J'ai lu les Louis XI de Paul Murray Kendall, de Georges Bordonove et Jean Favier. Jean Favier, pour moi, est celui qui m'a fait le plus partager toutes les pensées de cet homme. De la reconstruction de la France après la Guerre de Cent ans, en passant par l'annexion de la Bourgogne (sauf la Franche-Comté, l'Artois et la Flandre), la fiscalité, les bons mots, les poids et mesures, les postes, la diplomatie, cet homme était un bourreau de travail. Il étonna tous ses familiers, y compris lors du banquet du sacre (se débarrasser de la couronne et la poser à côté de la table). Lors de son sacre, accompagné par Philippe le Bon, il était si simplement vêtu qu'il paraissait être le valet du duc de Bourgogne !
Mais il semble que ce roi hors normes voulut, non pas les habits, le décorum de la royauté, mais la royauté dans son travail quotidien. Il était parfois insolent avec sa propre famille. Ainsi, Jean Favier raconte que, acqueillant sa soeur duchesse de Savoie, qu'on savait amoureuse de Charles le Téméraire, il lui dit : "Madame de Bourgogne, soyez la très chère venue !" La duchesse jura qu'elle n'était pas bourguignonne. Il avoua à la fin de sa vie que sa langue mal pendue lui avait causé bien des torts aux yeux de Dieu.
Favier raconte aussi que tous les dons, offrandes qu'il faisait n'étaient pas gratuits ! Il donnait tant de louis à la Sainte Vierge pour souhaiter la mort du Téméraire en Suisse, à Granson, à Morat, et s'énervait lorsqu'il échouait ! En diplomatie, il est connu pour être L'UNIVERSELLE ARAIGNE ou ARAIGNEE UNIVERSELLE, qui tissait sa toile pour capturer le duc de Bourgogne, son pire ennemi, ou donner des cargaisons de vin pour arrêter le roi anglais Edouard IV (traité de Pithiviers, 1475) ! Cela dit, il reconnut toujours que l'entrevue de Péronne fut la pire érreur de son règne.
Il agrandit le domaine royal de la Provence, de l'Anjou et du Maine, échangés contre une pension pour le roi René d'Anjou, après qu'il ait perdu son fils Jean de Calabre. Ainsi, il inaugura la politique des pensions que les Grands recevront pour leur train de vie. L'autre agrandissement, je l'ai dit, fut le duché de Bourgogne. Louis XI pensait aussi y adjoindre l'Artois, la Flandre, le Brabant, etc, toutes les possessions "par deça" du Téméraire, mais il échoua. Il n'avait pas compris que le peuple bourguignon ne détestait que le Téméraire, mais non sa fille Marie et son mari Maximilien de Habsbourg.
C'est pour moi un vrai électron libre de la royauté, au point que son tombeau n'est pas à Saint-Denis ! Il est enterré à Cléry-Saint-André, à 10 kilomètres au sud-ouest d'Orléans. Une statue du roi s'y trouvait jadis, représentant le roi en costume de chasse. Je suis allé voir ce tombeau, la statue actuelle du roi le représente à cheval. Il ne reste, du corps, que le crâne. Pour moi, Louis XI est l'un de mes rois préférés, malgré ses défauts, c'est un des piliers du Moyen Age français. Il stupéfia ses contemporains, même les plus habiles diplomates. Il voulut restaurer l'économie, les foires, mais comprit que le renouveau économique viendrait d'Italie !
_________________ "Honni soit qui mal y pense." (Edouard III, roi d'Angleterre, créant l'ordre de la Jarretière)
_________________ "L'Angleterre attend que chaque homme fasse son devoir" (message de l'amiral Nelson à Trafalgar)
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