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Michel Rouche
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Auteur :  Liber censualis [ 08 Jan 2022 21:44 ]
Sujet du message :  Michel Rouche

Michel Rouche est mort.

"Professeur émérite à l'université de Paris IV Sorbonne, Michel Rouche est un historien français, spécialiste de l'Antiquité tardive et du haut Moyen Age. Il est décédé le 5 décembre 2021 à l'âge de 87 ans.

Agrégé d'histoire en 1959 et docteur ès Lettres en 1976, Michel Rouche rejoint à partir de 1969 l’université de Lille III comme professeur pour deux décennies. Il y fonda le Centre de recherches sur le haut Moyen Age.

Spécialiste de l’histoire de la Gaule pendant l’Antiquité tardive et du haut Moyen Age, en particulier les Wisigoths auxquels il a consacré sa thèse publiée en 1979 : L’Aquitaine, des Wisigoths aux Arabes, naissance d’une région. Élu à Paris IV en 1989, il popularisa le haut Moyen Age auprès du grand public et permit à la période mérovingienne de sortir de sa réputation de barbarie.

Il est notamment l'auteur de Clovis (Fayard, 1996) ; Les Origines du christianisme, 30-451 (Hachette, 2007) ; Petite histoire du couple et de la sexualité (éd. C.L.D., 2008)." (revue l'Histoire)

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 09 Jan 2022 8:40 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

J'ai le Clovis et son Attila. De très bons livres.

Auteur :  Pédro [ 10 Jan 2022 0:11 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

Un chercheur dont les livres et les conférences ont accompagné ma découverte de l’Antiquité tardive.

Auteur :  Laurent Frédéric [ 06 Fév 2022 22:21 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

Liber censualis a écrit :
Michel Rouche est mort.
(...)
Il est notamment l'auteur de Clovis (Fayard, 1996) ; Les Origines du christianisme, 30-451 (Hachette, 2007) ; Petite histoire du couple et de la sexualité (éd. C.L.D., 2008)." (revue l'Histoire)


Le Clovis de Michel Rouche est un ouvrage ambiguë. Si d'un côté, il finit de déconstruire l'image d'Épinal des manuels scolaires et du roman national, il hésite entre deux restitutions possibles du personnage, toutes deux dominées par l'historiographie allemande :

- le chef tribal germanique, franc en l’occurrence, commandant à d'autres Francs, héritier du seigneur de la guerre Chlodion,

ou bien

- l'officier romain, dirigeant les dernières unités romaines au nord des Alpes, avec le titre de rex, organisées par Aegidius, puis commandées par Childéric et Syagrius, comprenant des Francs, mais aussi les descendants d'unités létiques du nord de la Gaule composées de Suèves, de Bataves, ainsi que des contingeants de Saxons, de Bretons, de Sarmates, etc...

Auteur :  Liber censualis [ 06 Fév 2022 22:37 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

Laurent Frédéric a écrit :
Liber censualis a écrit :
Michel Rouche est mort.
(...)
Il est notamment l'auteur de Clovis (Fayard, 1996) ; Les Origines du christianisme, 30-451 (Hachette, 2007) ; Petite histoire du couple et de la sexualité (éd. C.L.D., 2008)." (revue l'Histoire)


Le Clovis de Michel Rouche est un ouvrage ambiguë. Si d'un côté, il finit de déconstruire l'image d'Épinal des manuels scolaires et du roman national, il hésite entre deux restitutions possibles du personnage, toutes deux dominées par l'historiographie allemande :

- le chef tribal germanique, franc en l’occurrence, commandant à d'autres Francs, héritier du seigneur de la guerre Chlodion,

ou bien

- l'officier romain, dirigeant les dernières unités romaines au nord des Alpes, avec le titre de rex, organisées par Aegidius, puis commandées par Childéric et Syagrius, comprenant des Francs, mais aussi les descendants d'unités létiques du nord de la Gaule composées de Suèves, de Bataves, ainsi que des contingeants de Saxons, de Bretons, de Sarmates, etc...


Il me paraît être un peu tout cela effectivement...Si ce portrait est celui de l'historiographie allemande, quel serait celui de l'historiographie française ?

Auteur :  Champollion [ 06 Fév 2022 22:44 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

Bonsoir,


Juste en passant, j'avais lu récemment le Clovis, qui est très intéressant et ne manque pas de style.
Je suis bien d'accord pour cette lecture des deux thèses opposées, Laurent Frédéric. C'est évidemment toute l'ambiguïté de la situation de ces reguli, et, à mon avis, il y a tout intérêt à la cultiver intelligemment puisqu'elle fait tout le sel de cette période de transition qu'est le Ve s. ap.
Il existe par contre dans cet ouvrage une tendance que je trouvais un peu forcée à faire du combat germanique occidentaux vs. germaniques orientaux (ici Francs vs. wisigoths surtout) une bataille entre deux grands groupes lignagers toujours rivaux que renforcerait tout naturellement l'opposition homousiens vs. ariens qui dépendrait en définitive de cette première faide à grande échelle...

En revanche, le domaine privé du personnage, son caractère, sa relation à Clothilde, et, surtout vis-à-vis de Ste Geneviève, donne des développements passionnants et assez personnels chez Rouche, notamment cette idée du rôle premier de Ste. Geneviève dans la démarche de conversion du roi, que l'historien envisage moins sous l'aspect calculateur, que, franchement, comme le résultat d'un lent cheminement individuel.

(Vous me donnez en tout cas envie d'aller lire d'autres de ses ouvrages ;) )


Edit : par rapport à la question du dernier post, je pense que l'historiographie française s'est davantage intéressée à la conversion de Clovis (c.f dans les 100 Journées qui ont fait la France, pour un exemple) et le choix de Paris comme capitale. Il me semble que l'on s'est davantage préoccupé de découvrir une première particularité de la monarchie française chez Clovis, du moins en France, que de chercher à expliquer son origine ethnique et militaire ainsi que les forces à l'oeuvre autour des premiers roitelets francs, jusqu'à les placer une situation historique très particulière, celle d'une autorité vacante, qu'il s'agit d'assumer non plus seulement de fait, mais bien de droit. Eux qui pourtant, d'un point de vue politique sont un peuple très fragmenté, particulièrement lié au sort de l'autorité et celui de l'armée impériale au Nord de la Gaule, réseaux dans lequel des Francs évoluent depuis la Tétrarchie.
Pour le dire en très très gros, une perspective regardant davantage vers les logiques de l'Antiquité Tardive, "recontextualisant" la prise de pouvoir de Clovis et l'autre tournée vers l'histoire des institutions ecclésiales, les logiques du Haut Moyen-Age, la dynastie mérovingienne, enfin l'histoire de France comme récit (qui commence là, précisément s'il faut le faire débuter quelque part)...

Auteur :  Laurent Frédéric [ 06 Fév 2022 23:36 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

Les différents points de vue se retrouvent en partie dans les actes du colloques de 1996 sur le Baptême de Clovis, édités sous la direction de Michel Rouche.

Depuis, en peut citer le travail de Bruno Dumézil sur ce même baptême de Clovis, qui démontre que face à la faiblesse des sources, la plus grande prudence s'impose. C'est en effet un réflexe salutaire.

Après, il est légitime de vouloir en dire plus, même si là l'historien prend le risque d'affirmer gratuitement des contre-vérités.

Auteur :  Champollion [ 07 Fév 2022 0:02 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

Laurent Frédéric a écrit :
Les différents points de vue se retrouvent en partie dans les actes du colloques de 1996 sur le Baptême de Clovis, édités sous la direction de Michel Rouche.

Depuis, en peut citer le travail de Bruno Dumézil sur ce même baptême de Clovis, qui démontre que face à la faiblesse des sources, la plus grande prudence s'impose. C'est en effet un réflexe salutaire.

Après, il est légitime de vouloir en dire plus, même si là l'historien prend le risque d'affirmer gratuitement des contre-vérités.



Oui, comme le colloque rassemblait les diverses écoles anglo-saxonnes, germaniques et française sur le sujet il s'y trouve effectivement un beau florilège d'articles explorant tel ou tel thème dans les deux volumes.

Merci pour la référence à Dumézil - une lecture de plus à mener !

Je ne pense pas que Rouche se cachait d'émettre un point de vue personnel d'historien dans sa biographie chez Fayard, du moins il mettait les réserves d'usages à ses idées, mais il faut dire que ce sont les beaux développements de son ouvrage, qui, par bien des égards, tente de faire parler ces maigres sources. La vérité se trouvant de toute manière être notion toute relative dans les sciences-sociales, il ne me semble pas opportun de dégainer trop vite l'expression "contre-vérité". Bien entendu, il y a des énormités qui nient les vérités acquises. Mais ici on cherche surtout à expliquer un phénomène dont la vérité, justement, n'est plus à prouver. Il y a donc des hypothèses, puis des systèmes qui cherchent à donner une explication, plus ou moins sourcée, plus ou moins convaincante, etc... A moins de découvrir d'autres sources, ou encore d'une relecture drastique des mêmes sources à l'aune de nouveaux éclairages critiques, il reste difficile d'imposer un point de vue au dépend des autres. La position qui fait provisoirement consensus chez les spécialistes (et il est bon d'en avoir une, si possible) ne doit pas disqualifier par elle-même d'autres tentatives. Du moment, bien entendu, que ces dernières tentatives (c'est là souvent le problème!) reconnaissent courir davantage de risques que l'hypothèse générale. Enfin, si elles peuvent nommer et mesurer ces risques, c'est encore mieux.

Auteur :  Jean-Marc Labat [ 07 Fév 2022 11:03 ]
Sujet du message :  Re: Michel Rouche

J'ai évidemment lu le livre de Dumézil. En bref, on peut remettre en cause tout ce qui a été écrit, et c'est plutôt convaincant.

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