Narduccio a écrit :
C'est une union, bénie car c'est un sacrement. A l'époque, quand on se marrie, on devient partie intégrante de sa nouvelle famille. On n'est pas une pièce rapportée.
Bien sûr et c'est pour ceci que je m'autorise à penser que la 1ère union de Jean III avec la soeur aînée de Philippe VI a un impact majeur sur la relation entre celui-ci et le roi de France.
Jean III s'engage donc avec sa "famille" mais justement, cette famille avec la seconde union d'Arthur II (avec Yolande de Dreux) doit déjà gérer un problème intra-familial. Les enfants nés de cette 2nde union vont s'opposer aux choix de Jean III.
Quand, en plus, il me faut lire -nous sommes sous Philippe VI (Valois)- que Philippe IV était un "
marieur" de première -ce qui laisse perplexe au plus haut point- et soudain se retrouver sous Charles V avec au milieu une politique arago etc., à ce niveau... Je laisse.
J'ai mes références : "
Les Espagnes médiévales : 409-1474" de Denis Menjot ; Adeline Rucquoi et son "
Histoire médiévale de la péninsule ibérique".
- "
Les ducs et duchesses de Bretagne" - Philippe Tourault
« L'un et l'autre (Jean de Montfort, demi-frère de Jean III & Charles de Blois)
ont fait le nécessaire jusqu'à la fin pour obtenir la désignation du nouveau prince par le duc vieillissant … »Ce qui montre que son épouse -nièce par alliance du roi- ne pousse aucunement Jean III à se positionner de son vivant. D'autres femmes, je songe à celle de Robert d'Artois seront un peu plus active politiquement ou comme soutien de leur époux.
L'âge auquel Jean III prend sa 3ème épouse n'est plus celui des foucades si tant est que l'homme s'inscrive dans ce genre de folie d'un moment. Ce n'est pas le cas, les historiens l'auraient évoqué : ceci est trop rare à cette époque. Là, l'heure est à donner des enfants.
Jean III pourrait encore convoler avec une fille de Charles de Valois, je crois que Jeanne n'était pas encore attribuée à Robert d'Artois. Mais sans doute l'homme ayant eu une première union stérile, préfère se tourner vers une branche plus féconde : celle de Bourgogne.
« Sur son lit de mort encore, ils ont tous deux séparément livré un dernier assaut pour arracher un nom à l'agonisant. Rien n'y fait. Jusqu'à la fin Jean III a gardé ce silence sur ce sujet capital. »Dans ces temps, un duché tel que la Bretagne avec la latitude qu'elle possède est certes un sujet capital. L'homme ne meurt pas sénile.
« On a longtemps expliqué … par le caractère hésitant du vieux chef. Il est plus probable que celui-ci ait depuis longtemps organisé de facto sa succession en favorisant d'abord son frère Guy puis, après sa mort, sa nièce Jeanne et son mari.
Mais il n'a pas osé se prononcer clairement sur l'héritage … redoutant que la Bretagne retombe après plus d'un siècle … dans des querelles … ou pis encore. »C'est ce qui sera avec une Bretagne qui devient un lieu de débarquement pour les Anglais.
Ce duc qui «
n'osait pas » devant son demi-frère, aurait-il osé s'unir dans un moment de foucade ? J'en doute fort. Son épouse, certaine de l'appui royal n'a pas incité Jean III à trancher.
On peut estimer que Jean III craignait plus la réaction Montfort qu'il était confiant en l'appui royal.
Avec Conflant, Philippe VI ouvre la boite de Pandore qui voit Montfort prendre Nantes et s'aboucher avec les Anglais.
Cette union n'a donc -ce qui est rare en ces temps- servi strictement à rien dans un but de "rapprochement" ou si peu.
Rapproché du roi, Jean III l'était par ses aïeux et à travers sa première union. A la 3ème union, le duc était certainement plus dans l'espérance d'une progéniture que dans la dynamique de complaire à un roi. Il n'avait plus de preuves à fournir.
Maintenant, si, de son côté, Philippe VI avait songé à s'allier un duché, voyant le temps qui passait et aucun choix de fait, il aurait été plus judicieux d'échanger avec cet allié afin de clarifier les choses du vivant de celui-ci.
Ce qui ne fut pas.
Cette union, si tant est qu'elle se rapprochait du roi (ce qui est un lieu commun pour les unions : on cherche à montrer des signes de fidélité tout en s'approchant du haut de la pyramide, c'est un lien d'échanges) va, par ce vide qui pouvait être anticipé des deux côtés (le duc & le roi) précipiter le royaume dans une ouverture anglaise.
Ces rapprochements par union, on peut en citer à la pelle. Voyez la Bourgogne de Jean "sans Peur" et l'union de ses filles, voyez ce qui sera des unions de Philippe III "le Bon".
Voyez outre-Manche un Neville (deux filles à marier) : l'ainée avec le frère du roi du moment (un York), la 2nde avec l'héritier Lancastre etc. Au final, rien d'autres que de courts répits mais dures reprises ou lourds héritages.
Je reste sur un doute, d'autant -je le répète- que Jean III n'était pas sénile ; qu'en ces temps on se préparait à sa mort...
Il faut y voir de la soupe doublée d'intuition : moi, je veux bien...
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