Jerôme a écrit :
Ils étaient prets à conceder beaucoup aux Anglais car pour eux l essentiel était de faire avancer la construction européenne sans esprit de retour !
Qu'en termes choisis ces choses-là sont dites! Ou comment voir le verre à moitié plein.
Le pire, c'est que je crois que vous ayez raison, Mitterrand et Delors comme vous dites n'étant ni des paresseux, ni des enfants de la comm'.
Mais n'importe quel enfant un peu futé peut voir d'emblée que cela ne tient pas la mer. On ne se présente pas à une négociation en se disant "ce qui compte, c'est que mon interlocuteur soit surtout
très content à la fin, je vais donc lâcher beaucoup, sciemment et avec allégresse".
On cherche
- soit le meilleur pour soi et soi seulement, dans le cas d'une négociation à court-terme sans lendemain (quand vous achetez votre voiture),
- soit un accord
win-win où chaque partie trouve son compte, quand il s'agit de renforcer l'avenir.
Mais vous imagineriez-vous aller négocier votre salaire en vous disant "il est important que mon chef m'aime et qu'il ait envie de travailler longtemps avec moi, je vais commencer par demander 0% d'augmentation?".
Jerôme a écrit :
Sans doute espéraient ils que Londres finirait par ressembler à Paris et par accepter dans le moyen long terme une union politique voire militaire moins libérale et moins liée aux États-unis ?
Superbe et attendrissant. Mais n'est-ce pas se croire plus malin que les autres, imaginer des coups de billard florentin à trois bandes, basés avant tout sur l'on souhaite voir plutôt que ce qui est?
Madame Thatcher à ma connaissance n'a jamais laissé entendre quoi que ce fut qui put aller dans ce sens. Quand elle a demandé son rabais, elle l'a eu.
Pompidou avait eu le même raisonnement pour faire entrer le Royaume-Uni dans la CEE:
Pompidou le 16 mars 1972 a écrit :
S'unir à un peuple qui a peut-être plus que tout autre au monde le souci de garder son identité nationale, c'est aussi faire le choix pour l'Europe d'une formule qui préservera la personnalité des nations qui la composent. [...] amarrer solidement la Grande-Bretagne à l'Europe, donner ainsi à cette dernière ses véritables dimensions et ses possibilités et marquer l'identité de cette Europe vis-à-vis de tout le monde, y compris vis-à-vis des États-Unis, amis certes, mais enfin situés sur un autre continent
En gros, faire rentrer le RU dans la construction européenne pour faire échec aux fédéralistes allemands et détacher le RU des USA
Ce qui est touchant, c'est que là non plus cela ne repose pas, toujours à ma connaissance, sur des déclarations britanniques, mais bien sur des idées françaises. Et des idées compliquées, encore.
Dans la même veine, je suis sûr que au moment de décider qui de Jésus ou de Barrabas devait être libéré, il y a du avoir dans la foule un plus malin que les autres pour se dire "je vais voter Barrabas et comme ça c'est Jésus qui sera choisi"
(nb: sur le fond, je ne porte pas de jugement quant au référendum de 72 et sur l'adhésion du R-U. Car l'Histoire n'était pas écrite d'avance, les Britanniques auraient très bien pu jouer un rôle tout autre pendant les quarante ans qui ont suivi)