koursk ? Ou encore avec le mois de juin 44, débarquement le 6 juin, en même temps que l'offensive Bagration, le 22 juin 44, jour anniversaire de Barbarossa, qui met en jeu des moyens colossaux, et va balayer et détruire le GA Centre sur 1000 km de front, progressant de 600 km.
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Je laisse de côté les ultra collabos de Paris, aveuglés par le fanatisme idéologique, mais j'aimerais savoir ce qu ont pensé les dirigeants de vichy : Petain? Laval? Les ministres? Les généraux? Tous ceux qui en juin 40 croyaient la guerre finie et l Allemagne victorieuse.
Je pense que votre question ne peut pas recevoir de réponse globale.
Il faudrait pratiquement les prendre un par un.
Laval est un traitre, il l'assume et déclarera souhaiter la victoire de l'Allemagne - à l'est, donc - tandis que Pucheu, ministre de l'Intérieur, qui a du sang de résistants communistes sur les mains, gagne l'AFN après le débarquement allié pour combattre à leurs côtés.
Deux exemples opposés et aussi représentatifs l'un que l'autre de ce qui se pense à Vichy.
N'écartez pas les ultras, parce qu'ils vont finir, avec l'aide des Allemands, par mettre la main sur Vichy. Le Vichy de 44 est totalitaire (c'est une remarque de Calade qui m'a marqué) et ceux là vont aller jusqu'au bout. Même après leur retraite vers l'Allemagne, il continueront à croire aux armes secrètes, à l'offensive des Ardennes, que sais-je encore ? A quel moment ont-ils compris qu'ils n'éviteraient pas le poteau ?
Il n'y a pas, à aucune époque, UNE opinion vichyssoise. Je crois que la seule chose qu'ils avaient tous en commun était l'anticommunisme.