Il y a des logiques différentes selon les chefs, les pays, les époques. On peut ainsi trouver des chefs qui, pour des raisons de discipline, interdisent le pillage (car perte de contrôle des troupes, mauvaises habitudes, hygiène, tentation de déserter, etc.), là où d'autres, pour la même raison, l'autorisent (car vu comme une récompense, remplace la solde souvent irrégulière et maintient donc les soldats dans l'obéissance, etc.) ! Il y a également une mise en protocole de la guerre occidentale à partir du Moyen-Age, une ville devant se rendre après un certain délai si elle n'a pas été secourue et étant, c'est accepté de tous, livrée au pillage si son gouverneur décide de résister plus outre. On a ainsi au Grand Siècle une auto-limitation de la violence guerrière puisque l'assaillant n'est pas incité à l'assaut (la ville tombera toute seule au bout d'un certain temps sans que cela exige des centaines de litres de sang versés de part et d'autre) et le défenseur à une résistance acharnée jusqu'à la dernière extrémité (sous peine d'être passé au fil de l'épée et la population de la ville massacrée, violée, pillée). Quand ça arrive, puisqu'il est considéré que les règles de bienséance militaire ont été bafouées, la violence est en revanche paroxystique.
En revanche, le pillage peut aussi devenir un instrument politico-militaire, comme lors des dévastations du Palatinat dans la seconde moitié du XVIIe, où les Français, en vidant le Palatinat de ses ressources et de sa population, créent l'équivalent actuel d'un champ de mines : en aspirant le ravitaillement ou en le détruisant (en apparence gratuitement, pour le plaisir de détruire), ils rendent une région où ils n'étaient pas en mesure de se maintenir ni d'en contrôler le débouché incapable de soutenir une armée ennemie. Celle-ci, vu qu'elle se voit dénier la capacité à opérer depuis le Palatinat, est obligée d'emprunter soit la voie très périlleuse du franchissement du Rhin, soit celle, bien plus éloignée d'une Alsace dégarnie de troupes françaises, de la vallée de la Meuse, par ailleurs bien protégée. Louis XIV utilise aussi les bombardements incendiaires, extrêmement meurtriers, comme outils de manifestation de sa puissance militaire, à Gênes ou à Alger, avec une résonance très forte. Bref, c'est efficace.
CEN EdG
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