bourbilly21 a écrit :
(serait-ce chronologiquement le premier Discours du voyage ?)
Sur la chronologie si on se fie aux vidéos youtube, le discours de Bonn (sur la Marktplatz) est bien le premier le 4 septembre 1962, mais surtout grâce au site officiel des archives Charles De Gaulle :
Site des Archives Charles De Gaulle, on peut reconstituer la chronologie du voyage en Allemagne
- 4 septembre 1962 : Bonn (Accueilli à Bonn par le Président de la République Heinrich Luebke, il répond à l'allocation de bienvenue que celui-ci lui a adressée.)
- 5 septembre 1962 : Bonn (allocution prononcée en allemand)
- 5 septembre 1962: Cologne (allocution prononcée en allemand)
- 6 septembre 1962 : Allocution prononcée en allemand devant les ouvriers des usines Thyssen à Duisbourg-Hamborn
- 6 septembre 1962 : Düsseldorf (allocution prononcée en allemand)
- 7 septembre 1962 : Hambourg, devant les officiers de l'Ecole de guerre allemande
- 9 septembre 1962 : Ludwigsbourg
Il n'y aurait pas de discours le 8 septembre, à vérifier, mais les archives De Gaulle n'en mentionne pas...
Je mets les discours vu qu'ils ne sont pas trop longs :
Citer :
Allocution prononcée à Bonn - 4 septembre 1962
Accueilli à Bonn par le Président de la République Heinrich Luebke, il répond à l'allocation de bienvenue que celui-ci lui a adressée.
Monsieur le Président de la République fédérale d'Allemagne,
C'est avec honneur et c'est avec joie que je viens, à votre invitation, rendre visite à l'Allemagne. De toute façon, pour un chef d'État, le fait d'être reçu officiellement par un autre pays comporte une haute signification. Quand il s'agit de deux grands États voisins, l'affaire ne manque pas de prendre un relief particulier. Mais, aujourd'hui, c'est bien un caractère extraordinaire que revêt notre rencontre. Après la visite que vous nous avez faite, l'an dernier, en compagnie de Madame Luebke, et qu'a suivie le voyage chez nous du Chancelier fédéral - visite et voyage qui nous ont laissé de très vivants et excellents souvenirs - voici que la France est l'hôte de l'Allemagne ! Voici qu'elle l'est, alors que nos deux pays, après tant et tant de luttes, sont devenus solidaires délibérément et en complète dignité. Et voici que je viens apporter au peuple allemand, dans une période de l'Histoire où il se trouve menacé à l'avant-garde du monde libre mais où son effort de paix et de civilisation se déploie magnifiquement, le témoignage de son ami le peuple français. Comment ne ressentirais-je pas jusqu'au fond de l'âme ce que ma présence sur votre sol et mon contact avec votre pays ont d'essentiel et d'émouvant ? Vive la République fédérale d'Allemagne !
Citer :
Réponse au toast prononcé par le président Heinrich Luebke - 4 septembre 1962
Le Général de Général prend la parole lors d'une réception offerte en son honneur par le Président de la République fédérale d'Allemagne au château de Brühl.
Monsieur le Président de la République fédérale d'Allemagne,
Que l'Allemagne reçoive officiellement le Chef de l'État français, qu'elle l'accueille avec la cordialité que vos paroles viennent si noblement d'exprimer, que votre hôte soit cet homme même qui a l'honneur de vous répondre, que de telles cérémonies succèdent ici à celles qui, en France, ont eu lieu lors de votre propre et émouvante visite, puis à l'occasion de l'inoubliable voyage du Chancelier fédéral, voilà qui marque notre temps d'une empreinte vraiment extraordinaire. Car le rapprochement amical de nos deux pays est sans conteste l'un des événements les plus importants et éclatants de tous ceux que l'Europe et le monde ont vécus au long des siècles. D'autant plus que cette union, vers laquelle tendent l'Allemagne et la France, c'est afin d'agir ensemble que toutes deux commencent à la bâtir.
Dans les bons rapports mutuels que pratiquent nos gouvernements, des sceptiques pourraient voir simplement cette sorte d'abandon qui, au terme de leur combat, fait s'appuyer l'un sur l'autre des lutteurs chancelants et épuisés. Et, certes, il est bien vrai que Français et Allemands, ayant renoncé- et pour cause !- à leurs luttes stériles et ruineuses, s'aperçoivent maintenant de ce qui les fait se ressembler. Mais, si nous avons relégué nos querelles et nos fureurs, ce n'est pas pour nous assoupir !
Au contraire, de cette réconciliation, il s'agit que nous fassions une source commune de force, d'influence et d'action. L'union, pourquoi ? L'union, d'abord, parce que nous sommes ensemble et directement menacés. Devant l'ambition dominatrice des Soviets, la France sait quel péril immédiat courraient son corps et son âme, si, en avant d'elle, l'Allemagne venait à fléchir, et l'Allemagne n'ignore pas que son destin serait scellé si, derrière elle, la France cessait de la soutenir. L'union, ensuite, pour cette raison que l'alliance du monde libre, autrement dit l'engagement réciproque de l'Europe et de l'Amérique, ne peut conserver à la longue son assurance et sa solidité que s'il existe sur l'ancien continent un môle de puissance et de prospérité du même ordre que celui que les États-Unis constituent dans le Nouveau Monde. Or, un tel môle ne saurait avoir d'autre base que la solidarité de nos deux pays. L'union, encore, dans la perspective d'une détente, puis d'une compréhension internationales, qui permettraient à toute l'Europe, dès lors qu'auraient cessé à l'Est les ambitions dominatrices d'une idéologie périmée, d'établir son équilibre, sa paix, son développement, de l'Atlantique à l'Oural, à l'impérative condition que soit pratiquée une vivante et forte communauté européenne à l'Ouest, c'est-à-dire essentiellement une seule et même politique franco-allemande. L'union, enfin, je serais même tenté de dire surtout, à cause de l'immense tâche de progrès, scientifique, technique, économique, social, culturel, qui s'impose au monde entier et pour laquelle la conjonction des valeurs de l'Europe, en premier lieu de celles de l'Allemagne et de la France, peut et doit être l'élément majeur de a réussite humaine.
Mais comment faire pour que notre union, sortant du domaine des souhaits, entre dans celui de l'action, autrement dit de la politique ? En vérité, la voie est tracée. Parmi les six États d'Europe : Allemagne, France, Italie, Hollande, Belgique, Luxembourg, que leur voisinage immédiat, leur mode de vie analogue, leurs ressources complémentaires, leur sourde conscience d'un destin désormais semblable, ont déterminés déjà à constituer entre eux une communauté économique, tout est maintenant formulé et proposé pour qu'ils organisent leur coopération politique. Sans doute, quelques théories et préjugés du dedans, se combinant avec certaines influences du dehors, ont-ils pu, momentanément, tenir la conclusion en suspens. Mais l'Allemagne et la France, d'accord sur le principe et sur les modalités de cette construction capitale, ont toutes raisons, quant à elles, de resserrer sans tarder, leur propre solidarité. En le faisant, elles peuvent être assurées de bien servir l'Europe et la liberté du monde. Monsieur le Président, je vous remercie ! Je remercie en votre personne l'homme d'État qui préside au destin de l'Allemagne fédérale avec la plus haute sagesse et une éminente dignité et qui a prononcé tout à l'heure des paroles que nous n'oublierons jamais. Je remercie respectueusement Madame Luebke, si aimable et si bienveillante, pour l'accueil excellent qu'elle nous fait ici, à ma femme et à moi-même, ainsi qu'à ceux et à celles qui nous accompagnent. Je lève mon verre en l'honneur de l'Allemagne, amie et alliée de la France.
Citer :
Traduction de l'allocution prononcée en allemand à Bonn - 5 septembre 1962
C'est pour moi une joie et un honneur d'être reçu dans votre pays. D'abord, ayant la charge de servir de guide à la France, je me félicite de prendre directement contact, ici même, avec les hommes qui dirigent l'Allemagne, car, dans le monde et au temps d'aujourd'hui, nos deux peuples ont à faire ensemble beaucoup et de grandes choses. Mais rien ne peut m'y encourager mieux que l'accueil magnifique que tous vous voulez bien me faire. Vous voyant aujourd'hui réunis autour de moi, vous entendant m'exprimer votre témoignage, je me sens, plus encore qu'hier, rempli d'estime et de confiance pour le grand peuple que vous êtes, oui ! pour le grand peuple allemand. Soyez sûrs que, dans toute la France, où l'on regarde et où l'on écoute ce qui se passe à Bonn aujourd'hui, c'est la vague de l'amitié qui se lève et qui déferle dans les esprits et dans les coeurs.
Vive Bonn ! Vive l'Allemagne !
Citer :
Traduction de l'allocution prononcée en allemand à Cologne - 5 septembre 1962
Poursuivant son voyage en Allemagne, le général de Gaulle s'est rendu à Cologne, où il s'adresse en allemand à la population rassemblée devant l'Hôtel de ville.
A la ville de Cologne, je veux dire combien je suis sensible à son si cordial accueil. J'y suis sensible parce que son sentiment est celui d'une grande, belle et noble cité, imprégnée des souvenirs illustres du passé, vivant dans l'ardeur des activités du présent, remplie des espérances de l'avenir. J'y suis sensible parce qu'aujourd'hui où le monde libre et, d'abord, nos deux pays sont menacés, Cologne donne, au bord du Rhin, la preuve qu'entre l'Allemagne et la France les anciennes querelles ont fait place à l'union et à l'amitié. J'y suis sensible, parce qu'il y a ici, tout justement, à mes côtés, un grand Allemand, un grand Européen, un grand homme, que Cologne connaît parfaitement bien, qui a travaillé plus que personne à cet extraordinaire changement et à qui je rends hommage devant vous tous.
Vive Cologne !
Vive l' Allemagne !
Vive l'amitié franco-allemande !
Citer :
Traduction de l'allocution devant les ouvriers des usines Thyssen - 6 septembre 1962
Traduction de l'allocution du général de GAULLE, prononcée en allemand devant les ouvriers des usines Thyssen prononcée à Duisburg-Hamborn (6 septembre 1962) :
J'ai souhaité venir vous saluer sur le lieu de votre travail et vous exprimer l'amicale pensée des Français. Pour que Charles de Gaulle soit ici et pour que vous lui fassiez cet accueil cordial et émouvant, il faut vraiment que la confiance existe entre nos deux peuples. Eh bien ! Oui ! Aujourd'hui, ce qui se fait dans la Ruhr, ce qui se produit dans les usines modèles comme celles-ci, n'éveille plus dans mon pays que sympathie et satisfaction ! Quant à moi, ce n'est pas seulement avec intérêt, c'est avec joie que je viens de voir l'organisation perfectionnée, l'outillage moderne, la technique en plein essor, qui marquent la grande entreprise dont vous faites partie. Car nos deux pays sont devenus solidaires. Quand vous travaillez en Allemagne et quand nous travaillons en France, cela tend à un même but : la paix, la dignité et le bonheur des hommes libres. Ah ! quelle révolution par rapport à ce qui fut ! À chacune, à chacun de vous, je souhaite dans la vie la meilleure chance possible. À travers vous, j'adresse tous mes voeux au peuple allemand au travail. À vous tous, je demande de vous joindre à moi pour célébrer un fait nouveau, l'un des plus grands des temps modernes l'amitié de l'Allemagne et de la France.
Citer :
Traduction de l'allocution prononcée en allemand à Düsseldorf - 6 septembre 1962
Traduction de l'allocution prononcée en allemand à Düsseldorf devant la foule, le 6 septembre 1962
Le général de Gaulle prend la parole en allemand devant la population de la ville de Düsseldorf, rassemblée en face du Palais du Premier ministre du Land de Rhénanie-Nord-Westphalie.
A vous tous qui, à Düsseldorf, me faites un si cordial accueil. Je veux dire merci, de tout mon coeur. Düsseldorf, cette grande, laborieuse et fraternelle cité, montre aujourd'hui que l'amitié de l'Allemagne et de la France est bien ce que veulent sa raison et son sentiment. Mais aussi, Düsseldorf apporte à Charles de Gaulle un témoignage réconfortant. Oui ! dans ce que je puis faire pour notre prospérité, notre liberté, notre sécurité communes, me voilà, grâce à vous tous, plus assuré et plus résolu. Encore une fois : merci !
Vive Düsseldorf !
Vive l'Allemagne !
Vive l'amitie franco-allemande !