en vrac et lecture non terminée :
Effectivement CDLR n'est pas aussi connu que l'OCM ou Combat, du moins sur le plan national. On le connaissait surtout par le livre, désormais un peu vieilli de Marie GRANET. Une publication du temps des témoins survivants ... Or ces mémoires sont antérieures. M GRANET en a disposé d'une version. Il est vrai que ma vision est quelque peu faussée par mes origines et centres d'intérêts axés "Grand tEst". Une raison supplémentaire tient à la réserve -sinon timidité- de JLB, ce que l'on perçoit très bien dans son texte. Il n'est jamais très sûr de lui, doute de sa vocation à devenir chef de réseau avant de se convaincre qu'il n'y a pas d'autre solution valable.
Ma plus grande surprise fut de constater que JLB se voulait exclusivement "action paramilitaire" et surtout pas "politique", au contraire de son adjoint civil Jean de VOGÜE -et aussi du DMR Hirsch-OLLENDORFF devenu GRANDVAL- d'où une réticence envers les partis de la IIIe République et aussi les mouvements de la zone sud. Egalement envers l'OCM dont il admet qu'elle avait une certaine avance dans l'organisation. Pour les mêmes raisons il s'interroge un temps sur la France Libre. Pour ces raisons de primauté du militaire, JLB ne s'investit pas dans un journal clandestin. Ce n'était pas sa vision du combat de la résistance.
Concernant le rapprochement entre mouvements, il évoque les contacts positifs avec CDLL, qu'il aide après les arrestations allemandes. De même les chefs nationaux OCM et CDLR s'entendent assez bien, au contraire des rivalités en province. A ce propos JLB constate qu'il arrive à en imposer "au bluff", et il détaille l'autorité dont il constate disposer, simplement comme "venant de Paris" et potentiellement en contact avec Londres, mais après les services secrets de Vichy. Belle description des équipe GUEDON, officier du 2e bureau tentant précocement et en vain de monter un réseau dans la mouvance de FRENAY mais en zone occupée. Ces équipes décapitées, en permanence à reconstruire sont bien détaillées. Cf la « fragile toile d'araignée inlassablement rapetassée » qu'évoquait le grand résistant Pascal COPEAU en 1974.
Je retrouve d'intéressantes précisions pour l'est de la France, avec localement la rivalité CDLR (Jean BRAUN, MAYOUX) / Mouvement Lorraine (LEROY, FALLAS => plus à gauche, animant un journal). En réalité MAYOUX et BRAUN, comme Jacques LEMOINE ou l'abbé STUTZMANN, bien connus en Meurthe et Moselle avaient monté un réseau maintenant oublié : DP = Défense de la Patrie. DP était très actif sur les Vosges et la Meurthe et Moselle. C'est DP lorrain qui donnera l'assise à CDLR, en dépit de structures centrales parisiennes très jeunes, inexpérimentées, sans cesse démantelées et jamais nombreuses. Une protorésistance DP confrontée à une protorépression SD trop efficace. Et comme souvent une mémoire estompée au profit de CDLR avec des raisons en partie politiques et en partie personnelles. Je ne détaille pas plus mais ces aspects, +/-ignorés de JLB au moment de sa rédaction, ont déjà été soulignés. Ex : par Julien DUVAUX dans son très bon article des Journées d'Etude Vosgiennes sur les débuts de la résistance dans l'ouest vosgien, récupérés par l'équipe franc-maçonne (FM) de CDLR, FROITIER, ARBURGER, puis SAVOURET. Les premiers ont encadré le médiatique Guinéen ADDI BA au maquis de la Délivrance. Le régional n'est pas le sujet de ces mémoires, mais on y trouve d'importantes précisions qui mériteraient d'être exploitées et creusées, ce que ne pouvait faire B LEROUX ici.
A ce propos, il est peu question de FM dans le texte de JLB (s'il en fut, il cache admirablement son jeu !) alors que c'est un sous-jacent très fort et une ligne de partage locale. Ceci n'est d'ailleurs pas une critique de ma part mais l'observation des difficultés bien réelles à évoquer ces aspects en 2021. Au contraire, je souligne l'efficacité patriotique des réseaux FM, bien rôdés à la clandestinité (idem pour le PCF et les Cagoulards) et plus discrets que les liens trop enthousiastes chez OCM.
Autre surprise, le fond antisémite de JLB qui surnage du texte par quelques réflexions. C'est très bien analysé en postface comme témoignant des comportements sociaux de la période, pour faire vite. Le genre de remarques-réflexe qui choque aujourd'hui, qui discrédite et qu'il faut désamorcer par une juste recontextualisation ce que fait admirablement B LEROUX. A méditer quand on constate les cri de vierges effarouchées (non désintéressés) qui ont suivi, par exemple, la tentative de baptême d'une promo de St Cyr "LOUSTAUNAN-LACAU". Ce n'est pas le sujet ici mais j'engage vraiment à lire cette postface. Et les mémoires.
Pas le temps de commenter la période Algéroise.
A suivre ...
JD PS : prix de vente assez élevé mais correspondant à deux tomes de 500 pages. Par contre je ne vois pas bien où se situe l'aide financière du Sénat.
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