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Message Publié : 27 Mars 2020 13:03 
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Jean Froissart
Jean Froissart
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Je vous propose ici, toujours en accord avec la modération un compte rendu de Didier Lafargue sur Richard Coeur de Lion de Georges Minois. Toute critique est la bienvenue tant sur le compte-rendu lui-même que sur le livre de Georges Minois (tel qu'il apparaît à travers ce compte-rendu).



Richard cœur de lion
De Georges Minois
(2016)

Richard cœur de lion est né en 1157 en Angleterre à Oxford. Il est le 2e fils du roi d’Angleterre Henri II et de la duchesse Aliénor d’Aquitaine, lesquels auront en tout quatre fils :

:arrow: Henri.
:arrow: Richard
:arrow: Geoffroy.
:arrow: Jean.

A cette époque, le père de Richard est le maître d’un vaste « empire », l’empire Plantagenet, qui comprend l’Angleterre où il est roi, et sur le continent, toute la moitié ouest du royaume de France, soit la Normandie, l’Anjou, la Bretagne, l’Aquitaine, avec des velléités de s’étendre vers l’Auvergne et le comté de Toulouse. Pour ses terres de Frances, Henri II est vassal du roi Louis VII. C’est un « empire » terriblement hétérogène, fait de possessions aux statuts très divers, aux coutumes très différentes. Simplement, ses différentes parties ont toutes à leur tête un seul homme, Henri II Plantagenet, lequel n’a jamais songé à unifier politiquement et administrativement ses domaines, c’était impossible.

Les principales composantes de l’empire étaient :

:arrow: La Normandie.
Elle était très bien tenue, avec à sa tête un sénéchal. Les nobles étaient tenus en respect.
:arrow: L’Angleterre.
C’était un royaume. Conquise par les Normands de Guillaume le conquérant en 1066, elle aussi était très bien gouvernée, disposait d’une très bonne administration. Comme elle était riche, Richard la considéra comme sa « banque », voulut en tirer toutes les richesses possibles pour financer ses entreprises politiques.
:arrow: L’Anjou.
Elle était également bien tenue.
:arrow: L’Aquitaine.
Là c’était un tout autre problème. Elle était riche, mais perpétuellement en révolte. Partout les nobles n’en faisaient qu’à leur tête et se rebellaient sans arrêt contre leur duc. Déjà, le père d’Aliénor avait eu avec eux d’énormes problèmes. Aliénor, elle-même, fut incapable d’en venir à bout. Henri II, puis Richard ne cesseront jamais de lutter contre eux. C’est d’ailleurs pour réprimer la révolte de l’un d’entre eux que Richard trouvera la mort.

On le voit, ce vaste ensemble est une menace pour la royauté capétienne et les rois de France n’auront de cesse de tenter de le démanteler.


1. Les premières années de Richard.

Les premières années de sa vie, Richard va les passer avec sa nourrice. Il n’aura que peu l’occasion de voir ses parents toujours absents, notamment son père, perpétuellement en déplacement pour imposer sa loi partout dans ses domaines car, sur ce point, constamment à cheval, Henri II est infatigable. Richard se sentira toujours dominé par ce père à la personnalité écrasante. Par contre, entre sa mère et lui existera un sentiment réellement œdipien. Richard était le fils préféré d’Aliénor, notamment par rapport à Jean, le quatrième. Toute sa vie existera cette complicité entre lui et sa mère et il ira jusqu’à mourir dans ses bras après avoir été mortellement blessé au siège de Chalus.

De toute façon, au commencement de son existence, Richard n’est qu’un pion entre les mains de son père, comme du reste ses autres enfants. Henri II s’évertue en effet à étendre son influence en mariant ses enfants à droite et à gauche. C’est ainsi qu’il commence à négocier le mariage du jeune Richard, encore enfant, à l’héritière du roi d’Aragon dont il veut faire un allié contre le comte de Toulouse. Mais ce mariage n’aura finalement pas lieu.

Richard va ensuite passer le reste de sa jeunesse auprès de sa mère à la cour de Poitiers. C’est une cour très brillante où s’expriment les troubadours au sein de concours de poésie. Là va se former la personnalité du futur roi d’Angleterre qui va dès lors acquérir une grande culture ; c’est l’une des deux facettes de sa personne, celle raffinée et cultivé, en contraste avec le chevalier guerrier et violent.

2. L’entrée dans la lutte politique.

Henri II qui veut établir un modus vivendi avec le roi de France Louis VII conclut avec lui l’accord de Fréteval. En échange de la reconnaissance de certains droits angevins dans le Vexin normand, Henri II accepte de diviser, en apparence, toutes ses possessions. Ainsi, il fait couronner de son vivant son fils aîné Henri roi d’Angleterre avec la Normandie comme dépendance, son fils Richard duc d’Aquitaine, nomme Geoffroy régent de Bretagne (Seul Jean, le petit dernier âgé alors de trois ans, n’a rien et demeure « sans terre »). Le roi Capétien est ainsi ravi de voir l’empire Plantagenet démantibulé. Ce faisant, il se leurre, car ces concessions restent formelles et jamais Henri II ne laissera une once de pouvoir à ses enfants. Il n’en a pas moins commis une bourde énorme en faisant sacrer roi son fils, car celui-ci, ainsi que le jeune Richard, va vouloir réellement exercer le pouvoir. C’est ainsi qu’Henri (le jeune) refuse carrément de céder quelques châteaux à Jean, son frère, sur la demande de son père.

Finalement, Henri le jeune, Richard et Geoffroy, alliés à Louis VII, se révoltent contre leur père. Ils ont avec eux leur mère Aliénor qui s’est brouillé avec son mari. Ce n’est pas du tout une rébellion improvisée et elle avait depuis longtemps été préparée. Partout dans les possessions du Plantagenêt, des nobles, potentats locaux se joignent aux jeunes princes.

Logiquement, la révolte aurait du triompher tant était divers l’empire angevin, et le sort d’Henri II aurait du être scellé. Mais d’une part, le roi d’Angleterre était très énergique et sut réagir promptement, d’autre part, la coalition était très hétérogène et il faut bien convenir que le monarque n’avait en face de lui qu’un ramassis d’incapables !
Ses trois fils, Henri le jeune, Richard et Geoffroy, « les jeunes » pour leurs alliés, avaient successivement 17, 15 et 14 ans. Henri, l’aîné, n’était qu’un prétentieux qui ne pensait qu’à s’amuser et avait été totalement incapable de remplir les missions confiées par son père. Geoffroy ne valait guère mieux. Finalement, devant la rapidité d’action d’Henri II, faibles qu’ils étaient, ils abandonnèrent la lutte un par un, malgré le serment qu’ils avaient fait de ne pas conclure de paix séparée ! Aliénor fut capturée par son époux et passa les seize années suivantes de sa vie en résidence surveillée en Angleterre.

Mais Richard se montra le plus déterminé des trois et voulut continuer la guerre jusqu’au bout.
Déjà se signalait en lui son caractère intrépide et contre les forces de son père, il s’efforça de lutter en Aquitaine. La lutte était vaine cependant et le jeune duc fut contraint d’aller lui demander pardon à Poitiers. Celui-ci le lui accorda volontiers. De fait, Henri II pardonna presque à tout le monde car il estimait que cette guerre avait fait assez de ravages comme cela dans ses domaines et qu’il était urgent de panser les plaies. Il accorda à Richard, comme à ses autres fils, une rente conséquente leur permettant de vivre. Cependant, les uns et les autres n’eurent pas davantage de pouvoir qu’auparavant.

En manière de punition, Richard fut chargé par son père d’aller rétablir l’ordre dans son duché d’Aquitaine, dès 1175. Le roi Plantagenet avait du reste était frappé, à la différence de ses deux autres fils, par les capacités que son fils avait manifestées dans sa volonté de lui résister. Le jeune prince qui n’avait pas alors vingt ans fut ainsi contraint d’aller réprimer les troubles qu’il avait lui-même provoqués contre son père ! Ce fut pour lui l’apprentissage de la maturité et l’entrée dans le monde responsable, car avant d’obtenir le pouvoir il fallait peut-être auparavant apprendre à l’exercer. C’est alors qu’il commença à acquérir la réputation qui devait bâtir sa légende et qu’il devint réellement un homme d’action. Après l’échec de la rébellion, Henri II avait partout ordonné à ses nobles de faire raser leur château. Ainsi fit Richard en Aquitaine et aucun moyen ne fut épargné pour imposer son pouvoir de duc (un vrai travail de Sisyphe car sitôt le château détruit, son propriétaire le reconstruisait parfois et Richard était obligé de revenir !). Il devint un expert en matière de siège car il était capable de voir le point faible du château dont il fallait s’emparer. Pour l’aider, il avait avec lui des mercenaires. Le plus célèbre d’entre eux fut Mercadier. Lui et sa bande resteront fidèles à Richard toute sa vie. Les barons eurent beau aller pleurer auprès d’Henri II pour se plaindre des excès de son fils, celui-ci, ravi de voir que Richard ne se laissait pas marcher sur les pieds, refusa de leur donner raison.

C’est alors que la rivalité entre les fils d’Henri II se fit jour. Henri le jeune, l’aîné, s’opposait à Richard.
En 1182, Henri II pour tenter une réconciliation familiale réunit ses fils à Caen en Normandie. Il demanda à ses fils Richard et Geoffroy de rendre hommage à leur frère aîné Henri. Geoffroy accepta, mais pas Richard. Il estimait en effet que l’égalité devait régner entre lui et ses frères. Henri le jeune tenta alors de soulever l’Aquitaine contre son frère. C’est ainsi qu’à la guerre des fils contre le père succéda une guerre fratricide entre les fils du roi d’Angleterre. Geoffroy se joignit à Henri et les deux frères entrèrent en rébellion contre leur père. Celui-ci et Richard allèrent alors mettre le siège devant Limoge où étaient retranchés les deux autres. Finalement Henri et Geoffroy durent se soumettre. Geoffroy regagna son duché de Bretagne auquel il se consacra dès lors avec sagesse. Quant à Henri le jeune, il parcourut sans but déterminé l’Aquitaine pour tenter de soulever les nobles du pays contre Richard. Il finit par mourir de dysenterie. Ce n’était pas une perte pour l’empire angevin car c’était un incapable.

A présent, Richard se retrouvait l’aîné des fils d’Henri II. Ce dernier se garda bien cependant de le faire sacrer roi d’Angleterre de son vivant, ne voulant pas renouveler l’erreur faite avec Henri le jeune. En fait, il voulait laisser ses fils dans l’incertitude, leur laissant entendre que seul le plus digne lui succéderait.

Mais Richard souffrait beaucoup de cette incertitude. Maintenant, le frère qu’il avait le plus à craindre n’était plus Geoffroy, discrédité par l’échec de sa rébellion, mais le jeune Jean, qui venait de devenir adulte. Enfant mal aimé de ses parents, celui-ci, personnalité instable, a été excessivement noirci par les historiens. Il n’en avait pas moins certaines capacités.

Pour tenter de réparer sa faute envers lui, soit de ne plus le laisser sans terre, Henri II demanda à Richard de lui donner l’Aquitaine pour laquelle Jean lui rendrait hommage. Richard refusa tout net. On le comprend ; il avait passé une partie de sa vie à se consacrer à son duché, il ne voulait pas l’abandonner comme ça. Il accepta seulement de le laisser à sa mère Aliénor car après tout c’était son duché, sous condition bien sûr qu’il continue à le gouverner en son nom.

Allié à son frère Geoffroy, Jean l’attaqua dans le Poitou. Mais il échoua et pour lui donner des possessions, Henri II l’envoya conquérir l’Irlande où il échoua piteusement. Peu après Geoffroy mourut.

Entretemps, Louis VII était mort et son fils, le jeune Philippe Auguste, lui avait succédé. Il n’aurait de cesse de lutter contre l’empire angevin et, après la mort d’Henri II, serait un ennemi implacable de Richard et Jean. Pour commencer, il va s’immiscer dans la rivalité entre les Plantagenêt, entre Richard et Jean, puis entre Richard et son père.

Les années qui suivent virent en effet se succéder des conflits localisés dans un jeu à trois : Henri II, Richard et Philippe Auguste. En général, le roi de France soutenait Richard contre Henri II, dans ses droits au trône d’Angleterre, mais il luttait aussi contre lui, par exemple quand il intervint dans le Berry. Il voulait aussi que Richard épouse sa sœur Alice, ce qui lui aurait permis d’accroître son influence en Normandie. Dans ces engagements, il n’y avait aucune grande bataille, seulement des échauffourées, car personne ne voulait tout risquer sur une seule confrontation armée.

Puis en 1187, un évènement secoua la chrétienté : Saladin avait repris Jérusalem. Immédiatement Richard, sur une impulsion subite, voulut partir en croisade ! Henri II et Philippe Auguste n’étaient pas d’accord car il fallait d’abord résoudre les problèmes du continent. Mais devant l’ébullition des esprits, ils furent tous obligés de se croiser. Finalement, personne ne partit, du moins pas tout de suite. Richard notamment, exigeait que Jean parte avec lui car il ne lui faisait pas confiance et pensais que, lui en terre sainte, il en profiterait pour tenter de devenir héritier du trône à sa place.

Après quelques luttes contre Richard et Philippe, Henri II, vieux et las, renonça à combattre et vint se réfugier à Chinon. Il eut alors une entrevue avec ses deux antagonistes et capitula sur tout, notamment en faisant de Richard son seul héritier au trône d’Angleterre. Il céda aussi quelques châteaux à Philippe Auguste. Finalement, il mourut en 1189. Indirectement, Richard était responsable de la mort de son père.

Il était à présent devenu :

3. Le roi d’Angleterre.

Sa situation n’en était pas moins très difficile. Certes en principe, en tant que fils ainé personne ne contestait sa légitimité. Mais il avait des tas d’ennemis. D’abord, dans ses fiefs du continent, beaucoup de barons le détestaient, en particulier en Aquitaine. Le roi Philippe Auguste pouvait en profiter pour lui nuire. Dans sa propre famille, il devait se méfier de son frère Jean. Enfin, les conseillers de son père étaient forcément contre lui puisqu’ils avaient aidé leur maître à lutter contre son fils. En Angleterre, du reste, pays dont il ne parlait pas la langue, il était considéré comme un étranger.

Richard sut alors se montrer fin politique et grand diplomate en faisant les bons choix. Ainsi se rapprocha-t-il des anciens conseillers d’Henri II, notamment de Guillaume le Maréchal, en leur confirmant leur place et leurs privilèges, leur pardonnant de s’être opposé à lui du temps de son père. Par contre, il éjecta les opportunistes qui avaient choisi son camp uniquement par intérêt personnel. En fait, ce qui le guidait était l’honneur chevaleresque, ce qui était très fin car ainsi il se gagnait tout le monde des nobles et des chevaliers. Mais il ne respectait que ceux-ci qu’il considérait comme ses pairs. Le reste n’était pour lui que de la vulgaire piétaille. Il parcourut ensuite ses domaines continentaux afin d’imposer son pouvoir, confirmant les uns à leur poste, en virant certains autres. Il envoya quelqu’un faire libérer sa mère prisonnière dans sa résidence surveillée en Angleterre. Celle-ci s’attacha alors à travailler à la propagande de son fils dans l’île bretonne. Elle entreprit sur l’île un périple, faisant libérer partout des prisonniers pour favoriser la gloire de Richard.

Avec trois mois de retard, celui-ci arriva enfin dans son pays d’outre-manche pour s’y faire couronner.
Puis il songea à partir en croisade. On a beaucoup condamné cette volonté de Richard qui laissait son royaume et ses possessions comme cela, brutalement sur un coup de tête. Pourquoi partir très loin alors qu’il avait bien mieux à faire en Europe !? Philippe Auguste, qui allait partir avec lui, n’en était pas moins beaucoup plus calculateur. En fait, Richard avait murement réfléchi son choix et ne voulut pas partir sans avoir mis de l’ordre dans ses états, ce qui lui prit dix mois. Effectivement, partout, il fit une tournée pour s’assurer que tout allait bien, régler les problèmes en suspens. Il imposa à son frère illégitime, Geoffroy, d’entrer dans les ordres et de se faire archevêque car il craignait un éventuel concurrent. Il confia la charge de l’Angleterre à deux évêques, Hugues du Puiset et Guillaume Longchamps. Le problème est que les deux hommes se détestaient ; le premier était un grand seigneur, le deuxième d’origine plus humble. Longchamp était autoritaire et surtout très impopulaire. Le roi parti il finit par faire arrêter Hugues du Puiset. Mais il eut à faire alors au prince Jean.

Précisément, celui-ci était le grand point noir. Richard tenta de se le gagner en lui donnant possessions et privilèges en Angleterre. Mais en même temps il lui interdit de résider dans l’île pendant trois ans, ce qui était très contradictoire ! Sa politique à son sujet n’était pas claire et il devait plus tard avoir à s’en repentir.

Il fut décidé que, contrairement aux deux précédentes, cette croisade se ferait par mer. On voulait ainsi éviter le long voyage terrestre avec tous les ennuis possibles sur la route. Mais pour cela, il fallait une flotte. Richard fit tout son possible pour l’obtenir et la financer, et à cette fin, saigna à vif l’Angleterre. La flotte fut mise sous le commandement de Robert de Sablet, homme compétent.
Finalement, en 1190, il partit avec ses troupes rejoindre Philippe Auguste à Vezelay. Les deux rois avaient conclu un accord selon lequel ils partageraient leurs conquêtes respectives. Mais une ambiguïté existait : le butin serait-il partagé aussi pour les conquêtes personnelles de l’un et de l’autre ou seulement pour les conquêtes communes ? En fait, entre l’un et l’autre devait régner la plus grande méfiance.

Les deux souverains se séparèrent un temps et Richard, dont l’armée était la plus importante, gagna seul Marseille où il comptait embarquer. Mais sa flotte n’était pas au rendez-vous ! Elle avait pris du retard en faisant escale à Lisbonne où ses marins avaient causé quelques troubles. Richard sans l’attendre partit en terre sainte.

4. Richard et la IIIe croisade.

La première étape de Richard fut la Sicile.

Là existait une situation délicate. A la mort du roi Guillaume II, un certain Tancrède de Lecce s’était fait roi et avait emprisonné la veuve du souverain défunt, Jeanne. Or, celle-ci était la sœur de Richard. Fort de sa puissante armée présente sur l’île, celui-ci exigea de Tancrède qu’il lui rende sa liberté, ce qui fut fait et Jeanne rejoignit son frère. Une rixe ayant éclatée entre les habitants de Messine et les croisés qui se croyaient supérieurs, Richard fut amené à combattre Tancrède. Finalement, il conclut un traité avec lui. Tancrède fournissait au roi d’Angleterre l’équipement dont il avait besoin. En échange, celui-ci lui apportait son aide contre l’empereur Henri VI, époux de Constance, héritière du trône de Sicile, et qui accourait du Saint Empire. Toutes ces tractations se firent sans l’aval du roi Philippe Auguste.

Entretemps, Aliénor, la mère de Richard, était arrivée avec la future de son fils, Bérengère. Richard l’épousa, au grand dam du roi de France avec qui il avait convenu d’épouser la sœur Alice.

Cela fait, il partit conquérir Chypre, alors dirigée par Isaac Comnème, inféodé à Byzance. Richard finit par le vaincre et le faire prisonnier. Philippe Auguste réclama la moitié des territoires dont il s’était emparé, comme il avait été décidé par traité, mais se heurta à un refus. Richard vendit l’île aux templiers, lesquels resteront sur l’île jusqu’en 1571, tenant là un fameux bastion contre le monde musulman.

Enfin, en 1191, les deux monarques arrivèrent à Acre, assiégée par le sultan d’Egypte Saladin. Là, ils se comportèrent en potentats ayant tous les droits, ayant une vision très personnelle du partage du butin face aux autres princes de moindre puissance. Richard, en particulier, se montrait très arrogant envers ceux-ci. L’un d’eux, Léopold d’Autriche, devait plus tard le lui faire payer très cher. Sévissait alors la maladie. Les deux rois eux-mêmes furent quelque temps sujets aux fièvres.

Chacun des deux avait son candidat propre qu’il voulait installer sur le trône de Jérusalem. Philippe Auguste soutenait Conrad de Montferrat, un noble italien dur, autoritaire et très énergique. Richard favorisait le dernier roi de Jérusalem Guy de Lusignan, ce qui était logique puisque, possessionné en Aquitaine, il était un de ses vassaux.


Les croisés finirent par prendre Acre. C’est alors que Philippe Auguste décida de rompre avec Richard et de quitter la croisade. Il avait de bonnes raisons pour cela. Le comte de Flandre Philippe d’Alsace venait de mourir, et le roi devait revenir dans son royaume s’assurer de la possession de l’Artois et du Vermandois qui avaient appartenu au défunt. Toujours est-il que son acte était très mal vu des croisés, y compris ses propres barons car il passait pour un déserteur. Dès lors, Richard devenait le seul grand chef de la croisade et il devait en recueillir tout le prestige.

Au terme d’un accord avec Saladin, il devait libérer les 3000 prisonniers qu’il avait faits à condition que son adversaire fasse de même. Mais ce dernier ayant tardé à s’exécuter, il les fit tous massacrer ! Ce n’était pour lui qu’un acte de guerre ; après tout, il ne pouvait les trainer avec lui dans sa campagne. Saladin en fut ulcéré et refusa de lui rendre la vraie Croix.

Entre les deux adversaires commençait une lutte titanesque. En Richard, Saladin avait trouvé un ennemi à sa mesure et le combat entre ces deux géants allait un temps secouer le Proche Orient. Richard rêvait de rencontrer Saladin (lequel avait vingt ans de plus que lui) dans une entrevue, face à face, afin de mieux dialoguer avec lui. Mais Saladin ne voulait pas, estimant que cela ne se faisait pas, et se contenta de lui envoyer son frère ou un de ses lieutenants pour éventuellement négocier. En fait, ces discussions, dans son esprit, ne visaient qu’à gagner du temps afin de pouvoir rassembler ses troupes.

Dans l’entourage du roi d’Angleterre, deux partis s’opposaient : les « religieux », véritables va-t-en-guerre qui voulaient foncer tout de suite vers Jérusalem, les « militaires » qui estimaient que ce n’était pas sérieux, car c’eut été se mettre à la merci des troupes de Saladin, et qu’il fallait d’abord s’emparer des villes côtières pour mieux s’assurer le ravitaillement de l’extérieur. Très sagement, Richard se rallia à l’avis de ces derniers. Ainsi décida-t-il de marcher sur Jaffa, dont il s’empara. Au passage il prit des ports dont Ascalon.

En chemin, il livra une grande bataille à son ennemi à Arsouf. Comme à Hattin, les croisés furent encerclés sur une hauteur par l’armée de Saladin. Mais le résultat fut différent : Richard prit l’offensive avec ses hommes et remporta la victoire. Il entreprit alors de marcher sur Jérusalem où était retranché Saladin. Celui-ci fit venir des renforts ; Richard alla à leur rencontre et les écrasa au grand dam du sultan d’Egypte. Cependant, le roi ne put prendre la ville sainte. Il ne pouvait accomplir cette action alors que les lignes de contact avec la côte étaient trop fragiles et sa décision de se retirer n’était que trop sage. L’opinion populaire en Europe devait lui en tenir rigueur mais le peuple comprend rarement la sagesse.

De plus, Richard recevait de mauvaises nouvelles d’Angleterre. Son frère Jean, s’acoquinant avec le roi de France Philippe Auguste, avait usurpé son trône. Se comportant comme un régent, il avait sa propre administration. Opposé à Guillaume Longchamp à qui Richard avait remis la charge de l’Angleterre, il avait peu à peu repris ses châteaux avant, finalement, de le contraindre à l’exil.
Ce faisant, Saladin attaqua Jaffa qu’il prit et livra au pillage. Mais il ne put prendre la citadelle toujours détenue par les croisés. Le roi d’Angleterre se précipita vers la ville par voie de mer et débarqua. Là, il livra une dernière bataille à Saladin, son baroud d’honneur. Effectivement, avec une petite troupe il tint tête à une armée dix fois supérieures en nombre, Léonidas aux Thermopyles, Roland à Roncevaux ! Mais contrairement à ces deux personnages, lui en sortit vainqueur.

Il était temps de traiter car Richard voulait liquider la croisade. A sa grande satisfaction, Conrad de Montferrat, son ennemi, avait été assassiné par la secte des Hachachin, stipendiée par Saladin. Mais comme Guy de Lusignan n’avait pas la faveur des croisés, le roi confia l’héritage de la croisade à Henri de Champagne qui fut alors marié à Isabelle, héritière du trône de Jérusalem.
Par le traité de Jaffa, Saladin lui céda les villes côtières qu’il avait conquis, mais garda Jérusalem ; à Richard la côte, aux musulmans l’intérieur dont la ville sainte. Certains barons de Richard lui suggéraient de se lancer à la conquête de l’Egypte, cœur vital de l’empire de Saladin. Effectivement, la vallée du Nil est l’objectif que se fixeront les croisades ultérieures. Mais c’était prématuré avec Richard ; son armée n’allait pas s’enliser dans cette aventure trop périlleuse, et sagement il s’abstint. Il n’en avait pas moins prouvé sa bravoure, clairement justifié le surnom de « cœur de lion » qui lui fut attribué. Dans toutes les rencontres avec Saladin, Acre, Arsouf, Jaffa, il avait été vainqueur et pour ce dernier il représentait une véritable plaie dont il fallait absolument se débarrasser, même en faisant des concessions. Même s’il n’avait pas repris Jérusalem, il avait tout de même renforcé le territoire franc en Syrie, élargissant son domaine côtier, ce qui pouvait servir de bases efficaces pour des entreprises futures, réel abcès de fixation dans le monde musulman. Il devait en recueillir un immense aura dans la chrétienté.

Et pourtant… Alors que son retour en Europe aurait du être une marche triomphale, il ne fut en fait qu’une véritable Odyssée où, tel Ulysse tentant de revenir à Ithaque, Richard cœur de lion, avant de revoir son royaume, connut maintes aventures, fut traité comme un proscrit et mis en captivité !

5. Le retour en Europe de Richard.

Dans le monde chrétien, le roi d’Angleterre avait en effet beaucoup d’ennemis, était considéré comme un véritable trublion, l’homme à abattre, l’ « ennemi public numéro un ». Il avait notamment trois grands ennemis :

:arrow: Jean, son frère.
:arrow: Philippe Auguste, le roi de France.
:arrow: Henri VI, l’empereur du Saint Empire.

Jean voulait son trône, Philippe guignait ses fiefs sur le continent. Quant à Henri VI, il voulait s’emparer de la Sicile de Tancrède allié à Richard.

S’ajoutait au nombre de ses adversaires du menu fretin comme l’évêque de Beauvais Philippe de Dreux, plus guerrier qu’évêque, qui avait autrefois pris le parti de son père contre lui, un affidé de Philippe Auguste.
Plusieurs routes pouvaient être prises par Richard, mais toutes étaient dangereuses. Celle de l’Atlantique connaissait les tempêtes. Passer par la Provence le mettait aux prises avec le comte de Toulouse avec qui il avait de mauvaises relations. Restait celle par les cols alpins et le Frioul où dominait un certain Meinhard de Goetz, neveu de Conrad de Montferrat, ennemi de Richard. C’est pourtant celle que choisit le roi d’Angleterre. On ne sait pourquoi, il dut se faire discret en se contentant de voyager avec une dizaine de compagnons, considéré comme un malfaiteur.

Partout, ses gens et lui se firent passer pour des pèlerins. Mais il n’était pas très malin, il payait ce qu’il achetait avec des besans d’or ! Aussi suscita-t-il l’intérêt et on se mit à le traquer. La petite troupe entra finalement sur les territoires de Léopold D’Autriche, seigneur que le roi avait gravement offensé à Acre. Un jeune clerc accompagnant Richard, arrêté et cuisiné, révéla sa cachette, à Ratz, petite localité près de Vienne. Le roi d’Angleterre fut alors appréhendé et transféré au château de Durnstein, en 1193.

Henri VI était ravi de cette aubaine car il était alors aux prises avec une révolte des princes allemands en Allemagne du sud. Il s’entendit avec Léopold pour demander une énorme rançon de 100000 marks en échange de la libération de son captif. Devant le refus de celui-ci d’accepter ses conditions, il organisa son procès en Allemagne, sous accusation d’avoir trahi la croisade. Richard fut finalement absous, on ne sait pourquoi. Mais des tractations s’étaient engagées entre l’empereur et Philippe Auguste et il fut question un moment de livrer Richard à celui-ci. Quand il fut mis au courant, Richard accepta tout ce qu’on voulut car, entre les mains du roi de France, il n’était pas près de sortir de prison ! Tout le peuple anglais fut mis à contribution pour payer la rançon de son roi, une ponction fiscale énorme. Aliénor vint elle-même en Allemagne apporter l’argent et son fils fut libéré, début 1194. Elle et lui descendirent la vallée du Rhin, traversèrent Cologne et finirent par débarquer en Angleterre. « Le diable était lâché ».
Immédiatement, Richard cœur de lion prit des mesures pour punir ceux qui avaient soutenu ses ennemis. Son frère Jean, pris de panique, se terrait en Normandie.

Un conseil se tint à Nottingham en mai 1194, afin de réorganiser le royaume. Richard en profita pour visiter la forêt de Sherwood, juste à côté (mais il n’y rencontra pas Robin des bois. En fait celui-ci, un hors-la-loi fugitif, sévissait plutôt à 300 km de là).
Lors de cette réunion, de nombreux sheriffs furent remplacés. Le prince Jean fut convoqué pour se justifier (il se garda bien de venir, cependant). Un nouveau couronnement fut décidé afin de donner à Richard une nouvelle légitimité.

6. La guerre contre le roi de France

La guerre contre Philippe Auguste fut décidée. Les Anglais durent de nouveau payer beaucoup d’impôts à cette fin. On finit par regretter le retour de Richard, lui si populaire à son retour ! Avant de partir sur le continent, Richard remit le pouvoir en Angleterre à l’archevêque de Canterbury Hubert Walter, homme qui avait sa confiance. Pour préparer sa guerre, il agrandit le port de Portsmouth qui devait avoir un bel avenir. Il gagna alors la France avec son armée. Il ne devait plus jamais revoir l’île bretonne.

Le roi de France s’attendait à cette lutte car il avait mis son royaume en état de défense, notamment les fortifications autour de Paris. Il disposait de ressources importantes, surtout par l’intermédiaire des impôts indirects. En contraste avec ses prédécesseurs, son influence s’était étendue dans le nord du royaume, vers le Vexin normand où il avait disposé des garnisons dans des forteresses. Le comte de Flandre, Baudouin, son vassal, lui était fidèle. Il n’en avait pas moins affaire au plus puissant roi d’Occident, maître de l’ « empire angevin ». Entre les deux monarques existait dès lors une haine tenace, née des souvenirs de la croisade et de tout ce qui s’en est ensuivi après. En fait c’est une première guerre de cent ans qui sévissait entre les deux royaumes, laquelle avait débuté en 1066, au lendemain d’Hastings.

Dans la lutte qui s’engagea, il n’y eut pas de vraies grandes batailles, seulement des échauffourées de part et d’autres, ponctuées de quelques trêves. L’avantage n’en revint pas moins au roi d’Angleterre. Celui-ci remporta notamment deux batailles sur son ennemi :

:arrow: Fréteval.

:arrow: Gisors (ou Courcelles).

Fréteval, en fait, ne fut pas une vraie bataille. Philippe Auguste qui ne tenait pas à affronter Richard, prit la fuite, à son grand déshonneur chez les siens. Dans la rencontre, il perdit ses archives que, roi médiéval itinérant, il avait coutume d’emmener avec lui. C’est à partir de là qu’elles seront dorénavant entreposées au Louvre. Une trêve fut décidée à Tillières, sur la frontière normande.
A Lisieux, Richard reçut la soumission de son frère Jean, qui vint s’agenouiller devant lui pour quémander son pardon. Le roi le lui accorda mais l’humilia en le traitant d’ « enfant » (alors qu’il avait 27 ans !). Dorénavant, Jean fera profil bas devant son frère, participant à sa guerre contre Philippe Auguste. De toute façon, Richard tenait en réserve son neveu le jeune Arthur de Bretagne, fils de feu Geoffroy son frère et de Constance, et pouvait en faire son héritier au détriment de Jean.

Les combats reprirent avant de trouver leur terme à la paix de Gaillon, simple trêve en fait.

Richard remporta ensuite une deuxième bataille près de Gisors, lors de laquelle le roi de France faillit être capturé.

Il connut un succès diplomatique consécutif à la mort d’Henri VI en 1196. Si Philippe Auguste prit le parti du frère du défunt, Philippe de Souabe (son fils, Frédéric II n’était alors qu’un enfant), le roi d’Angleterre choisit de favoriser ses propres neveux, les fils de son beau-frère Henri le lion, réfugié à sa cour et alors décédé, notamment le cadet Otton de Brunswick. Celui-ci fut couronné empereur à Aix-la-Chapelle, à la plus grande satisfaction de Richard.

Tout lui réussissait et il était sur le point de venir à bout du roi de France. Brutalement, il trouva la mort !

Précisément, en 1199, au cours d’une banale opération de police dans le Limousin, il eut à faire le siège de Chalus afin de punir le vicomte de Limoges, éternel révolté. Il reçut alors à l’épaule un carreau d’arbalète. La gangrène s’installa et causa sa mort. Certains chroniqueurs ont soutenu, qu’il voulait s’approprier un trésor détenu par les assiégés, mais ce n’est qu’une légende.

Le règne de Richard cœur de lion n’est finalement qu’un épisode dans l’Histoire de la France et celle de l’Angleterre. Le personnage de légende qu’on a fait de lui tient plus à l’individu lui-même qu’à son rôle dans le devenir national de ces deux pays.

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«Κρέσσον πάντα θαρσέοντα ἥμισυ τῶν δεινῶν πάσκειν μᾶλλον ἢ πᾶν χρῆμα προδειμαίνοντα μηδαμὰ μηδὲν ποιέειν»
Xerxès, in Hérodote,

L'Empereur n'avait pas à redouter qu'on ignorât qu'il régnait, il tenait plus encore à ce qu'on sût qu'il gouvernait[...].
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Message Publié : 27 Mars 2020 14:37 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 28 Avr 2019 3:29
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Merci beaucoup! Voilà de la lecture pour ce soir.
Pour compléter cette biographie, je suggère la lecture de l'Idéologie Plantagenêt, de M. Chauou.

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Image message du Loire au Dalgonar, oct. 1913


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Message Publié : 27 Mars 2020 15:08 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
Ah, pub pour Minois ?
Avant d'en sortir un de la tribu, il existe (facile de lecture) :
- Les Plantagenêts (Favier)
- L'empire des Plantagenêts (Aurell)

Ce qui fait accoucher en douceur d'un Richard Ier.
Les problèmes avec le SERG datent de l'union de Mathilde d'Angleterre avec Henri "le Lion".
A noter que le fameux Léopold V d'Autriche (qui a serré Richard pour le refourguer à Ph. de Souabe) n'est pas un Habsbourg mais un Babenberg...
Ceci reste le problème des "résumés" : on lit, c'est facile mais le contexte est absent ; est-ce bien de l'histoire ?
.

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"... we shall fight on the seas and oceans, we shall fight ... whatever the cost may be ... we shall never surrender...." (W. L. Churchill)
"... The ship is anchor’d safe and sound, its voyage closed and done, ... From fearful trip the victor ship comes in with object won ..." (W. Whitman Jr)


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Message Publié : 27 Mars 2020 16:11 
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Inscription : 27 Avr 2004 17:38
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Localisation : Région Parisienne
Rebecca West a écrit :
.

Ceci reste le problème des "résumés" : on lit, c'est facile mais le contexte est absent ; est-ce bien de l'histoire ?
.


Les résumés ou les recensions donnent un aperçu d'un livre et peut être l'envie de l'acquérir, ils n'ont pas vocation à être exhaustifs.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 27 Mars 2020 16:39 
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Jean Froissart
Jean Froissart

Inscription : 13 Juin 2017 15:04
Message(s) : 1132
.
J'entends bien pour l'exhaustif et je le constate avec évidence mais je n'en crois rien pour ce qui est d'une envie d'achat.
Soyons sérieux : vous avez -j'en suis certaine lu du Minois-. C'est aisé, facile, fluide mais ceci reste un mix de Decaux/Castelot avec les petits dérapages où l'objectivité est absente (Cf. : La Guerre de Cent Ans).

Ici nous ne sommes plus face à un résumé qui aurait plus sa place -d'ailleurs- à "Que lisez-vous en ce moment ?".

Une biographie est toujours une oeuvre/ le petit plaisir personnel de "l'historien". On ne peut contourner les faits, reste à épaissir avec du rédactionnel qui -bien souvent- est le fruit de préférences, d'analyses un peu faussées, d'interprétations etc.

Ce "résumé", cette bio de Richard Ier est un peu gênante car elle semble toute droit sortie (avec adaptation vulgaire du texte) de Favier (mais Favier c'est presque 1 000 pages) ou Aurell (297 pages mais aride, le style).

Le tout est servi avec un style tellement condensé que ceci en devient caricatural -ayons à l'esprit que c'est du régurgité de plaisir d'un "historien" (je mets des parenthèses pour Minois).

Par ailleurs, l'aide aux devoirs est interdit ; il serait bon que l'aide à la lecture -nous savons que certains se contenteront de ceci- soit tout autant interdit sur un tel forum. Et puis Minois, c'est bien mais ça me mine et me noie : nous restons dans de la vulgarisation.
Alors que faire ? En ce qui me concerne, désormais je ferai de l'antipub Minois.
Pour avoir reçu le Charles VII de Contamine, après avoir lu votre conseil : Minois, c'est gentil mais bon pour commencer softement une période, restons sérieux.

Ensuite que comprendre d'un Richard Ier si en amont rien n'est entendu d'Henri II ? De Louis VII ? Des querelles Hohenstaufen/papauté ? Des envies d'expansion d'Henri II ? De ce qui a amené une Aliénor d'Aquitaine à soutenir les révoltes de ses fils ? De la centralisation forcenée d'un Henri II face à une approche plus déliée de son épouse concernant l'Aquitaine ?
Comment appréhender les révoltes aquitaines si on ignore qui a fait prisonnier Richard, pourquoi le transfert, ce montant de rançon et la volonté de faire traîner la transaction ? ... qui rejoint le conflit des papes, conflit qui s'étale dans le temps. Il ne nait pas avec Richard Ier.

Ceci n'a pas à être exhaustif, certes mais c'est alors trop long ; suffisamment en tout cas pour que l'on puisse s'arrêter à ceci. Ce qui est navrant.
.

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Dernière édition par Rebecca West le 27 Mars 2020 16:53, édité 1 fois.

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Message Publié : 27 Mars 2020 16:47 
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Localisation : Alsace, Zillisheim
Rebecca West a écrit :
Par ailleurs, l'aide aux devoirs est interdit


Ben non, ce n'est pas interdit. Même si on demande d'abord que celui qui demande notre aide montre le travail qu'il a déjà réalisé. Où avez-vous lu que l'aide aux devoirs serait interdite sur PH ?

Rebecca West a écrit :
; il serait bon que l'aide à la lecture -nous savons que certains se contenteront de ceci- soit tout autant interdit sur un tel forum.

Nous avons bien compris votre point de vue. Mais permettez que l'administration-modération de ce forum ne soit pas d'accord avec votre avis. Or, c'est encore nous qui fixons les règles en vigueur sur ce forum.

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Message Publié : 27 Mars 2020 19:33 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
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Rebecca West a écrit :
Ah, pub pour Minois ?


Rebecca West a écrit :
Ici nous ne sommes plus face à un résumé qui aurait plus sa place -d'ailleurs- à "Que lisez-vous en ce moment ?".


Rebecca je vais vous répondre puisque je suis à l'origine des ces posts de «compte-rendus", et je souligne que j'ai pris la précaution avant de publier quoique ce soit, de demander l'avis à la modération, y compris l'endroit où il serait le plus opportun de les poster. Il a été décidé par les modérateurs qu'il valait mieux les mettre directement dans les sous-fora historiques ( de tranches historiques). Pour l'instant et vous l'avez remarqué il s'agit d deux biographies de Georges Minois, c'est purement une coïncidence, car mon ami qui fait ces compte-rendus a lu bon nombre de biographies et beaucoup ne sont pas de Georges Minois, loin s'en faut. Je pense en tout cas et -c'est dans cet esprit que je les mets- que ces compte-rendus serviront des passionés ou des mataeurs voire surtout des novices qui cherchent une information, c'est finalement via le biais de l'auteur (pas forcément Gorges Minois :rool: ) une alternative à Wikipedia ou un complément comme on veut... Il ne tient qu'aux forumeurs de Passion-Histoire de faire des fiches de lecture comme celles-ci et de les partager ici même...


Promis la prochaine fiche (=compte-rendu) ne sera pas de Georges Minois >:) lol

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Message Publié : 27 Mars 2020 19:47 
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Jean Froissart
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Inscription : 29 Jan 2007 8:51
Message(s) : 1388
Je tiens à vous préciser que ce n'est pas moi qui ait fait ces fiches /résumés, et elles/ils sont faits/es depuis quelques années déjà (sauf Blanche de Castille qui est tout récente). Je compte bien, et avec l'accord de l'auteur des compte-rendus, et avec celui de la Modération, de poursuivre cette oeuvre (j'ose le dire !! :rool: ) pédagogique. Pensez à ceux qui n'y connaissent rien -et à propos de Richard Cœur de Lion, j'en fais partie. Tout est (presque) bon à lire du moment que cela a un côté scientifique. J'ose espérer que de nombreux jeunes viendront lire ce compte-rendu (ou à défaut le Wikipedia sur Richard Cœur de Lion qui surement a ses mérites). Le but est aussi, peut-être, plus que d'acheter l'ouvrage en question, d'inciter les lecteurs à aller plus loin, à poser des question éventuellement sur le forum etc...).

Je vais essayer de demander à mon ami un résumé d'une biographie sur un autre personnage et surtout d'un autre auteur...il ne m'a envoyé que les deux qui sont sur le forum pour l'instant.

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Message Publié : 27 Mars 2020 21:03 
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Jean Froissart
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Inscription : 13 Juin 2017 15:04
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.
Oulligator a écrit :
...de poursuivre cette oeuvre (j'ose le dire !! :rool: ) pédagogique.



Citer :
Pensez à ceux qui n'y connaissent rien -et à propos de Richard Cœur de Lion, j'en fais partie. ...

Il existe pléthore de choses ignorées, pour autant il existe aussi des supports afin de s'y reporter.
J'ignore tout de l'Antiquité tardive et de tant d'autres époques... maintenant m'y coller : je n'oserais pas. Je lis les posts de ceux (et il y en a) qui possèdent ces époques de manière magistrale.

Ce qui me gêne le plus est -je pense- le "rendu" (c'est le cas de le dire). (1)

Soyons honnête :
1- en lisant une bio de Richard Ier -ignorant totalement le contexte, l'époque, l'entourage etc.- je ne pense pas que ceci avance en quoi que ce soit au niveau connaissance ; quand au côté scientifique j'ai un peu de mal à le déceler.
2- tout n'est pas bon à lire.
3- si le lecteur souhaite aller plus loin il devra se munir d'un support autre soit pour l'histoire antérieure à Richard ou postérieure car le personnage s'inscrit, s'intègre même tant dans une lignée qu'il n'est pas celui -hors la légende- qui a laissé la plus grande empreinte. On peut décliner avec toutes les biographies.

(1) Je crois que c'est moi qui ai un problème avec les biographies.
C'est un exercice difficile où l'on se sent déjà un peu "voyeur" qui -hors les faits- s'inscrit dans l'interprétation d'un "voyeur reconnu". Certains ne nous épargnent rien (clichés, stéréotypes, raccourcis, aléatoire de l'interprétation etc.) : c'est le jeu.
Le lecteur est exposé à des déceptions, des moments exaltants, des erreurs (parfois), une toile de fond un peu manquante (c'est toujours agréable un décors complet) etc.

Une biographie touche aussi l'intimité d'un personnage : on en sait tout. Le privé, les états d'âme, le vécu (réels & fantasmés, honnêtes ou teintés de subjectivité).
A la fin d'une biographie et parfois pendant, ceci devient très prégnant. L'impression -bien souvent- est que le livre en dit plus long sur l'auteur que du personnage avancé.
Le choix d'une biographie tient un peu de l'intime, du rapport entretenu avec une époque, un personnage, une vision politique (on peut décliner) via un tamis. Tout se joue entre le lecteur et le tamis. On peut être un excellent historien et un piètre biographe (vice & versa). Si le compte rendu d'un "système" de gouvernement ou autre peut être purement "scientifique" ; il en va tout autrement de l'approche du personnage et de ses connections (hors le côté régalien).

Maintenant, vous avez raison, il faut y voir un compte rendu de lecture, alors pourquoi s'en priver ?
:wink:
.

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Message Publié : 01 Avr 2020 20:33 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 21 Sep 2008 23:29
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Localisation : Belgique
Oulligator,

en repondant hier à votre résumé de Baudouin, je vois maintenant que vous avez fait aussi celui de Richard Lionheart.
Par hasard j'ai fait sur notre petit forum de dix membres permanents, un fil concernant Richard Lionheart et sa mère Éléonore d'Aquitaine.
https://reshistorica.forumotion.com/t14 ... -aquitaine.
Jusqu'à maintenant pas complètement sûr; si toutes mes données sont correctes...

Cordialement, Paul.


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Message Publié : 03 Avr 2020 11:10 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
Message(s) : 2232
Rebecca West a écrit :
Par ailleurs, l'aide aux devoirs est interdit ; il serait bon que l'aide à la lecture -nous savons que certains se contenteront de ceci- soit tout autant interdit sur un tel forum.
Ah ! Non alors ! Il est interdit d'interdire. A votre âge vous devriez le savoir.


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