ciders a écrit :
Le sultan Soliman dit le Magnifique ou le Législateur, mort en Hongrie en 1566 et ramené à Constantinople sans aviser la troupe, afin de ne pas susciter de panique ?
C'est effectivement ça : Pendant plus d'un mois, lors de la campagne de Hongrie en 1566, l'armée ottomane crut obéir aux ordres de Soliman le Magnifique, alors que le sultan était déjà mort. Quand le grand vizir décida de rendre publique la mort du sultan, celui-ci avait cessé de vivre depuis quarante-huit jours.
Le grand vizir serbe Sokollu était suffisamment bien informé de l'histoire ottomane pour savoir qu'une armée qui a perdu son chef devient une force aveugle capable de tout. Le péril est encore plus grand quand elle est loin de ses bases, en territoire ennemi. Il redoutait par-dessus tout l'infanterie des janissaires. La mort du sultan devrait donc rester secrète tant que l'héritier du trône, Selim, n'aurait pas rejoint l'armée et mis fin à la vacance du pouvoir. Le secret ne serait levé que pour quelques comparses très sûrs, indispensables à la mystification que le grand vizir allait mettre en scène avec maestria.
On installa le cadavre enveloppé de linges arrosés d'huile parfumée, près de la fenêtre de la tente, appuyé sur des coussins. Le grand écuyer, familier de son écriture, l'imitait au besoin. Il lui arriva aussi, dissimulé, de contrefaire la voix de fausset du vieillard. Plus tard, ce stratagème fut remplacé par un autre : un page d'origine bosniaque, d'une grande ressemblance avec le défunt et maladif à souhait, tint sa place dans la voiture. Si le bon peuple n'y vit que du feu, l'armée fut rapidement désabusée. Mais fit semblant de croire à la fiction...