je prends la liberté de me citer :
"L’année suivante, il s’essaya sans grand succès à la poésie expressionniste et publia son premier essai, « La guerre comme expérience intérieure » (= Der Kampf als La même année, il éditait son premier livre. Comme beaucoup d’autres anciens combattants, Ernst JÜNGER avait tenu à jour des carnets de guerre. Nombre de récits relatant leur expérience personnelle furent publiés dans les Années ‘20, mais peu se distinguaient dans la grisaille de la littérature issue des tranchées - de la même manière que nous avons oublié la plupart des mémorialistes de l’époque napoléonienne -. Une fois de plus, c’est le père d’Ernst qui le persuada de publier, à compte d’auteur, ses souvenirs de guerre. JÜNGER avait trouvé le titre, aux connotations si modernes, « Orages d’acier » (= Stahlgewitter), dans les récits épiques de l’Edda; ainsi l’expression qui évoquait à l’origine le heurt d’objets métalliques s’appliqua au choc des puissances industrielles.
On connaît le célèbre roman de REMARQUE, « A l’Ouest, rien de nouveau », mais ce dernier a combattu dans les tranchées pendant une courte période et son oeuvre dénonce les méfaits de la guerre. En revanche, « Orages d’acier », qui rencontra un succès immédiat, se distinguait par le ton détaché, impassible et descriptif qu’adoptait son auteur. Comme un entomologiste étudiant une bataille entre termites et fourmis, JÜNGER observait, de façon précise et froide, l’horreur sans qu’elle l’atteigne. Au contraire, ce spectacle lui inspirait des réflexions poétiques. Au cours de son récit, il ne fait jamais référence aux causes et aux buts du conflit; il l’aborde comme une chose en soi, un événement qui engendre sa propre signification. Dans son esprit, il s’agissait d’un affrontement entre l’individu et l’Etre de la guerre, dont les survivants sortaient transformés, parce qu’ils avaient surmonté l’épreuve. Il n’y avait que deux manières de la vivre : en victime dominée par l’esprit de l’esclave, ou en homme libre qui accepte son destin, qui déclare l’Amor Fati. Comme l’écrivait NIETZSCHE « Tout ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. ». Dans son esprit, la guerre n’était pas seulement une entité destructrice, puisqu’elle engendrait dans son grand oeuvre une nouvelle humanité, une génération d’hommes jeunes et combatifs qui n’éprouvaient que mépris pour les valeurs bourgeoises. Ces hommes nouveaux opposaient le sens de l’action pour l’action au calcul, l’inconfort à la quiétude du foyer, le goût du danger au sentiment de sécurité, le dédain des besoins matériels à l’esprit de lucre, la camaraderie aux groupes d’intérêts."
Jünger a écrit plusieurs autres ouvrages sur la guerre, entre "La guerre comme expérience intérieure". Ensuite, il fut aussi un militant nationaliste, mais il refusa toujours d'adhérer au NSDAP, car il avait horreur des mouvements de masses, il avait un esprit élitiste.
Frédéric
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