J'avais déjà un a-priori favorable envers le Liechtenstein, pour son attitude à la fin de la guerre, mais cet article ne fait que le renforcer.
J'adore la tentative de putsch nazi, où on a 50 pelés pro-nazis qui marchent depuis Feldkirch (en Autriche, à la frontière) sur Vaduz, la capitale. (là il faut se représenter le Liechtenstein : c'est une belle vallée assez large avec une route nationale qui va d'un bout à l'autre, et traverse la capitale, qui se trouve à peu près à mi-chemin. Plus encore que Monaco, pour reprendre le mot de De Gaulle, c'est un pays dont on peut faire le blocus en posant deux sens interdits.)
Et donc nos pelés putschistes tombent sur 30 tondus, citoyens férocement fidèles à leur principauté, qui les forcent à faire demi-tour. (Les putschistes seront rayés de la citoyenneté et expulsés vers l'Allemagne, qui n'a pas dû hésiter à en faire usage sur le front russe, ce que je trouve une juste punition pour trahison. D'ailleurs, dans l'immédiat après-guerre le Liechtenstein a expulsé vers l'Allemagne - autrement dit vers les dénazificateurs américains - quelques nazis locaux qui s'étaient vraiment montrés trop bruyants - et antisémites violents - pendant la guerre. Un pays sympathique, je vous dis...)
A la presque-fin de la guerre, fin avril début mai 45, le Liechtenstein voit arriver à ses portes une flopée de fugitifs, qui ont des choses à se reprocher et aimeraient ne pas rencontrer l'armée française (c'est l'armée De Lattre qui libère cette zone tout à l'ouest de l'Autriche, le Vorarlberg - n'oublions pas, on ne rit pas, que l'Autriche sera considérée comme un pays envahi par les nazis, et donc libéré par les Alliés) ni d'ailleurs rencontrer aucune armée alliée.
Ce qui m'impressionne, c'est que tant la Suisse que le Liechtenstein (dont les services travaillent ensemble) savent parfaitement qui est qui, en Europe, et effectuent un filtrage sans faille des candidats au sauvetage. C'est ainsi que la Suisse accepte de laisser rentrer le maréchal Pétain - ses officiers allemands ont perdu leurs tuteurs SS, partis se cacher, et ont donc pu l'amener à la frontière suisse - mais refuse l'entrant à Laval, qui ira de la même façon se cogner sans résultat à un poste frontière du Liechtenstein. Même traitement pour tous les collabos français réfugiés à Sigmaringen, qui se font jeter comme des malpropres qu'ils sont.
Là où le Liechtenstein emporte décidément ma sympathie c'est lorsque environ 50 prisonniers de guerre russes, qui eux aussi ont perdu leurs gardiens, viennent frapper à sa porte, en expliquant que Staline les considérera comme déserteurs et les fera fusiller, si une armée alliée les ramasse. Le Liechtenstein leur ouvre ses portes, restera sourd aux hurlements des autorités soviétiques, et les exfiltrera quelques années plus tard avec des papiers parfaitement en règle, vers l'Amérique du Sud, je crois. (il faudrait creuser cette histoire, il me semble que le chiffre total dépasse largement 50, parce que la question s'est posée plusieurs fois.)
Si on ajoute que le Liechtenstein n'a pas prospéré pendant la guerre sur le plan bancaire (c'est un paradis fiscal) parce que les "épargnants européens" éventuels le trouvaient trop petit et trop fragile devant une éventuelle invasion, que demander de plus ?