Jadis a écrit :
"L'unanimité politique" autour de Mendès provoque une rencontre avec de Gaulle, en octobre 1954, mais les deux hommes ont des jugements très durs l'un sur l'autre : le Général estime que Mendès veut assainir la République, mais qu'elle se débarrassera de lui avec ses maux, ne pouvant cacher l'idée que lui seul est digne de sauver la République ; tandis que Mendès trouve le Général, vieilli, "un homme fini" écrit-il même.
Dans "De Gaulle, tome 2. Le politique", Jean Lacouture relate la teneur de cette entrevue du 13 octobre 1954. De Gaulle aurait signifié à PMF l’échec inéluctable qui serait le sien ... En substance : "le régime peut vous permettre de le soulager de ses fardeaux (CED, Indochine, réarmement allemand, etc...) mais pas de mener une politique constructive, une politique française".
De Gaulle poursuit : "Le régime ne vous permet pas d'avoir un gouvernement. Il vous laisse seulement le choix entre un cabinet formé de dix-huit pieds de banc ou un cabinet dans lequel se trouveraient vos rivaux. Or de temps en temps, des gens peuvent bien agiter leurs chapeaux sur votre passage, parce que vous êtes nouveau et sympathique, mais quand vous aurez débarrassé le régime de ce qui le gênait le régime se débarrassera de vous".
PMF demande "comment changer le régime ? " La réponse cingle : "J'ai essayé de changer le régime mais vous ne m'avez pas beaucoup aidé. Quant à vous, vous n'êtes même pas résolu à essayer..."
Il n'en reste pas moins que De Gaulle appréciait Mendès pour "son ardeur, sa valeur, sa vigueur" (propos tenus le 4 décembre 1954 au Vel'd'hiv, devant le RPF).