Le hasard de mon exploration du forum m'a conduit sur cette discussion animée sur la nature des apanages, en particulier concernant la Bourgogne des premiers Capétiens. Les protagonistes ont peut-être disparu de ce forum, auquel cas je parle dans le vide, mais pour moi, il est clair que la cession de la Bourgogne à Robert en 1032 ne l'est pas en qualité d'apanage.
Les actes contemporains faisant défaut pour en être certains, il faut se rapporter à ce qui se passa à l'extinction de cette dynastie à la mort de Philippe de Rouvres en 1361; si effectivement le roi, Jean II à l'époque, rattache le duché au royaume, il n'invoque pas le droit des apanages, puisque le roi juge utile de préciser, dans l'Edit de rattachement de novembre 1361, pour couper court à toute contestation probablement, que c'est par la proximité des liens familiaux et non en raison des droits de sa couronne que le duché lui est transmis (
Jure proximitatis, non ratione coronae nostrae debitus, ad fuerit devolutus & in nos jure successorio translatus). Jean II était en effet par sa mère Jeanne la Boîteuse le petit-fils du duc de Bourgogne Robert II et plus proche héritier du duc défunt.
Alors quel est le premier apanage ? Je vais naturellement au plus rapide, consulter Wikipedia
et je reste perplexe devant la liste fournie: après la Bourgogne de Robert, il indique la concession en 1152 du comté de Dreux à Robert par son père Louis VI. Mais la fin de la lignée masculine des comtes de Dreux ne provoque pas le retour du fief à la couronne: Pierre de Dreux laisse à sa mort en 1345 une petite fille, Jeanne Ière, qui ne lui survivra que quelques mois, puis c'est sa tante Jeanne II qui prend le titre de comtesse de Dreux, titre qui passe par son mariage aux Thouars.
Ces deux fiefs, la Bourgogne et Dreux sont donc tenus en toute propriété, sans clauses restrictives.
Le 3ème apanagiste, Philippe Hurepel est le bon, malgré encore des erreurs: certes, Philippe-Auguste lui donne Mortain, mais c'est Louis VIII qui lui concède Clermont et Boulogne, ainsi qu'Aumale; bon, ça se joue à quelques jours, entre la mort de Philippe II le 14 juillet 1223 et la fin de ce même mois. Pourquoi est-il le bon ? Parce que c'est Louis VIII qui, à l'occasion de cette donation introduit une clause qui crée la nature même de l'apanage: si Philippe Hurepel mourrait sans enfant mâle, toutes les terres qu'il tenait du roi reviendraient au roi et à ses héritiers, ou au roi et à ses successeurs.
On connaît même la genèse probable de cette innovation de Louis VIII: il la connaissait parce qu'il apposa son sceau en 1216 dans le testament de Guichard de Beaujeu qui donnait à deux de ses cadets des biens qui devaient revenir à l'aîné ou ses héritiers en cas de décès sans descendance mâle, texte qui est probablement le premier exemple de concession d'apanage dans le domaine capétien (il en existe à vrai dire un autre un peu antérieur, fin XIIème, concernant Brionne en Normandie pour le domaine Plantagenêt)