Rob1 a écrit :
Pierma a écrit :
J'ai souligné plus haut que ce cas de figure supprimait toute profondeur à la défense de l'OTAN, acculée à l'ouest en France, Belgique et Hollande. (Sans compter l'absence dans ses rangs de la Bundeswehr.)
L'idée ne me semble pas idiote pourtant. Pour l'OTAN comme pour le bloc communiste, une Allemagne neutralisée aurait formé une zone-tampon. En cas d'invasion par l'un ou l'autre camp, on l'aurait vu venir loin à l'avance et on aurait pu contre-attaquer en Allemagne, épargnant le territoire national.
A vrai dire, neutres ou pas, les Allemands savaient ajouter 2+2 et prévoir qu'ils seraient de toute façon le champ de bataille d'un affrontement est-ouest en Europe.
Dès lors, compte-tenu des capacités militaires que la RFA pouvait mettre en oeuvre, le développement de la Bundeswehr et son ancrage à l'OTAN était la solution la plus sûre pour la RFA. (C'est bien la Bundeswehr qui fut pendant toutes ces années le pivot de la défense de l'OTAN. Neutralisée, l'Allemagne aurait affaibli d'autant cette défense.)
Même dans ces conditions, le fait d'être le futur champ de bataille ne réjouissait pas plus que cela les Allemands de l'Ouest. En particulier, ils voyaient d'un très mauvais oeil la France déployer ses missiles Pluton dans le nord-est de la France, avec une portée de 200 km, et sous l'appellation "dissuasion nucléaire tactique". C'est le mot "tactique" qui en laissait prévoir l'usage : c'était une arme de bataille, et on pouvait prévoir, même si elle n'était utilisée que dans le cas où les forces de l'OTAN seraient submergées, qu'elle le serait en Allemagne.
A vrai dire, je ne sais pas ce qu'il en était des forces américaines, mais on ne voit pas pourquoi elles n'auraient pas disposé de ce genre d'armes, sachant que les troupes du Pacte de Varsovie en disposaient en quantité. C'est sans doute ce qui explique, malgré le sentiment anticommuniste majoritaire en RFA, qu'il y ait eu un courant neutraliste (minoritaire mais réel) dans les années 80. Pour une neutralité illusoire qui n'aurait pas empêché l'usage éventuel d'armes nucléaires tactiques sur le territoire allemand : comme vous le décrivez, le champ de bataille était là.
(J'ai déjà lu quelque part qu'après la chute du Mur, on avait obtenu, par les pays de l'est, les scénarios d'offensives du Pacte, qui tous prévoyaient une utilisation systématique, voire massive, des missiles nucléaires tactiques, et cela malgré toutes les assurances, les garanties et les engagements verbaux dont les Soviétiques n'avaient pas été avares pendant ces années-là.)