Il y a un problème de compréhension de de Gaulle effectivement, car il a laissé passé dans la constitution de 1958, la création d'un Sénat très proche de l'ancien Conseil de la République. L'explication, à mon avis du moins, est qu'en 1958, il laisse faire Michel Debré et ses jeunes conseillers, tous issus du Conseil d'Etat ( Aurillac, Janot ..). Debré est alors Sénateur je crois, de mémoire; il démarque 1946 pour ne pas faire trop de vagues et que de Gaulle ne soit pas trop critiqué. Mais on revoit le rôle du parlement (en baisse) et on donne au Président de grands pouvoirs, ce à quoi tenait de Gaulle, depuis toujours. Ne pas oublier que Guy Mollet, Pfimlin, Pinay, Berthoin, donc PS, rad., MRP, Ind., sont dans le gouvernement de Gaulle de 58. De Gaulle laisse Debré manoeuvrer et rédiger. Une fois Président assuré, après l'indépendance algérienne et l' attentat de Clamart, il peut à présent imposer ses idées. Il commence par le plus urgent, l'élection du PR au suffrage universel après référendum. Le Sénat l'accuse par son Président de forfaiture et devient publiquement "une chambre d'opposition au gaullisme" comme le dit un ouvrage.! De Gaulle a du enrager, mais il pense à sa réélection de 1965 et Pompidou, qu'il écoute, lui dit certainement de ne pas toucher au Sénat. Après mai 68, effectivement, il sait que tout est changé pour lui, c'est Pompidou qui a gagné les législatives, il tente un coup de poker, avec son référendum impossible et cette réforme du Sénat que personne ne comprend, trop brutale, une suppression en fait. Il y a donc pour moi, chez de Gaulle une incompréhension du rôle du Sénat et en 62, une colère justifiée contre le Sénat, qui se transformera après le choc de mai 68 en tentative de suppression et remplacement par un organisme sans pouvoirs mais représentant la société réelle. Il tire à sa manière les leçons de Mai 68.
_________________ Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.
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