Je pense qu'il ne faut pas globaliser ce que l'opinion publique pouvait penser de Jeanne d'Arc. A ce sujet, le "témoignage" le plus intéressant est sans doute celui de Christine de Pisan qui, en juillet 1429, donc du vivant de Jeanne d'Arc, a écrit un long poème à sa gloire, soulignant avec lucidité cet exemple féminin et ses conséquences sur le moral de la population, et prédisant la défaite des Anglais.
Poétesse-star BCBG de l'époque - un genre de Françoise Sagan, "royaliste" et pieuse -, Christine de Pisan avait fui Paris occupé par les Anglais pour se réfugier chez sa fille au couvent des Dominicaines de Poissy. Quand elle publia ce poème, Jeanne d'Arc venait de prendre Orléans et, tout à côté de Poissy, de faire tomber deux forteresses commandant l'accès sud-ouest à Paris.
Dans ce poème étonnant, Christine de Pisan, sexagénaire et qui mourut peu après, la dit une jeune fille de 16 ans et pense qu'elle continuera son combat en allant lutter pour la foi contre les "Sarrasins". Elle ne pouvait prévoir sa capture, un an plus tard, le procès, la mort sur le bûcher.
C'est en tout cas un des témoignages directs sur l'impact de Jeanne d'Arc parmi les "intellectuels" et les membres des classes dominantes soutenant le roi de France.
Texte du "Ditié de Jehanne d'Arc" :
http://montaiguvendee.fr/cms/uploads/pdf/Bibliotheque/Moyen%20Age/Dit%20de%20Jeanne.pdf