Mouais... Franco avait peut-être des qualités militaires et un certain aura auprès de ses collègues, mais il n'était pas à la tête du coup d'état militaire qui devait renverser la république espagnole, et qui s'est fait en dépit du bon sens.
(Savoir ce qu'aurait été la suite, si ce coup d'état avait réussi, et en particulier si on aurait évité une guerre civile, cela reste du domaine de la spéculation, mais ce qui est certain c'est qu'avec des régions où les militaires réussissent à prendre le pouvoir et d'autres où la république tient bon, la guerre civile est automatique.)
Franco a eu de la chance, dans son entreprise improvisée par d'autres, et ce sont ces coups de chance qui lui ont permis de l'emporter.
- Tout d'abord on lui sert le Maroc espagnol sur un plateau. Il lui suffit de prendre le train en marche :
Wiki a écrit :
Au Maroc, de crainte que le complot ne soit découvert, et sur la foi de rumeurs portant que les conspirateurs allaient être interpellés, les légionnaires et les tabors indigènes avaient avancé leur mouvement d’une journée, sans attendre Franco, et c’est donc dès l’après-midi du 17 juillet que le soulèvement fut déclenché en Afrique. Le 18 juillet à quatre heures du matin, on vint réveiller Franco [qui se trouvait aux Canaries] pour lui communiquer que les garnisons de Ceuta, de Melilla et de Tétouan s’étaient soulevées avec succès. Dans la même matinée, Franco, après avoir embarqué son épouse et sa fille à destination de la France, monta vers deux heures de l’après-midi à bord du Dragon Rapide, qui l’emporta au Maroc.
- Avec le Maroc, il lui tombe dans les mains ce qui sera pendant un certain temps le gros de ses soldats, des solides mais pas des tendres, à savoir les légionnaires et les tabors marocains.
- Malgré tout il n'aurait jamais traversé le détroit de Gibraltar sans la participation de la marine italienne, (y compris la marine de guerre) deuxième coup de chance.
- A l'international, les deux dictatures les plus puissantes lui apportent toute l'aide possible, tandis que les démocraties choisissent l'abstention, troisième coup de chance.
A partir de là les jeux sont faits, mais la guerre civile va s'éterniser, d'abord parce que la République se défend assez bien (toute l'Espagne n'est pas prête à la dictature) mais aussi parce qu'il y a plusieurs fronts en même temps, vu la situation de départ. On verra par exemple les troupes nationalistes passer près de deux ans sous les murs de Madrid - les spécialistes corrigeront mes imprécisions - parce qu'ils ne sont pas en force : il y a beaucoup à faire dans d'autres régions.
Au final la dernière ville républicaine à tomber est Barcelone, mais les exécutions sommaires de "communistes" ne cesseront pas pour autant : Franco ne veut prendre aucun risque et ne pardonnera rien.
Bernanos, catholique fervent - qui croit à la charité, vertu cardinale - et royaliste, entendra à Paris ce propos répugnant dans la bouche d'un évêque espagnol :"Chez nous il reste 2 à 300 000 communistes à fusiller". Ce qui le décidera à écrire "
les grands cimetières sous la lune" qui dénonce cette répression insensée. (Mais les évêques ont nombre de prêtres et de religieux à venger, il faut le reconnaître.)
Ainsi meurt la liberté, au profit d'un fascisme sans une seule idée autre que réactionnaire, et fortement teinté d'une religiosité d'un autre âge. L'Espagne restera un pays pauvre exportateur de main d'oeuvre jusqu'à la mort de Franco et au delà. Tout au plus peut-on lui reconnaître le mérite d'avoir exploité le potentiel touristique du pays...
Il y a sans doute beaucoup à dire sur mon résumé, mais je crois que la trame principale y est.
