Walsingham a écrit :
Avez-vous une source pour cette date de Février 1936?
De ce dont je me souvenais et de ce que j'ai retrouvé sur le net, on a la chronologie suivante:
- Remilitarisation de la Rhénanie: 7 mars 1936
- Guerre d'Espagne avec immobilisme Franco-anglais: Débute le 17 Juillet 1936
- 20 Juillet 1936: Le premier ministre Belge mentionne que la Belgique va revenir à la neutralité
- Octobre 1936: La Belgique quitte le traité de Locarno et l'accord de défense Belgo-Français
- 1937: la Belgique reçoit une garantie de neutralité de l'Allemagne
Pour ce qui est des causes de la neutralité:
- C'est très ancré dans la mentalité Belge, la neutralité nous étant imposée depuis la création de la Belgique. Nous n'en sommes sortis qu'en 1914 "contraint et forcé"
- Les mouvements flamands sont opposés à la "main-mise française sur la Belgique" et bloquent toute augmentation du budget militaire. Le retour à la neutralité permet d'avoir leurs accords pour augmenter les budgets
- Immobilisme Franco-anglais qui ne rassure personne
- Un plan français expliquant que la ligne Maginot c'est cool comme cela on ira se battre en Belgique et que c'est là que ce passeront les combats destructeurs est assez mal passé au niveau de la population Belge
- En 1936, il n'y a pas de raisons de penser qu'une invasion de la France passe forcément par la Belgique. En 1870, notre neutralité avait été respectée. Avec le recul, il est évident que cela ne tient pas, mais à l'époque cela peut s'expliquer
- La neutralité reste "de façade". On coupe officiellement les ponts avec la France et on met quelques unités légères à la frontière française, mais en attendant, toutes les fortifications d'importances sont construites pour ralentir une invasion allemande et il y a encore de très nombreux contact avec la France (partage des informations, discussion de l'état de l'armée Belge, ...)
Au final, le choix de la neutralité s'explique facilement et est même "rationnelle". L’Allemagne décidera peut-être de ne pas passer par la Belgique si on reste neutre. Cela permet d'amadouer les partis flamands et d'augmenter le budget de la défense pour être mieux préparé et de toute façon, on reste en contact avec l'armée française, donc on ne perd rien et on est sûr qu'il viendront à notre secours de toute façon (le plan français vise à engager l'armée allemande en Belgique pour que ce soit là que les destructions se passent de toute façon). Conserver l'accord Belgo-Français ou rester dans le traité de Locarno n'aurait strictement rien apporté. Il n'y a pas de points négatifs à redevenir neutre.
Le seule problème est que certains militaires et politiciens mirent ensuite le blâme sur la neutralité belge pour cacher leur incompétences. mais en pratique cela a peu de sens.
Cher Walsingham, dans le temps (enfin en Juin 2007) sur un autre forum français j'ai fait un aperçu de ce tournant vers la neutralité.
"l'histoire de la politique d'autonomie:
Politique des "mains libres" supporté par Albert I. Peur d'être pris par l'accord Franco-Belge militaire et le Locarno Pact dans un conflit entre l'Allemagne et la France. Depuis 1931 le Ministre des Affaires étrangères est pour un interpretation restrictif vis à vis de ses obligations internationales. Les Français comme Pétain et Daladier pensaient d'entrer en Belgique en cas d'une guerre avec l'Allemagne par exemple pour la Pologne, même dans la phase diplomatique de tension.
Dans toutes ces tensions avec aussi des tensions entre la préposition pour une ligne de défense envers l'Allemagne sur les grandes fleuves de l'Escaut et de la Meuse, soutenue par le commandement suprème de l'armée, comme par le Roi Albert et entre la proposition d'une défense directement aux frontières soutenue par les Wallons de l'Est de la Meuse (mêmes tous le Wallons).
Et alors le roi Albert était mort à Marche-les-Dames (tué selon un livre récent: "La Chute du Roi". Mais on ne sait pas par qui).
Alors c'est une lourde heritage que Léopold III recevait de son père.
En Mars 1934. Conversations entre Léopold III et quelques de ses ministres: sujet: la politique d'indépendence.
Pour la prolongation du service militaire on avait deux grandes obstacles: les Socialistes, qui avaient quand même un ministre plus pragmatique (en faveur de la course indèpendentiste) Paul Henri Spaak et les partis Chretiens Flamands, qui voulaient être independant de la France.
Pour la prolongation de la service militaire on devait alors diminuer l'accord Franco-Belge et chercher par exemple via Spaak de convaincre les Socialistes. Après ça il était possible de commencer avec la politique d'autodermination. Et pour ça on avait besoin d'une machine militaire plus robuste et de la prolongation du service militaire.
La nouvelle politique était initiée par Van Zeeland, Spaak et le Roi.
La nouvelle politique était relevée par le Ministre des Affaires étrangères Spaak 20 Juillet 1936 pendant une conférence de presse internationale. Spaak était confronté après avec l'opposition de son parti socialiste. La presse internationale ne faisait pas grand bruit de cette nouvelle politique.
Alors le 9 Septembre Paul Van Zeeland précisait de nouveau la nouvelle politique, aprés une conférence avec Léopold.
14 Octobre 1936. Le speech du Roi dans le conseil des ministres pour supporter la politique de l'indépendance et de la prolongation du service militaire. Le support des ministres était complèt, même de Vandervelde, le leader socialiste. Et on a décidé de le publiér pour le peuple.
Grosso modo tous les journals étaient pro. Seulement quelques journals francophones Liberales étaient réticent. Complétement contre étaient des journals Wallonnes, qui étaient pour une coopération avec la France.
En Décembre la nouvelle politique et la prolongation du service militaire devenaient octroyées par le Parlement.
Mais les réactions dans l'étranger étaient foudroyantes. Ministre Spaak essayait de calmer les réactions anglaises et françaises en disait que ça ne voulait pas dire que la Belgique partait de toutes ces obligations internationales comme le SDN ou le Pact de Locarno.
Le gouvernement britannique après une journée approuvait la nouvelle politique, mais pas la France. C'était une grande désillusionnement pour le gouvernement du Front Populaire de Léon Blum. La presse française était presque histérique.
La Belgique ne voulait être une nation garante, mais une qui recevait des garanties des grands.
En Avril 1937 on avait une déclaration conjointe du Royaume Uni et de la France: la Belgique avait à défendre son propre territoire et ne laissait pas utiliser son territoire par des agresseurs contre un autre état. La Belgique voulait augmenter la capacité de son défense et restait dans le SDN. La Belgique était exempt de ses obligations envers le Pact de Locarno. Les deux étaient garant même avec de l'aide militaire si la Belgique était envahie. En Octobre l'Allemagne faisait le même (sic).
Parce que les obligations de l'adherence à la SDN restaient, on se demande : quoi avec le droit de passage? Par exemple par la France? Quelques jours après la déclaration des deux, Spaak disait que dans aucun cas le droit de passage pouvait être "commandé" à la Belgique et en tous cas le passage devait être une action commune avec la Belgique."
Et le droit de passage...du même fil de 2007: l'incident de Maasmechelen"
L'incident de Maasmechelen du 10 Janvier 1940 11h30:
2 Janvier 1940 alarme via le ministre Italien Ciano, le beau-fils de Mussolini à l'ambassadeur belge à Rome que une invasion était éminente. Alarme le 5 janvier par la Suéde que l'invasion est pour le quinze. Des concentrations des troupes rapportées dans le ouest de l'Allemagne prés des frontières belges et hollandais.
11h30 le 10 Janvier "crash" atterisage d'un avion allemand non-armé avec deux officiers à bord à Maasmechelen. Dans mes recherches pour le forum du BBC, maintenant depuis quatre ans, j'ai même trouvé un photo de l'avion pris par un cultivateur limbourgeois. Je ne suis pas sûr si je le retrouverai ou peut-être qu'il n'existe plus sur l'internet?
Les deux Allemands demandaient des lucifers à l'agriculteur pour brûler des documents qu'ils ont pris de leurs serviettes. Mais coincidence: des soldats belges arrivaient et prennaient les documents et les deux Allemands. Quand les documents étaient étalés par les Belges pour voir pourquoi ils étaient si important, un des Allemands essaiait de les mettre dans le poêle. Mais les Belges étaient plus vite et les rammassaient. Un Major de l'état-major de Bruxelles était envoyé à Maasmechelen pour vérifier les plans. C'étaient les plans pour l'invasion de la Belgique et des Pays-Bas. C'était un plan von Schlieffen modifié. En effet l'invasion était commandée par Hitler pour le 17 Janvier.
Après la guerre un des généraux allemands disait que la fureur d'Hitler était incroyable. Il était hors de tous états et battait avec ses poings contre les murs. Il essayait même de brûler un pacquet de papiers pour voir comment ça se développait.
Le 11 Janvier le Roi belge était informé des plans par Général Van Overstraeten. Le Roi avertissait immédiatement le ministére de défense et aussi les Britanniques, les Français et ceux des Pays-Bas. Le 13 on recevait aussi un avertissement de Colonel Goethals de Berlin que l'invasion était pour demain. Le Roi demandait à Lord Keyes pour se renseigner auprès des Britanniques question des "garanties" en cas d'invasion (mais sans consulter ses Ministres).
Le Roi se réunait avec ses Ministres pour les informer des documents. À ce moment Van Overstraeten intervenait avec la nouvelle de Goethals. Le Chef de l'état-major de l'armée: Général Van den Bergen donnait des renseignements comment la préparation de l'armée était fait, mais il était interompu...en effet il montrait trop de zêle...sans que le Roi et Van Overstraeten le savaient il donnait la commande de rammaser les baricades du Sud de la Belgique et de ne pas agir contre l'entrée des Anglais et des Français...
Spaak allarmait les ambassadeurs de la France et de l'Angleterre et disait qu'il allait demander les Alliés d'aide comme pourvu en cas d'attaque par les Allemands. Mais par toutes une série de coincidences, la demande de Keyes chez les autorités britanniques n'était pas interpreté comme il faut et vu comme, si on avait des "garanties", le Roi pouvait convaincre ses Ministres pour l'entrée des Alliés en Belgique. Et pire les Français étaient avertis de ça. Général Georges donnait la commande de concentrer prés des frontières belges. Le Roi commandait la Gendarmerie belge d'arrêter les troupes françaises s'ils y entraient dans la Belgique. Heureusement Georges prenait contact avec les Belges avant de faire quelque chose. Le 15 Lord Keyes était de nouveau chez le Roi et on n'avait pas un accord. Maintenant le Roi renseigne discrètement Spaak de son erreur et Spaak donnait son appui pour "cacher" l'histoire jusqu'à tout le bruit était calmè. Après toute une série de "telefonades" le 15 Janvier entre la France et la Belgique le status quo ante était restauré. Et le 17 Janvier l'invasion allemande ètait de nouveau ajournée....
Une autre conséquence était que Général Van den Bergen était exempté de son devoir à cause de ses maladresses dans le maniement de la crise et remplaçe par le Général Michiels.
Et mes sources:
1980 "Léopold III et le gouvernement. Les deux politiques belges de 1940." par Jean Stengers
1983 "Léopold III se tait, nous parlons" par Jo Gérard et Hervé Gérard
1984 "The tragedy of Leopold III of the Belgians 1901-1941" par Roger Keyes (j'ai la traduction néerlandaise de 1986) suivi par le volume deux: Èchec au Roi 1986 (j'ai le copie en français) (le premier part est "Un règne brisé" de 1985)
1985 "Léopold III en l'an 40" par Jean Cleeremans (j'ai la traduction en néerlandais: Leopold III in het jaar 40)
1988 "Quand les chemins se séparent. Aux sources de la question royale" par Jean Vanwelkenhuyzen.
1994 "Leopold III de Koning, het Land, de Oorlog" (Léopold III le Roi, le Pays, la Guerre) par Jan Velaers et Herman Van Goethem.
2000? "Pour l'histoire, sur quelques épisodes de mon règne" postume par Léopold III (J'ai la version en Néerlandais de 2001: "Kroongetuige, over de grote gebeurtenissen tijdens mijn koningschap" (Principal témoin à charge. sur les grandes événéments pendant mon regne).
2001 "Een koningsdrama. De Biografie van Leopold III" (Le drame d'un roi. Biographie de Léopold III) par Mark van den Wijngaert, Michel Dumoulin, Vincent Dujardin. On a aussi une chapitre par Jean Vanwelkenhuyzen.
Cordialement, Paul.