Bonsoir,
Juste en passant, j'avais lu récemment le
Clovis, qui est très intéressant et ne manque pas de style.
Je suis bien d'accord pour cette lecture des deux thèses opposées, Laurent Frédéric. C'est évidemment toute l'ambiguïté de la situation de ces
reguli, et, à mon avis, il y a tout intérêt à la cultiver intelligemment puisqu'elle fait tout le sel de cette période de transition qu'est le Ve s. ap.
Il existe par contre dans cet ouvrage une tendance que je trouvais un peu forcée à faire du combat germanique occidentaux vs. germaniques orientaux (ici Francs vs. wisigoths surtout) une bataille entre deux grands groupes lignagers toujours rivaux que renforcerait tout naturellement l'opposition homousiens vs. ariens qui dépendrait en définitive de cette première faide à grande échelle...
En revanche, le domaine privé du personnage, son caractère, sa relation à Clothilde, et, surtout vis-à-vis de Ste Geneviève, donne des développements passionnants et assez personnels chez Rouche, notamment cette idée du rôle premier de Ste. Geneviève dans la démarche de conversion du roi, que l'historien envisage moins sous l'aspect calculateur, que, franchement, comme le résultat d'un lent cheminement individuel.
(Vous me donnez en tout cas envie d'aller lire d'autres de ses ouvrages
)
Edit : par rapport à la question du dernier post, je pense que l'historiographie française s'est davantage intéressée à la conversion de Clovis (c.f dans les 100 Journées qui ont fait la France, pour un exemple) et le choix de Paris comme capitale. Il me semble que l'on s'est davantage préoccupé de découvrir une première particularité de la monarchie française chez Clovis, du moins en France, que de chercher à expliquer son origine ethnique et militaire ainsi que les forces à l'oeuvre autour des premiers roitelets francs, jusqu'à les placer une situation historique très particulière, celle d'une autorité vacante, qu'il s'agit d'assumer non plus seulement de fait, mais bien de droit. Eux qui pourtant, d'un point de vue politique sont un peuple très fragmenté, particulièrement lié au sort de l'autorité et celui de l'armée impériale au Nord de la Gaule, réseaux dans lequel des Francs évoluent depuis la Tétrarchie.
Pour le dire en très très gros, une perspective regardant davantage vers les logiques de l'Antiquité Tardive, "recontextualisant" la prise de pouvoir de Clovis et l'autre tournée vers l'histoire des institutions ecclésiales, les logiques du Haut Moyen-Age, la dynastie mérovingienne, enfin l'histoire de France comme récit (qui commence là, précisément s'il faut le faire débuter quelque part)...