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Message Publié : 12 Août 2006 15:11 
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Eginhard
Eginhard
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Voulant concilier deux de mes centres d'intérêts, l'histoire et la météorologie, je voudrais présenter sur un forum "météo" un petit sujet sur les rapports entre des évènements historiques et la météo du jour et sa possibilité pour les plus récents.

Je vous propose de passer au filtre de vos connaissances historiques cet extrait d'un article paru sur le site de météo-France, concernant le choix de la date du débarquement allier en juin 1944, tout particulièrement les phrases que j'ai soulignées:

Les conditions "idéales" d’un débarquement sur les côtes normandes seraient :
une nuit de pleine lune et peu de nuages pour les bombardements préalables
un vent faible pour le parachutage des hommes
peu de vagues à la côte pour le débarquement des hommes et du matériel
pour bénéficier à la fois d’un effet de surprise et y voir suffisamment, le débarquement devait avoir lieu à l’aube, mais avec une marée basse au lever du Soleil afin de distinguer les mines et les obstacles déposés par les Allemands sur les plages.

le jour J doit avoir lieu entre un jour avant et quatre jours après la pleine lune. Le jour J lui-même et les trois jours suivants doivent bénéficier d’un temps calme : des vents inférieurs à force 3 (moins de 12 km/h) à la côte et force 4 (moins de 20 km/h) au large. La couverture nuageuse doit être peu épaisse jusqu’à une altitude de 2 400 m, la base des nuages doit être supérieure à 900 m et la visibilité supérieure à 4,5 km.

Compte tenu de ces impératifs et en s’appuyant sur des études climatologiques, le général Eisenhower fixe la date du débarquement en Normandie au 5 juin 1944.

Débarquement repoussé de 24 heures

Après de grandes périodes de beau temps en mai, juin débute avec un mauvais temps inhabituel pour la saison.
Le samedi 3 juin, les différents centres de prévision s’accordent sur le fait que le temps sera trop mauvais pour un débarquement à la date prévue, le lundi 5 juin au matin. Mer forte et couverture nuageuse ne permettront ni les opérations maritimes, ni les opérations aériennes.
Mais en fait, l’opération a déjà commencé : le chargement des hommes et du matériel est en cours et certains convois sont en mer. Si on repousse le débarquement jusqu’à la prochaine période favorable du point de vue lune et marée (15 jours plus tard), il sera impossible de garder le secret. Eisenhower décide donc de poursuivre et de prendre ses décisions au jour le jour en fonction des prévisions météo.
Le dimanche soir, la perturbation qui apporte pluie et vent sur l’Angleterre se déplace vers le sud-est. Elle sera dans quelques heures sur les côtes de Normandie, ce qui confirme l’impossibilité de débarquer le lendemain matin. Mais derrière ce front froid, au cours de la journée de lundi, il est prévu que le temps s’éclaircisse et que les vents faiblissent. Les conditions seront favorables le mardi 6 juin au matin. La décision est alors prise : les opérations en cours sont suspendues et le débarquement est repoussé au mardi 6 juin 1944 à l’aube.

plus intéressant encore, mais à vérifier évidemment:
De leur côté, les Allemands, qui s’attendent à un débarquement quelque part sur les côtes de France, surveillent de près l‘évolution météorologique. Ils savent que les conditions de marée et de lune seraient favorables à partir du 5 juin, mais ils ont prévu du mauvais temps du 5 au 7 juin. De plus, ils pensent que les Alliés ont besoin d’au moins 6 jours de beau temps pour lancer une telle opération. Ne croyant pas à la possibilité d’un débarquement, ils allègent leur dispositif de surveillance et la Marine allemande suspend ses patrouilles en Manche. Une mauvaise appréciation qui, sans aucun doute, a pesé lourd dans l’issue finale de la bataillee

À cette époque, toute l’information météorologique était transmise par radio, mais sous forme codée. Sauf à connaître les codes de la partie adverse, chacun ne disposait que de ses propres observations et celles de ses alliés. C’est pourquoi ces deux cartes sont tout à fait complémentaires : le service météorologique allemand ne dispose d’aucune information sur les zones tenues par les Alliés : Iles Britanniques, Afrique du Nord, Italie du Sud, Sicile, Sardaigne. La Corse, qui s’est libérée en septembre 1943, ne figure pas non plus sur la carte allemande alors que l’observation de Bonifacio est présente sur la carte britannique ; en revanche, Guernesey et Cherbourg sont toujours sous contrôle des Allemands. À l’inverse, les Britanniques n’ont pas accès aux informations météorologiques des pays occupés (France, Pays-Bas, Europe centrale, Europe du Nord). Les observations des stations météorologiques despagne, pays neutre, figurent sur les deux documents. En fait, lors du débarquement, les Alliés savaient déchiffrer les codes allemands. Et, à l’exception de quelques heures lors des changements de code, les forces alliées bénéficiaient également des observations météorologiques allemandes et françaises.

je ne sais pas si ça peut vous intéresser, voici les cartes "météo" britannique et allemande; comme vous le verrez elles diffèrent quelque peu; cela dit aujourd'hui encore les différents services météo nationaux, présentent parfois ce même type d'écart.
http://www.meteofrance.com/pub-adm/disp ... 1/1614.jpg
http://www.meteofrance.com/pub-adm/disp ... 1/1613.jpg

une différence d'appréciation de la situation météo du 6 juin 1944, entre les Allemands et les Britaniques aurait joué un rôle dans le déroulement de cet évènement majeur ?


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Message Publié : 13 Août 2006 12:25 
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Les témoignages montrent aussi que les Allemands s'attendaient à un débarquement à marée haute. C'était la méthode systématiquement utilisée par les Américains dans le Pacifique. Les Allemands avaient étudiés de près les rapports des débarquements du Pacifique fournis par les Japonais. De leur analyse, il ressortait que les Américains débarquanient ne force, à marée haute, après une préparation d'artillerie et de bombardement préalables. Rommel en avait aussi conclus qu'il fallait les empêcher de sortir des plages et d'atteindre l'arrière pays, c'est la raison pour laquelle il demandait de pouvoir disposer de divisions blindées en réserve à un endroit proche du lieu qu'il pensait être celui du débarquement (c. à d. la Normandie). Comme une grande partie des membres de l'état-major (et Hitler) penchaient pour un débarquement dans le Pas de Calais, les divisions blindées furent tenues en réserve plus loin du front. De plus, Hitler attendit d'être sûr que ce n'était pas une manoeuvre de diversion pour faire monter ses divisions blindées en ligne.
Les Alliées, qui connaissaient l'étude réalisée par les Allemands ont intensifié les bombardements dans le Pas de calais quelques jours avant la date probable du Débarquement.

La météo faillit jouer unmauvait tour aux Alliés, une terrible et puissance tempète faillit détruire tout leurs ports provisoires.


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Message Publié : 13 Août 2006 12:42 
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Est-il exact que les Alliés ont informé plusieurs de leurs agents d'un débarquement dans le PDC, puis les ont envoyés en France pour une mission après avoir organisé leur capture par les Allemands, qui ont été ainsi totalement intoxiqués par des aveux obtenus sous la torture par ces malheureux sacrifiés sans le savoir ?
Cela me paraît tellement machiavélique et cynique que malgré l'enjeu, j'ai du mal à y croire.

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Message Publié : 13 Août 2006 12:46 
J'ai une question.
Je pense qu'elle a sa place ici.
Pour faire croire aux allemands qu'un débarquement allait se produire dans le NPC, les allliés ont fabriqués une fausse armée.
Comment était-elle fabriquée ?

Merci par avance !!!


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Message Publié : 13 Août 2006 14:45 
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Grégoire de Tours
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Plantin-Moretus a écrit :
Est-il exact que les Alliés ont informé plusieurs de leurs agents d'un débarquement dans le PDC, puis les ont envoyés en France pour une mission après avoir organisé leur capture par les Allemands, qui ont été ainsi totalement intoxiqués par des aveux obtenus sous la torture par ces malheureux sacrifiés sans le savoir ?
Cela me paraît tellement machiavélique et cynique que malgré l'enjeu, j'ai du mal à y croire.

N'était ce pas une version véhiculée par un film ? Il me le semble, mais je ne sais plus lequel. Peut-être "Nom de Code Émeraude" ?
GRMY a écrit :
Pour faire croire aux allemands qu'un débarquement allait se produire dans le NPC, les allliés ont fabriqués une fausse armée.
Comment était-elle fabriquée ?

En caoutchouc je crois et en bois. Elle était commandée par Patton. N'était-ce pas celle-ci que les Allemands ont bombardé avec des bombes en bois plus tard ?

Il y a un film là dessus aussi, un espion allemand qui va en prendre des photographies et qui se réfugie sur une île après une tempête. Il tue les quelques habitants en attendant le sous-marin qui doit venir le chercher et est finalement tué à la fin. Mais ça doit être une pure fiction.


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Message Publié : 13 Août 2006 15:29 
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Bernard a écrit :
Plantin-Moretus a écrit :
Est-il exact que les Alliés ont informé plusieurs de leurs agents d'un débarquement dans le PDC, puis les ont envoyés en France pour une mission après avoir organisé leur capture par les Allemands, qui ont été ainsi totalement intoxiqués par des aveux obtenus sous la torture par ces malheureux sacrifiés sans le savoir ?
Cela me paraît tellement machiavélique et cynique que malgré l'enjeu, j'ai du mal à y croire.

N'était ce pas une version véhiculée par un film ? Il me le semble, mais je ne sais plus lequel. Peut-être "Nom de Code Émeraude" ?


Malheureusement, c'est un fait bien réel.
Voici ce qui en est dit dans: "Histoire de l'espionnage mondial" de G. Etienne et C. Moniquet, éditions du félin
Citer :
Fortitude a été précédée d'une autre opération allant dans le même sens : Starkey, dont le but est de mobiliser les Allemands autour du Pas-de-Calais afin de les empêcher d'envoyer des renforts en Italie où les Anglo-Américains débarqueront les 9 et 10 juillet 1943.
L'un des aspect les plus tragiques de Starkey est certainement la chute des réseaux Prosper et de leur chef, le major Francis Suttill. Né à Lille en 1910 d'une mère française et d'un père anglais, Suttill, qui a choisi de servir dans les commandos, est tout naturellement recruté par le SOE au début de la guerre et chargé de monter en france le réseau auquel il donnera son nom de guerre, Prosper. Le succès est au rendez-vous : les réseaux Peosper s'étendent sur l'ensemble des départements du nord de la Loire, et des dizaines de tonnes d'armes leur sont parachutés. Mais, à Londres, des responsables de la guerre secrète ont déjà décidé de passer par pertes et profits les réseaux Prosper. En mai 1943, Suttill est donc convoqué en Grande-Bretagne où on lui demandera de placer tous ses groupes en alerte en vue d'un débarquement qui aura lieu, dans la région de Calais, au début du mois de septembre.
Au tout début de l'été 43, alors que, officiellement Fortitude commence à peine à se mettre en place, Suttill est arrêté à Paris. Les spécialistes s'entendent aujourd'hui pour penser que seuls les SR de Londres ont pu, d'une manière ou d'une autre, donner aux Allemands l'adresse de sa planque qui n'était connue de personne excepté de la section F (French) du SOE. Suttill après trois jours d'interrogatoires, livrera ses réseaux (des dizaines de tonnes d'armes et un millier de résistants) contre la promesse de voir las Allemands traiter ces derniers comme des prisonniers de guerre. Une promesse qui ne sera, évidemment, jamais tenue : la grande majorité des résistants arrêtés mourra sous la torture ou en déportation. L'importance de Prosper, les renseignements arrachés à leurs prisonniers par la Gestapo et le trafic radio que Londres continuera à entretenir, en toute connaissance de cause, avec Archambault (Gilbert Norman) le radio de Prosper émettant désormais sous contrôle allemand (et qui fera tout pour en prévenir l'Angleterre), renforceront Berlin dans l'idée que le Pas-de-Calais est bien la zone choisie pour le débarquement en France.
On l'a dit, des centaines de membres de prosper mourront, Suttill, lui, sera pendu au camp de concentration de Flossenburg et son radio, Norman, sera lui aussi exécute.
Les archives de Starkey ont fort opportunément brûlé après la guerre, et, si les grandes lignes et de nombreux détails de Fortitude sont aujourd'hui connus, les points d'interrogation demeurent nombreux et bon nombre de dossiers restent interdits d'accès. Au total, fortitude a certainement coûté, du nord au sud de l'Europe, plusieurs milliers de vie humaines : résistants et agents parachutistes anglais délibérément livrés à l'ennemi pour lui communiquer (souvent sous la torture) de fausses informations, ou sacrifiés dans des opérations de diversion ; pilotes tués dans des missions de bombardement sans utilité réelle ; civils écrasés sous les bombes, entre autres en France.
A son actif, on peut penser que cette opération, certainement l'une des plus cyniques et cruelles de toute l'histoire de la guerre secrète, a permis la réussite du débarquement du 6 juin 1944. On doit en tout cas l'espérer, sans cela, ces milliers de vies auront été sacrifiées pour rien.
Churchill aurait dit : "En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu'elle devrait toujours être protégée par un rempart de mensonges." Starkey et Fortitude seront deux des éléments essentiels de ce rempart de mensonge. Mais comment ne pas être accablé par la simple idée que c'est en l'ignorant, et en étant manipulés, que tant d'agents et de résistants courageux ont rendus à la cause alliée le plus grand service qu'ils pouvaient lui rendre ?


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Message Publié : 13 Août 2006 15:42 
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Eh ben... c'est encore pire que je ne le croyais; des milliers de vies... C'est une chose d'envoyer des hommes au combat, c'en est une autre de les sacrifier en toute connaissance de cause.
J'ose à peine dire merci à Narduccio pour cette confirmation.

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Message Publié : 13 Août 2006 15:52 
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Plantin-Moretus a écrit :
Eh ben... c'est encore pire que je ne le croyais; des milliers de vies... C'est une chose d'envoyer des hommes au combat, c'en est une autre de les sacrifier en toute connaissance de cause.
J'ose à peine dire merci à Narduccio pour cette confirmation.


Comme ils disent dans le livre, même en sachant que le sacrifices de ces vies ont permit la réussite de la lutte contre le régime nazie, il persiste un certain malaise. Mais nous devons nous souvenir des ces gens qui avec honneur et courage ont donné leurs vies pour notre liberté.

De nombreuses missions lors de la guerre sont des missions suicides, l'envoi de parachutistes pour tenir la poche de Bastogne peut-être vu comme une action suicidaire. Des parachutistes, bien entrainés, d'accord, mais avec un armement léger contre des divisions blindées. Et pourtant, ils vont tenir. Si les Alliés avaient été rejéttés à la mer le 6 juin 44, combien de morts en plus, combien de souffrance en plus. On ne le saura jamais; mais par leurs sacrifice, cette question est devenue un "whaf if".


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Message Publié : 13 Août 2006 18:05 
Merci Bernard pour cette info.
Cela a du prendre du temps pour fabriquer ça, non ?


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