Il me semble que vous faites plusieurs erreurs de méthodologie, à force de vouloir prouver un point qui ne repose pas sur les sources.
Exemples ?
guy-s a écrit :
On lit que le vieux haut allemand en général (et par conséquent celui écrit à Cologne au VIIème et VIIIème siècle) retranscrit le parlé à l'aide du latin.
Si l'on en expurge les mots latins (assez peu nombreux) et les structures de phrases empruntées au latin, on peut alors avoir une idée assez fine de la la langue parlée à Cologne au VIIème et VIIIème.
Il me semble permis de poser que ce parlé est en fait la langue belge évoquée par Jules Caesar.
Non. Les mouvements de population et les changements sociétaux très importants subis par la Gaule belgique entre le Ier siècle avant notre ère (César) et le VIIe siècle de notre ère ne permettent absolument pas de "poser que ce parlé est en fait la langue belge évoquée par Jules Caesar".
C'est même le contraire : il est douteux qu'elles soient similaires, le parler belge étant probablement celte quand la langue de Cologne vers 750 doit être un agrégat de parlers vernaculaires fortement teinté de germanique mâtinés de latin.
A titre de comparaison, puisque vous comparez une zone géographique à 800 ans de distance, imaginez que la langue d'une société restée relativement homogène culturellement comme le français était totalement différente en 1200 de celui qu'il est aujourd'hui. Si vous incorporez les immenses changements démographiques subis par la Gaule belgique entre -50 et 750, il est très douteux que les modifications linguistiques aient eu une ampleur moindre. C'est tout le contraire.
guy-s a écrit :
A mon avis, la quasi absence d'organisation administrative et militaire à grande échelle, l'absence de centres de pouvoirs forts et l'analphabétisme génénéralisé ne vont pas dans le sens d'une langue unique.
Cela dépend de quel agrégat vous parlez. Les "hommes libres", francs, qui constituent l'épine dorsale des royautés franques du Ve au VIIe siècles, parlaient vraisemblablement une langue commune germanique dérivée de celle des Francs d'origine. Les populations conquises, qui parlaient au moins le latin (a minima pour les érudits et les milieux sociaux intégrés à l'Empire) et les langues vernaculaires locales (que le latin n'a jamais cherché à évincer), n'ont vraisemblablement pas supprimé leurs pratiques linguistiques du jour au lendemain. S'en est suivi une processus mutuel d'acculturation (qui, en raison du volume et de l'inertie, a débouché sur l'éviction de la majeure partie du franc germanique au profit du vieux français, langue latine mâtinée d'apports variés dont germaniques). Mais ce processus a sans doute pris plusieurs décennies.
Le royaume franc est très intégré militairement, ce qui explique les succès nombreux remportés par les armées franques pendant 200 ans. Sauf qu'il semble probable que les combattants en aient été initialement des "hommes libres", donc des Francs, et que la fusion avec les populations conquises et dominées ne s'est réalisée que progressivement.
Une comparaison intéressante, sur le plan démographique plus que linguistique je le crains, est la quasi-disparition de la noblesse franque en Germanie après le désastre militaire de Lechfeld en 910 (et son remplacement par une noblesse véritablement germanique, cruciale dans l'avènement du saint Empire romain germanique sous une dynastie indigène, celle des Ottoniens, qui se substitue aux Francs carolingiens un demi-siècle plus tard).
CEN EMB