Stonehenge a écrit :
Bonjour, vous connaissez peut-être cette opération...
- L'opération Vautour aurait-elle pu sauver Dien Bien Phu ?
- Pourquoi Eisenhower a-t-il refusé de donner le feu vert pour cette opération ?
- Le vice-président Nixon était-il le seul hiérarque américain à préconiser cette opération ?
- Le gouvernement français fut-il grandement déçu par le refus d'Eisenhower ?
https://www.jeuneafrique.com/135861/politique/l-op-ration-vautour/Citer :
Béchir Ben Yahmed
Publié le 14 octobre 2013
[...] Pour tenter de sauver Diên Biên Phu, le chef d’état-major français de l’époque, le général Ely, se rendit à Washington le 20 mars 1954. Sur ordre de son gouvernement (dirigé par Joseph Laniel et dont le ministre des Affaires étrangères était Georges Bidault), il demanda aux États-Unis d’intervenir au besoin nucléairement contre Giáp et son armée, qui, sans cela, submergeraient le camp retranché français qu’ils assiégeaient.
L’opération Vautour fut élaborée en toute hâte par les militaires américains. Elle prévoyait l’utilisation de trois bombes atomiques tactiques pour détruire les positions des Vietnamiens.
Le vice-président Nixon a milité pour sa mise en oeuvre, mais le président Eisenhower décida in extremis de rejeter l’opération Vautour, en grande partie, dit-on, pour ne pas risquer de perdre le Japon, qu’aurait horrifié une deuxième utilisation, par les Américains, de l’arme nucléaire contre des Asiatiques.
Premier point, je pense qu'il faut se méfier d'une version qui apparemment est le fait d'un seul article. Car si on cherche d'autres sources, on en trouve, mais elles racontent une autre histoire. Par exemple :
Un malentendu transatlantique : les États-Unis et la bataille de Diên Biên PhûS'il faut en croire cette version, le projet de bombardement nucléaire aurait été proposé par le Secrétaire d'État américain (qui n'avait pas le pouvoir de le faire) et aussitôt refusé par les français. Les autres options qui seront plus longuement débattues seraient :
- Un bombardement tactique de la part des USA pour dégager Diên Biên Phû,
- Une éventuelle cobelligérante. Et, celui qui semble mener les discussions, coté américain, est le vice-président Nixon, sauf que le sénat républicain est plutôt opposé à participer à une nouvelle guerre, alors que l'on vient de finir la guerre de Corée. Et, que le Président Eisenhower ne veut pas se laisser entrainer en Indochine.
Citer :
Au matin du 22 avril, Laniel hésite : il pourrait accepter l’internationalisation du conflit si le sauvetage de Diên Biên Phû s’ensuivait à coup sûr. Bidault voit alors en une intervention américaine « la limite du possible ». Dans l’après-midi, Dulles, présent à Paris pour une réunion de l’Alliance atlantique, demande à son homologue français si des bombes atomiques tactiques pourraient être utilisées efficacement à Diên Biên Phû, et en propose deux à la France. Pourquoi douter de la réalité de la proposition ? Bidault et l’ambassadeur Jean Chauvel la mentionnent dans leurs Mémoires ; surtout, le ministre en a immédiatement fait part à trois de ses proches collaborateurs (Roland de Margerie, Maurice Schumann, Guy de la Tournelle), et le général Ely la relève dans son journal tenu au jour le jour. La véritable difficulté réside dans l’interprétation de l’offre de Dulles. Le secrétaire d’État n’était certes pas habilité à présenter une telle ouverture. Mais la possibilité d’employer la bombe à Diên Biên Phû avait déjà été soulevée devant lui par Radford, et il craignait une capitulation diplomatique de la France à Genève, que le gouvernement Laniel justifierait auprès de l’opinion publique en alléguant que les États-Unis n’avaient pas consenti tous les efforts au bénéfice du camp retranché. Dulles a donc peut-être voulu persuader Bidault que les États-Unis ne reculaient devant aucun sacrifice en faveur de l’Indochine, quand bien même eût-il été fort embarrassé si son collègue l’avait pris au mot. De toute manière, le ministre français a refusé.
Et, sauf erreur de ma part, dans l'article que j'ai mis en lien, on répond à toutes vos interrogations.