Pierma a écrit :
On peut aussi noter la qualité du style. De Gaulle raturait beaucoup, mais le résultat est là.
Certaines formules sont passées à la postérité :"Vers l'Orient compliqué, je volais avec des idées simples..."
(Et bien entendu la première page "toute ma vie je me suis fait une certaine idée de la France" qui mériterait d'être apprise dans les écoles.)
J'aime aussi beaucoup sa capacité (souvent dénuée de tendresse, et le mot est faible) à régler en deux phrases le cas de tel ou ou tel protagoniste : Reynaud (qui démissionne "d'une charge écrasante" avec "le soulagement de l'homme qui met sac à terre") Lebrun ("au fond, comme chef de l'état, il ne lui avait manqué que que deux choses : qu'il fût un chef et qu'il y eût un état") l'ambassadeur de Russie à Londres, Bogomolov ("dans la mesure où le conformisme écrasant qui lui était imposé le lui permettait, il savait pratiquer l'humour, allant même parfois jusqu'à sourire") et bien d'autres.
Bref des petits bonheurs de style et d'idée qui réhaussent encore l'ensemble.
Si je dois signaler un point négatif je dirais ceci : De Gaulle, dont on connait la maigreur des moyens tout au long de l'aventure de la France Libre donne toujours l'impression que la France a gagné la guerre seule. A certains moments il y a des énumérations de moyens où il en fait un peu trop, je trouve...
De mémoire, il travaillait ces formulations avec sa femme. Il lui lisait des passages et cherchaient ensemble comment rendre cela plus claire/joli/concis/...