Pouzet a écrit :
Bonjour !
Pourquoi le président Mitterrand et plus tard Jacques Chirac durant les périodes de cohabitation n'ont pas eu recours à l'article 49-3 de la constitution pour passer outre aux assemblées qui leur étaient défavorables suites aux élections législatives de 1986, 1993 et 1997 ?
Bien sûr l'opposition pouvait voter une motion de censure, et alors ?
Le président pouvait imposer sa volonté avec l'article 49-3 de toute façon, ou je me trompe ?
Oui vous faites erreur. Le président socialiste qui n'a pas de majorité socialiste à l'assemblée ne peut pas choisir un premier ministre socialiste parce que celui-ci sera renversé au premier vote de l'assemblée. S'il passe une loi en 49.3 il la perdra, ou sinon l'opposition déposera une motion de censure sur la première loi qui passe, l'opposition mettra le gouvernement à terre immédiatement.
Le 49.3 c'est la menace implicite "vous votez ou je dissous", mais c'est une menace non dissuasive dans le cas où la majorité sait qu'elle peut affronter des élections législatives. (Et puis on ne va pas relancer le pays dans des élections législatives toutes les cinq minutes.)
Une majorité législative de droite ne votera que les lois d'un premier ministre de droite, il serait inutile, et même puéril, de lui présenter un premier ministre de gauche.
(le même raisonnement fonctionne aussi dans l'autre sens : battu aux législatives Chirac a dû prendre le premier ministre proposé par le parti socialiste, Jospin.)
Citer :
F Mitterrand et J Chirac tablaient-ils sur une usure du pouvoir de leur adversaires pour se faire réélire pour un 2° mandat ?
Merci de vos lumières !
Mitterrand, qui par tempérament et du fait de sa maladie ne voulait pas céder d'un pouce devant la droite a été im-pé-rial au cours de la première cohabitation. Il a utilisé tout le prestige de sa fonction pour faire pièce à Chirac et le considérer du haut de son trône. L'opinion l'a suivi et a refusé Chirac à l'élection présidentielle suivante.
Chirac en gardera un souvenir cuisant et préférera le coup suivant, en 93, laisser la place très exposée de premier ministre à Balladur, qui se verra bien à tort pousser des ambitions présidentielles, les sondages lui étant favorables.
(Les politologues affirment de longue date, et c'est une règle vérifiée à chaque occurrence qu'un premier ministre échoue s'il se présente aux présidentielles.)