Jean-Marc Labat a écrit :
Comment ont ils déterminé les dates ?
Voici quelques précisions tirées de :
Corpus des inscriptions de la
France médiévale - Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe (région Pays de la Loire)
Vincent Debiais, Robert Favreau, Jean Michaud, Cécile TreffortInscription sans cadre ni préparation du support. Disposition horizontale sur deux lignes. Écriture très irrégulière présentant des caractères extrêmement disparates. Une très grande majorité des lettres peut être rapprochée de l'écriture onciale (le H de hic, le C et le T de jacet , le E, le M, le R, le S du nom de la défunte, ainsi que le le R, le E et le S" de reclusa).
D'autres lettres sont en revanche très droites avec des ductus différents de ceux de la capitale romaine (le E du nom, le L et le V de reclusa). Le E de jacet est minuscule. Cette diversité des formes, déjà relevée par la bibliographie ancienne, inviterait à douter de l'authenticité de l'inscription si les circonstances de la découverte n'étaient pas attestées dès 1878. Quoi qu'il en soit, la paléographie est des plus curieuses et certaines formes sont à repérer pour leur originalité les R, le A de jacet , etc.
Hauteur maximale des lettres = 1 1 cm. Le E du nom de la défunte porte un tilde droit signalant l'élision de la nasale (N ou M). Pas de décor particulier.
Ermecin proposée ici suppose la restitution d'un nom en langue vulgaire au sein d'un texte en latin, pratique connue à partir du XIIe siècle; la forme latine correspondant, Ermesindis, est très fréquente au Moyen Age central; d'autres noms, assez proches, sont nombreux à la même époque. A. Ledru propose de voir dans la défunte la recluse Hermenim de Saint-Vincent du Mans qui apparaît dans l'obituaire de Saint-Julien-du-Pré à la date du 17 des calendes de décembre ; cette hypothèse est intéressante même si elle suppose à la fois un changement important dans la graphie du nom de la recluse et l'inhumation de cette dernière en un autre lieu que celui de sa vie (ou le remploi ultérieur de son couvercle de sarcophage).
Le texte de cette inscription est fort simple ; il se contente d'identifier, grâce à la formule tumulaire hic jacet, la sépulture de la défunte, nommée et qualifiée par son statut (reclusa). Au-delà de particularités graphiques soulignées plus haut, le principal intérêt de ce texte réside dans la qualité de la défunte; les inscriptions concernant des reclus et des recluses sont en effet rares au Moyen Age.
L'inscription est placée à l'intérieur du couvercle d'un sarcophage contenant, au moment de la découverte, deux corps, produits de deux inhumations successives, comme l'indique la présence d'un deuxième texte. Tracé au pied du couvercle, dans le sens inverse par rapport à l'inscription du XIIe siècle, il est accompagné d'un marteau de maçon; on lit item ma lep(er)rier. La minuscule gothique employée pour l'inscription permet d'attribuer ce texte à l'extrême fin du Moyen Âge. Par le mot item, le lapicide fait référence au premier texte et à sa formule tumulaire hic jacet. Les lettres M et A constituent sans doute le début du prénom du défunt, mais les possibilités sont très nombreuses. Ces deux inscriptions, clairement différenciées par leur paléographie, attestent ainsi des phénomènes de réemplois de sépultures.
Sur la face antérieure du couvercle, on lit enfin le début d'une formule tumulaire composée des lettres HIC RE, sans doute pour hic requiescit. Cette courte section est tracée en lettres capitales très droites, avec un C carré ; l'écriture est très difficile à dater en raison du faible nombre de signes mais on peut la placer entre le Xe et le XIIe siècle. On peut difficilement expliquer la multiplication des textes sur ce seul et même objet, à des époques différentes à l'autre. ;si la graphie change, il semble que la fonction tumulaire de l'inscription reste la même d'un fragment à l'autre.